Nous avons tous des points aveugles
Des points aveugles sont un manque de conscience persistant concernant des aspects de sa personnalité et/ou de son comportement. On peut parler dans certains cas de saboteurs internes psychologiques ou d’auto-sabotage. Reconnaître et traiter ses points aveugles implique souvent un inconfort psychologique et de la douleur.

Les principaux prédicteurs des problèmes liés aux points aveugles sont la conscience de soi et l’intelligence émotionnelle.
Comme je l’ai souligné dans l’approche de l’auto-sabotage, nos saboteurs ou points aveugles sont difficiles à identifier sans une expertise et une aide extérieures. En fait nos points aveugles ont tendance à apaiser l’ego. En bref ils s’intègrent bien dans une zone de confort que les gens se sentent souvent incapables de transcender.
Les points aveugles font référence à l’incapacité d’un individu à voir ou à comprendre quelque chose qui se trouve juste devant lui. Cela peut être dû à un manque d’informations, à une réticence à voir la situation objectivement ou à une autre limitation. Mais aussi cela peut faire référence aux zones de vulnérabilité d’un individu ou aux aspects de sa personnalité dont il n’est pas conscient et qu’il a tendance à ignorer.
“Ne crois pas tout ce que tu penses. Les pensées ne sont que cela – des pensées », a déclaré Allan Lokos.
Cependant, nous supposons souvent que nos pensées sont la réalité. Que nos valeurs sont les plus hautes. Nos croyances, la vérité absolue. Et notre façon de penser, la seule possible. Notamment nous croyons – ou aimons croire – que nos idées sont rationnelles et celles des autres incohérentes. En fait, ces « certitudes » immuables proviennent généralement de nos points aveugles ou angles morts psychologiques.
Que sont les points aveugles ou angles morts psychologiques ?
Comme les angles morts sur la route lorsque nous conduisons et regardons à travers les rétroviseurs de la voiture. Nous avons aussi des angles morts ou points aveugles dans notre personnalité. D’ailleurs ils sont cachés, non seulement aux autres mais à nous-mêmes.
Les points aveugles psychologiques font référence aux biais cognitifs ou aux distorsions de pensée qui peuvent influencer notre prise de décision, notre perception de la réalité et notre comportement. Pour mémoire, un biais cognitif est une erreur courante, une limitation de la perception humaine, de la mémoire, ou du jugement qui conduit à des raisonnements défectueux et / ou de visions déformées de la réalité. Ces biais peuvent être inconscients. Ce qui signifie que nous ne sommes pas conscients de leur existence et de leur impact sur notre vie. Dans cet article, nous allons explorer le biais Dunning-Kruger parmi les nombreux biais qui existent. Ce biais tient une part prépondérante dans nos points aveugles et la résistance que nous offrons pour les diminuer.

IGNORANCE NON RECONNUE
William Feather a écrit un jour qu’être éduqué signifie « être capable de faire la différence entre ce que vous savez et ce que vous ne savez pas ». En fait, il s’avère que cet idéal simple est extrêmement difficile à atteindre. A vrai dire, bien que, ce que nous sachions soit perceptible, même les grandes lignes de ce que nous ne savons pas sont trop souvent totalement invisibles. En d’autres termes, nous ne pouvons pas reconnaître la fréquence et l’étendue de notre ignorance.
En 1999, dans le Journal of Personality and Social Psychology, David Dunning et Justin Kruger ont publié un article. Ce dernier documentait comment, dans de nombreux domaines de la vie, les personnes incompétentes ne reconnaissent pas – ou plus exactement, ne peuvent pas reconnaître – à quel point elles sont incompétentes. Un phénomène connu sous le nom d’effet Dunning-Kruger. Au fond ce manque de perspicacité est logique. Effectivement pour reconnaître l’erreur, il faudrait posséder l’expertise même qui manque. Pour savoir à quel point vous êtes habile ou non à utiliser les règles de grammaire, par exemple, vous devez avoir une bonne connaissance pratique de ces règles, une impossibilité chez les incompétents. Les mauvais performeurs – et nous sommes tous de mauvais performeurs à certains égards – ne voient pas les failles de leur pensée ou les réponses qui leur manquent.
Néanmoins ce qui est curieux, c’est que souvent l’incompétence ne laisse pas les gens désorientés, perplexes ou prudents. Au lieu de cela, les incompétents sont souvent dotés d’une confiance inappropriée, soutenue par quelque chose qui leur semble être une connaissance.
Nous sommes tous des idiots confiants
De nombreuses études ont confirmé que les personnes qui ne connaissent pas grand-chose à un ensemble donné de compétences cognitives, techniques ou sociales ont tendance à surestimer grossièrement leurs prouesses et leurs performances. Qu’il s’agisse de grammaire, d’intelligence émotionnelle, de raisonnement logique, les débats ou les connaissances financières. Les étudiants qui remettent des examens qui leur rapporteront des D et des F ont tendance à penser que leurs efforts seront dignes de notes bien plus élevées. Les joueurs d’échecs peu performants, les joueurs de bridge et les étudiants en médecine, ainsi que les personnes âgées qui demandent un renouvellement de permis de conduire, surestiment également de loin leurs compétences.
Parfois, on peut même voir cette tendance à l’œuvre dans les grands mouvements de l’histoire. Parmi ses nombreuses causes, la crise financière de 2008 a été précipitée par l’effondrement d’une bulle immobilière épique alimentée par les machinations des financiers et l’ignorance des consommateurs. Et des recherches récentes suggèrent que l’ignorance financière de nombreuses personnes est une réalité. En 2012, le Trésor américain a demandé à environ 25 000 répondants d’évaluer leurs propres connaissances financières. Puis il a ensuite mesuré leur connaissance financière réelle.
Les quelque 800 répondants qui ont déclaré avoir déposé leur bilan au cours des deux années précédentes ont obtenu des résultats assez lamentables au test. Mais ils ont évalué leurs connaissances financières globales plus positivement que les autres répondants. 23 % des répondants ayant récemment fait faillite se donnaient l’auto-évaluation la plus élevée possible. Parmi les autres, seulement 13 % l’ont fait. Pourquoi cette confiance en soi ? En fait, les répondants en faillite étaient particulièrement allergiques à dire « je ne sais pas ». Ainsi, avec la tête pleine de « connaissances », ils considéraient que leur culture financière était parfaite.
Nous sommes tous concernés par les points aveugles
Parce qu’il est si facile de juger l’idiotie des autres, il peut être très tentant de penser que cela ne s’applique pas à vous. Mais le problème de l’ignorance non reconnue est celui qui nous visite tous.
L’esprit ignorant ne doit être considéré comme non informé mais au contraire, comme mal informé. Un esprit ignorant n’est précisément pas un récipient vide, mais un récipient rempli du mélange d’expériences de vie non pertinentes ou trompeuses, de théories, de faits, d’intuitions, de stratégies, d’algorithmes, d’heuristiques, de métaphores et d’intuitions qui ont malheureusement l’apparence de connaissances utiles et exactes. Cet encombrement est un sous-produit malheureux de l’une de nos plus grandes forces en tant qu’espèce. Souvent, nos théories sont assez bonnes pour nous permettre de passer la journée. Mais notre génie de la narration créative, combiné à notre incapacité à détecter notre propre ignorance, peut parfois conduire à des situations embarrassantes, malheureuses ou carrément dangereuses, en particulier dans une société démocratique complexe et technologiquement avancée qui investit parfois des croyances populaires erronées avec une puissance destructrice immense (crise financière de 2008, guerre en Irak). Comme l’humoriste Josh Billings l’a dit un jour :
« Ce n’est pas ce que vous ne savez pas qui vous cause des ennuis. Mais c’est ce que vous pensez savoir avec certitude ».
En raison de la façon dont nous sommes construits et de la façon dont nous apprenons de notre environnement, nous sommes tous des pourvoyeurs de croyances erronées. Et mieux nous comprenons comment nous fonctionnons, mieux nous, en tant qu’individus et en tant que société, nous pouvons naviguer vers une compréhension plus objective de la vérité.
POINTS AVEUGLES dès LA NAISSANCE

Certaines de nos intuitions les plus profondes sur le monde remontent à l’époque de notre berceau. Avant leur deuxième anniversaire, les bébés savent que deux objets solides ne peuvent pas coexister dans le même espace. Ils savent que les objets continuent d’exister lorsqu’ils sont hors de vue et tombent s’ils ne sont pas pris en charge. Ils savent que les gens peuvent se lever et se déplacer en tant qu’être autonome, mais que l’ordinateur posé sur le bureau ne le peut pas. Mais nos premières intuitions ne sont pas toutes aussi solides.
Les très jeunes enfants portent également des idées fausses qu’ils hébergeront, dans une certaine mesure, pour le reste de leur vie. Leur pensée, par exemple, est marquée par une forte tendance à attribuer faussement des intentions, des fonctions et des buts aux organismes. Dans l’esprit d’un enfant, l’aspect biologique le plus important d’un être vivant est le rôle qu’il joue dans le domaine de toute vie. Lorsqu’on leur demande pourquoi les tigres existent, les enfants souligneront qu’ils ont été “faits pour être dans un zoo”. Lorsqu’on leur demande pourquoi les arbres produisent de l’oxygène, les enfants disent qu’ils le font pour permettre aux animaux de respirer.
Il n’y a pas de hasard …
Toute éducation conventionnelle en biologie ou en sciences naturelles tentera de freiner cette propension au raisonnement axé sur les objectifs. Mais cela ne nous quitte jamais vraiment. Les adultes peu scolarisés présentent un biais similaire. Et, lorsqu’ils sont pressés, même les scientifiques professionnels commencent à faire des erreurs motivées par un objectif. La psychologue de l’Université de Boston, Deborah Kelemen, et quelques collègues l’ont démontré dans une étude qui impliquait de demander à 80 scientifiques – des personnes ayant des emplois universitaires en géosciences, en chimie et en physique – d’évaluer 100 affirmations différentes sur “pourquoi les choses se produisent” dans le monde naturel comme étant vraies ou fausses. Parmi les explications figuraient de fausses explications, telles que « la mousse se forme autour des rochers afin d’arrêter l’érosion du sol » et « la Terre a une couche d’ozone afin de la protéger des rayons UV ». Les participants à l’étude ont été autorisés soit à effectuer la tâche à leur propre rythme, soit à seulement 3,2 secondes pour répondre à chaque élément. La précipitation des scientifiques les a amenés à doubler leurs approbations de fausses explications axées sur les objectifs, passanr de 15 à 29 %.
La théorie de l’évolution
Cette idée fausse motivée par un objectif fait des ravages particuliers dans les tentatives d’enseigner l’un des concepts les plus importants de la science moderne : la théorie de l’évolution. Même les profanes qui approuvent la théorie en croient souvent une fausse version. Ils attribuent un niveau d’agence et d’organisation à l’évolution qui n’existe tout simplement pas. Si vous demandez à de nombreux profanes leur compréhension de pourquoi, par exemple, les guépards peuvent courir si vite, ils vous expliqueront que c’est parce que les félins ont supposé, “presque en groupe”, qu’ils pourraient attraper plus de proies s’ils pouvaient juste courir plus vite. Donc ils ont acquis l’attribut et l’ont transmis à leurs petits. L’évolution, dans ce point de vue, devient essentiellement un jeu de stratégie au niveau de l’espèce.
Pourtant cette idée d’évolution passe à côté du rôle essentiel joué par les différences individuelles. C’est oublier le rôle de la compétition entre les membres d’une espèce en réponse aux pressions environnementales. Ainsi les guépards qui peuvent courir plus vite attrapent plus de proies, vivent plus longtemps et se reproduisent avec plus de succès. Au contraire les guépards plus lents perdent et meurent. Ils “laissent” l’espèce dériver pour devenir globalement plus rapide. L’évolution est le résultat de différences aléatoires et de la sélection naturelle, et non d’une intervention ou d’un choix.
S’informer rend confiant
Mais la croyance dans le modèle d’évolution « d’intervention » est difficile à repousser. Eduquer les gens sur l’évolution peut en effet les amener à être mieux informés. Pourtant dans certaines situations d’entêtement, cela les place également dans la catégorie des personnes mal informées avec confiance. En 2014, Tony Yates et Edmund Marek ont publié une étude qui suivait l’effet des cours de biologie au lycée sur la compréhension de la théorie de l’évolution par 536 lycéens de l’Oklahoma. Les étudiants ont été rigoureusement interrogés sur leurs connaissances de l’évolution avant de suivre une introduction à la biologie. Puis ils ont été de nouveau interrogé juste après. Sans surprise, la confiance des étudiants dans leur connaissance de la théorie de l’évolution a augmenté après l’enseignement. Ils ont approuvé un plus grand nombre d’énoncés précis. Jusqu’ici, tout va bien.
Le problème est que le nombre d’idées fausses que le groupe a approuvées a également augmenté. Par exemple, l’instruction a fait passer de 17 à 20 % le pourcentage d’élèves tout à fait d’accord avec l’affirmation « L’évolution ne peut pas modifier les caractéristiques d’un organisme au cours de sa vie », mais elle a également fait passer le pourcentage de ceux qui sont fortement en désaccord de 16 à 19 %. En réponse à l’affirmation également vraie « Le principe de variation entre les individus doit être importante pour que l’évolution se produise », l’exposition à l’instruction a produit une augmentation du fort accord de 11 à 22 %, mais le fort désaccord est également passé de 9 à 12 %. Fait révélateur, la seule réponse qui est uniformément descendue après l’instruction était « Je ne sais pas ».
Nos croyances sont tenaces, même erronées
Et ce n’est pas seulement l’évolution qui tourmente les étudiants. À maintes reprises, la recherche a révélé que les pratiques éducatives conventionnelles échouent largement à éradiquer un certain nombre de nos croyances erronées nées au berceau. L’éducation ne parvient pas à corriger les personnes qui croient que la vision n’est rendue possible que parce que l’œil émet de l’énergie ou de la substance dans l’environnement. Il ne parvient pas à corriger les intuitions courantes sur la trajectoire des chutes d’objets. Et il ne parvient pas à détromper les étudiants de l’idée que la lumière et la chaleur agissent selon les mêmes lois que les substances matérielles. Ce que l’éducation semble souvent faire, cependant, c’est nous imprégner de confiance dans les erreurs que nous retenons.
POINTS AVEUGLES & RÈGLES MAL APPLIQUÉES
Imaginez que l’illustration ci-dessous représente un tube courbé posé horizontalement sur une table :

Dans une étude de physique intuitive en 2013, Elanor Williams, Justin Kruger et David Dunning ont présenté aux gens plusieurs variantes de cette image de tube incurvé. Ils leur ont demandé d’identifier la trajectoire qu’une balle prendrait (marquée A, B ou C dans l’illustration) après avoir parcouru le tube. Certaines personnes ont obtenu des scores parfaits et semblaient le savoir, étant assez confiantes dans leurs réponses. Certaines personnes ont fait un peu moins bien. Ils semblaient le savoir aussi, car leur confiance était beaucoup plus modérée.
Mais quelque chose de curieux a commencé à se produire lorsque l’équipe a commencé à regarder les personnes qui avaient extrêmement mal réussi le petit quiz. Ainsi, vous pouvez peut-être le deviner. Dans l’ensemble ces personnes ont exprimé plus (et non moins), de confiance dans leurs performances. En fait, les personnes qui n’ont réussi aucun des éléments ont souvent exprimé une confiance qui correspondait à celle des plus performants. En effet, cette étude a produit l’exemple le plus dramatique de l’effet Dunning-Kruger. De fait, en ne considérant que la confiance exprimée, il était souvent impossible de dire qui avait bien répondu.
Pourquoi ?
Parce que les deux groupes “savaient quelque chose”. Ils savaient qu’il existait une règle rigoureuse et cohérente qu’une personne devait suivre pour prédire les trajectoires des balles. Un groupe connaissait le bon principe newtonien. La balle continuerait dans la direction dans laquelle elle se dirigeait à l’instant où elle quittait le tube. Libérée de la contrainte du tube, elle irait tout droit (Chemin B).
Les personnes qui se sont trompées ont répondu que la balle suivrait le chemin A. Essentiellement, leur règle était que le tube donnerait une impulsion incurvée à la trajectoire de la balle. Courbe qu’elle continuerait à suivre à sa sortie. Cette réponse est manifestement incorrecte, mais une pluralité de personnes l’approuve.
Ces gens sont en bonne compagnie. En 1500 après JC, le chemin A aurait été la réponse acceptée parmi les sommités s’intéressant à la physique. Léonard de Vinci et le philosophe français Jean Buridan l’ont approuvé. Et cela a du sens. Une théorie de l’impulsion courbe expliquerait des énigmes courantes et quotidiennes. Pourquoi les roues continuent de tourner même après que quelqu’un arrête de pousser le chariot. Ou pourquoi les planètes continuent leurs orbites serrées et régulières autour du soleil. Avec ces problèmes “expliqués”, il est facile de transférer cette explication à d’autres problèmes comme ceux impliquant les tubes.
Ce que cette étude illustre est que nous générons fréquemment des croyances erronées. Nous importons des connaissances depuis des contextes appropriés vers ceux où elles sont inappropriées.
Les idées fausses
Voici un autre exemple. Selon Pauline Kim, les gens ont tendance à faire des déductions sur la loi en se basant sur ce qu’ils savent des normes sociales plus informelles. Cela les conduit souvent à mal comprendre leurs droits. Et, dans des domaines comme le droit du travail, à les surestimer énormément. En 1997, Kim a présenté à environ 300 habitants de Buffalo, New York, une série de scénarios de travail moralement odieux. Par exemple, un employé est licencié pour avoir signalé qu’un collègue avait volé l’entreprise. Le licenciement est légal en vertu du régime d’emploi dit « à volonté » aux US. Pourtant 80 à 90 % des habitants de Buffalo ont identifié à tort chacun de ces scénarios désagréables comme illégaux. Ainsi révélant à quel point ils comprenaient peu la liberté dont jouissent réellement les employeurs pour licencier des employés.
Les médecins, eux aussi, connaissent bien le problème des connaissances transférées de manière inappropriée dans leurs relations avec les patients. Souvent, ce n’est pas la condition médicale elle-même qu’un médecin doit vaincre. Mais les idées fausses des patients qui la protège. Les patients âgés, par exemple, refusent souvent de suivre les conseils d’un médecin de faire de l’exercice pour soulager la douleur. Pourtant c’est l’une des stratégies les plus efficaces disponibles. Tout cela parce que la douleur physique et l’inconfort qu’ils ressentent lorsqu’ils font de l’exercice sont quelque chose qu’ils associent à des blessures et à une détérioration. Les recherches de l’économiste comportemental Sendhil Mullainathan ont révélé que les mères en Inde retiennent souvent l’eau des nourrissons souffrant de diarrhée. Parce qu’elles conçoivent à tort leurs enfants comme des seaux qui fuient. Plutôt que comme des créatures de plus en plus déshydratées ayant désespérément besoin d’eau.
RAISON MOTIVÉE
Certaines de nos croyances les plus tenaces ne proviennent pas d’intuitions enfantines primitives ou de négligentes erreurs de catégorie. Mais de nos valeurs et des philosophies de vie mêmes qui définissent qui nous sommes en tant qu’individus. Chacun de nous possède certaines croyances fondamentales. Ce sont des images de soi, des règles sur l’ordre social et qui ne peuvent pas être violées. Aussi les contredire remettrait en question notre propre valeur. En tant que telles, ces opinions exigent la fidélité des autres opinions. Et toute information que nous glanons dans le monde peut être modifiée, déformée, diminuée ou oubliée afin de s’assurer que ces croyances sacro-saintes restent entières et indemnes.
LA FAÇON DONT NOUS CONCEVONS TRADITIONNELLEMENT L’IGNORANCE – COMME UNE ABSENCE DE CONNAISSANCE – NOUS CONDUIT À PENSER À L’ÉDUCATION COMME SON ANTIDOTE NATUREL. MAIS L’ÉDUCATION PEUT PRODUIRE UNE CONFIANCE ILLUSOIRE.
« Je suis capable, bon et attentionné(e) »
Une croyance sacro-sainte très répandue, par exemple, dit quelque chose comme ceci. “Je suis une personne capable, bonne et attentionnée”. Toute information qui contredit cette prémisse est susceptible de rencontrer de sérieuses résistances mentales. Les croyances politiques et idéologiques, elles aussi, passent souvent dans le domaine du sacro-saint. La théorie de la cognition culturelle suggère que les gens ont partout tendance à se classer idéologiquement dans des visions du monde culturelles divergentes sur deux axes. Ils sont soit individualistes (favorisant l’autonomie, la liberté et l’autosuffisance). Soit ils sont communautaires (accordant plus de poids aux avantages et aux coûts supportés par l’ensemble de la communauté). Et ils sont soit hiérarchisés (favorisant la répartition des devoirs sociaux et des ressources selon un classement fixe de statut). Soit ils sont égalitaires (rejetant l’idée même de classer les gens selon le statut). Selon cette théorie, les humains traitent l’information d’une manière qui non seulement reflète ces principes d’organisation, mais les renforce également. Ces points d’ancrage idéologiques peuvent avoir un impact profond et étendu sur ce que les gens croient. Et même sur ce qu’ils « savent » être vrai.
Il n’est peut-être pas si surprenant d’entendre que les faits, la logique et les connaissances peuvent être assouplis pour s’accorder avec la vision subjective du monde d’une personne. Après tout, nous accusons tout le temps nos adversaires politiques de ce genre de « raisonnement motivé ». Mais l’ampleur de cette flexibilité peut être remarquable.
Idéologie et nanotechnologie
Des engagements idéologiques sacro-saints peuvent également nous pousser à développer des opinions rapides et intenses sur des sujets dont nous ne savons pratiquement rien. Comme des sujets qui, à première vue, n’ont rien à voir avec l’idéologie. Considérons le domaine émergent de la nanotechnologie. La nanotechnologie, au sens large, implique la fabrication de produits au niveau atomique ou moléculaire qui ont des applications en médecine, en production d’énergie, en biomatériaux et en électronique. Comme presque toutes les nouvelles technologies, les nanotechnologies promettent de grands avantages et le risque de graves inconvénients.
En 2006, Daniel Kahan, professeur à la faculté de droit de Yale, a réalisé une étude avec des collègues sur les perceptions publiques des nanotechnologies. Ils ont constaté, comme d’autres enquêtes l’avaient fait auparavant, que la plupart des gens savaient peu ou rien du domaine. Ils ont également constaté que l’ignorance n’empêchait pas les gens de se demander si les risques de la nanotechnologie l’emportaient sur ses avantages.
Lorsque Kahan a interrogé des répondants non informés, leurs opinions étaient de tout bord. Mais lorsqu’il a donné à un autre groupe de répondants une description très brève et méticuleusement équilibrée des promesses et des périls de la nanotechnologie, la remarquable attraction gravitationnelle de croyances sacro-saintes profondément ancrées est devenue apparente. Avec seulement deux paragraphes d’informations (bien que précis), les opinions des gens sur les nanotechnologies se divisent nettement. Elles s’alignent sur leur vision globale du monde. Les hiérarchisés / individualistes se sont retrouvés à voir les nanotechnologies plus favorablement. Les égalitaristes / collectivistes ont pris la position opposée, insistant sur le fait que la nanotechnologie a plus de potentiel de mal que de bien.
Pourquoi en serait-il ainsi ?
À cause des croyances sous-jacentes. Les hiérarchistes, qui sont favorables aux personnes en position d’autorité, peuvent respecter les dirigeants industriels et scientifiques qui claironnent la promesse non prouvée de la nanotechnologie. Les égalitaristes, en revanche, peuvent craindre que la nouvelle technologie ne présente un avantage qui ne profite qu’à quelques personnes. Et les collectivistes pourraient craindre que les entreprises de nanotechnologie ne prêtent une attention insuffisante aux effets de leur industrie sur l’environnement et la santé publique. Conclusion de Kahan : si deux paragraphes de texte suffisent à envoyer les gens sur la voie de la polarisation, le simple fait de donner aux membres du public plus d’informations ne les aidera probablement pas à parvenir à une compréhension partagée et neutre des faits. Cela ne fera que renforcer leurs opinions biaisées. Cela s’est encore bien vu pendant la crise des retraites de 2023 en France.
On pourrait penser que les opinions sur une technologie ésotérique seraient difficiles à obtenir. Sûrement, pour savoir si la nanotechnologie est une aubaine pour l’humanité ou un pas vers l’apocalypse, il faudrait une sorte de connaissances sur la science des matériaux, l’ingénierie, la structure de l’industrie, les questions réglementaires, la chimie organique, la science des surfaces, la physique des semi-conducteurs et la biologie moléculaire. Chaque jour, cependant, les gens s’appuient sur le fouillis cognitif dans leur esprit. Qu’il s’agisse d’un réflexe idéologique, d’une théorie mal appliquée ou d’une intuition née au berceau. Et ceci pour répondre à des questions techniques, politiques et sociales dans lesquelles ils n’ont que peu ou pas d’expertise directe. Nous ne sommes jamais très loin de l’affaire Tonya Harding (accusée d’avoir commandité l’agression de sa rivale Nancy Kerrigan) ou en France de l’affaire Diallo-Hamraoui.
INFODEMIE ; VOIR À TRAVERS L'ENCOMBREMENT

Malheureusement pour nous tous, les politiques et les décisions fondées sur l’ignorance ont une forte tendance, tôt ou tard, à nous exploser au visage. Alors, comment les décideurs politiques, les enseignants et le reste d’entre nous peuvent-ils éliminer toutes les connaissances contrefaites ? Les nôtres et celles de nos voisins. Celles qui entravent notre capacité à porter des jugements vraiment éclairés.
La façon dont nous concevons traditionnellement l’ignorance – comme une absence de connaissance – nous amène à considérer l’éducation comme son antidote naturel. Mais l’éducation, même lorsqu’elle est faite habilement, peut produire une confiance illusoire. Voici un exemple particulièrement effrayant. Les cours de conduite en conditions d’urgence (Conduite sur la glace …) ont tendance à augmenter plutôt qu’à diminuer les taux d’accidents. Ils le font parce que la formation des gens à gérer, par exemple la neige, leur laisse l’impression durable qu’ils sont des experts permanents sur le sujet. En fait, leurs compétences s’érodent généralement rapidement après avoir quitté le cours. Et ainsi, des mois voire des décennies plus tard, ils ont confiance. Cependant il leur reste peu de compétences lorsque leurs roues commencent à patiner.
Illusions
Dans des cas comme celui-ci, l’approche la plus éclairée, telle que proposée par le chercheur suédois Nils Petter Gregersen, peut être d’éviter d’enseigner de telles compétences. Au lieu de former les conducteurs à la conduite dans des conditions glaciales, suggère Gregersen, les cours devraient peut-être simplement transmettre leur danger inhérent. Ils devraient d’abord effrayer les étudiants inexpérimentés de conduire dans des conditions hivernales, et en rester là.
Mais, bien sûr, protéger les gens de leur propre ignorance en les mettant à l’abri des risques de la vie est rarement une option. En fait, amener les gens à se débarrasser de leurs croyances erronées est une tâche beaucoup plus délicate et beaucoup plus importante. Heureusement, une science émerge, dirigée par des universitaires tels que Stephan Lewandowsky de l’Université de Bristol et Ullrich Ecker de l’Université d’Australie occidentale, qui pourrait aider.
La méthode socratique
En classe, certaines des meilleures techniques pour désarmer les idées fausses sont essentiellement des variations de la méthode socratique. Pour éliminer les idées fausses les plus courantes, l’instructeur peut ouvrir une leçon avec eux. Ainsi démontrer aux élèves les lacunes explicatives que ces fausses idées laissent bâiller ou les conclusions invraisemblables auxquelles elles conduisent. Par exemple, un instructeur peut commencer une discussion sur l’évolution en exposant le sophisme de l’évolution motivé par un objectif. Il peut inciter le groupe à le remettre en question. Comment les espèces savent-elles comme par magie quels avantages elles doivent développer et conférer à leur progéniture ? Comment parviennent-elles à décider de travailler en groupe ? Une telle approche peut rendre la théorie correcte plus mémorable lorsqu’elle est dévoilée. Elle peut entraîner des améliorations générales dans les compétences analytiques.
L’infodémie
Ensuite, bien sûr, il y a le problème de la désinformation généralisée. Essentiellement dans des endroits qui, contrairement aux salles de classe, sont difficiles à contrôler, comme Internet et les médias d’information. Dans ces décors Hollywoodiens, il est préférable de ne pas répéter toutes les fausses idées si courantes. Dire aux gens que Barack Obama n’est pas musulman ne fait pas changer d’avis beaucoup de gens. Car ils se souviennent souvent de tout ce qui a été dit, à l’exception du qualificatif crucial “non”. C’est qu’en effet, le cerveau ne sait pas mémoriser la négation. Au contraire, pour réussir à éradiquer une croyance erronée, il faut non seulement l’éliminer, mais aussi combler le vide laissé. Obama a été baptisé en 1988 en tant que membre de l’Église Unie du Christ. Si la répétition de la croyance erronée est fréquente, les chercheurs ont découvert qu’il est utile de fournir des avertissements clairs et répétés indiquant que la croyance erronée est fausse. Je répète, fausse.
Les idées fausses les plus difficiles à dissiper, bien sûr, sont celles qui reflètent des croyances sacro-saintes. Et la vérité est que souvent ces notions ne peuvent pas être changées. Remettre en question une croyance sacro-sainte remet en question tout le moi. Les gens défendront activement leurs opinions les plus chères. Cependant, ce type de menace contre une croyance fondamentale peut parfois être atténué en donnant aux gens la possibilité de consolider leur identité ailleurs. Les chercheurs ont découvert que demander aux gens de décrire les aspects d’eux-mêmes qui les rendent fiers, ou de signaler les valeurs qui leur sont chères, peut rendre toute menace entrante moins menaçante.
Atteinte à nos valeurs
Par exemple, dans une étude menée par Geoffrey Cohen, David Sherman et d’autres collègues, les patriotes américains autoproclamés étaient plus réceptifs aux affirmations d’un rapport critique de la politique étrangère américaine si, au préalable, ils écrivaient un essai sur un aspect important sur eux-mêmes, tels que leur créativité, leur sens de l’humour ou leur famille, et ont expliqué pourquoi cet aspect était particulièrement significatif pour eux. Dans une deuxième étude, dans laquelle des étudiants pro-choix ont négocié sur ce à quoi devrait ressembler la politique fédérale en matière d’avortement, les participants ont fait plus de concessions aux restrictions sur l’avortement après avoir écrit des essais auto-affirmatifs similaires.
Parfois aussi, les chercheurs ont découvert que les croyances sacro-saintes elles-mêmes peuvent être exploitées pour persuader un sujet de reconsidérer un ensemble de faits avec moins de préjugés. Par exemple, les conservateurs ont tendance à ne pas approuver autant les politiques qui préservent l’environnement que les libéraux. Mais les conservateurs se soucient des questions qui impliquent la « pureté » dans la pensée, l’action et la réalité. Présenter la protection de l’environnement comme une chance de préserver la pureté de la Terre pousse les conservateurs à favoriser beaucoup plus ces politiques. Comme le suggèrent les recherches de Matthew Feinberg et Robb Willer de l’Université de Stanford. Dans le même ordre d’idées, les libéraux peuvent être persuadés d’augmenter les dépenses militaires si une telle politique est liée au préalable à des valeurs progressistes. Telles que la justice et l’équité. En notant, par exemple, que l’armée offre aux recrues un moyen de sortir de la pauvreté. Ou que les normes de promotion militaire s’appliquent également à tous.
Le véritable défi
Comment pouvons-nous apprendre à reconnaître notre propre ignorance et nos croyances erronées ? Pour commencer, imaginez que vous faites partie d’un petit groupe qui doit prendre une décision sur une question importante. Les scientifiques du comportement recommandent souvent que de petits groupes nomment quelqu’un pour servir d’avocat du diable. Il s’agit d’une personne dont le travail consiste à remettre en question et à critiquer la logique du groupe. Bien que cette approche puisse prolonger les discussions de groupe, irriter le groupe et être inconfortable, les décisions auxquelles les groupes parviennent finalement sont généralement plus précises et plus solidement fondées qu’elles ne le seraient autrement.
Pour les particuliers, l’astuce consiste à être son propre avocat du diable. Vous pouvez réfléchir à la façon dont vos conclusions préférées pourraient être erronées. Ou vous demander comment vous pourriez vous tromper. Et comment les choses pourraient se passer différemment de ce à quoi vous vous attendiez. Il est utile d’essayer de pratiquer ce que le psychologue Charles Lord appelle “considérer le contraire”. Les consultants parlent de la technique du Post-Mortem. Pour ce faire, vous vous imaginez dans un futur dans lequel vous vous êtes trompé. Puis vous considèrez quel a été le chemin le plus probable qui a conduit à cet échec. Enfin et seulement vous pouvez demander conseil. D’autres personnes peuvent avoir leurs propres idées fausses. Mais une discussion peut souvent suffire à débarrasser une personne sérieuse de ses idées fausses les plus flagrantes.
Jugement
PARCE QU’IL EST SI FACILE DE JUGER L’IDIOCITÉ DES AUTRES, IL PEUT ÊTRE TRÈS TENTANT DE PENSER QUE CELA NE S’APPLIQUE PAS À VOUS. MAIS LE PROBLÈME DE L’IGNORANCE NON RECONNUE EN EST UN QUI NOUS CONCERNE TOUS.
C’est pourquoi les gens qui déplorent l’ignorance croissante de la population de sa propre histoire sont eux-mêmes souvent aveugles. Ils ignorent le nombre de personnes avant eux qui ont fait exactement la même lamentation. Un regard en arrière ne suggère pas une chute par rapport à une certaine base de grandeur. Mais c’est un niveau assez constant de maladresse avec les faits.
Thomas Jefferson, déplorant la qualité du journalisme politique à son époque, a observé un jour qu’une personne qui évitait les journaux serait mieux informée qu’un lecteur quotidien. En ce que quelqu’un « qui ne sait rien est plus proche de la vérité que celui dont l’esprit est rempli de mensonges et d’erreurs”. Une autre citation parfois attribuée à Franklin dit que “la porte du temple de la sagesse est la connaissance de notre propre ignorance”.
Les caractéristiques intrinsèques de notre cerveau et les expériences de vie que nous accumulons remplissent en fait nos têtes d’immenses connaissances. Ce que nous n’appréhendons pas, c’est l’aperçu des dimensions de notre ignorance. En tant que telle, la sagesse n’implique peut-être pas tant des faits et des formules que la capacité à reconnaître quand une limite a été atteinte. Trébucher dans tout notre fouillis cognitif juste pour reconnaître un vrai “je ne sais pas” ne constitue pas un échec. Comme un succès enviable, c’est un panneau crucial qui nous montre que nous voyageons dans la bonne direction.
DECOUVRIR NOS POINTS AVEUGLES
Nous ne sommes généralement pas conscients de nos processus inconscients. De fait nous ne pouvons donc pas remarquer leur influence sur nos décisions. Nous ne sommes pas non plus conscients de tous les facteurs qui affectent notre comportement. Par exemple, tenir une tasse chaude dans nos mains peut nous rendre plus collaboratifs, tandis que porter des lunettes de soleil peut nous rendre plus menteurs. Nos comportements et nos décisions sont constamment influencés par des centaines de stimuli, dont beaucoup passent sous le radar de notre conscience.
Cependant, les points aveugles sont ces caractéristiques personnelles que nous ne pouvons pas ou ne voulons pas reconnaître. Un bon point de départ pour les découvrir est de se concentrer sur nos réactions les plus intenses. Une réaction émotionnelle très intense, ou une opinion inhabituellement forte, peut indiquer qu’il existe au fond de nous une impulsion intérieure inacceptable ou indésirable. En fait, nous réagissons généralement intensément aux caractéristiques indésirables que nous voyons chez les autres. C’est ce que les psychologues Hal et Sidra Stone appelaient le “moi renié”.
L’intensité de nos réactions
Cette théorie a été confirmée par une étude développée à l’Université de Rhode Island et une autre menée à l’Université de Géorgie. Dans les deux cas, il a été apprécié que les personnes qui qualifiaient les images érotiques d’inacceptables, étaient celles qui portaient une grande culpabilité sexuelle. Et elles étaient précisément celles qui éprouvaient le plus d’excitation en réponse à ces images. Autrement dit : ce que l’on nie avec plus de véhémence peut cacher un point aveugle psychologique.
Évidemment, cette tendance ne se limite pas à la sexualité, mais s’applique à tous les domaines de la vie. Les jugements brutaux sur le comportement des autres révèlent généralement une insécurité personnelle provenant de certains traits que nous ne voulons pas accepter.
Les points aveugles ne se limitent pas à des réactions négatives. De même ils peuvent également s’exprimer par des attitudes ou des comportements extrêmement positifs. Et qui suggèrent l’absence d’un trait recherché. Une étude menée à la Case Western Reserve University, par exemple, a révélé que les gens essaient de faire des efforts pour paraître sans préjugés. Ainsi ils montrent des attitudes excessivement positives envers un groupe stigmatisé lorsque leur « ego » en tant que personne sans préjugé est menacé.
Les scénarios de vie
Un autre signe, de nos points aveugles, est de maintenir le même type de relation avec différentes personnes. Si vous vous plaignez toujours parce que vos partenaires ou amis se comportent de la même manière, il est probable que ce soit parce que vous choisissez des profils psychologiques similaires qui vous amènent à reproduire la relation que vous êtes censé rompre. Jusqu’à ce que vous découvriez quels sont les points aveugles qui perpétuent ces relations, vous ne pourrez pas sortir de cette boucle.
Si vous pensez que votre chance ne change jamais, c’est aussi un signe que vous devez mettre en lumière des points aveugles. C’est qu’en effet vous répétez certains schémas émotionnels et cognitifs qui vous ramènent continuellement au point de départ. Par conséquent, au lieu de vous plaindre de votre « malchance », vous pourriez vous demander comment vous contribuez à cette malchance.
Les préjugés
La tendance des gens à sous-estimer ou à ignorer leurs propres préjugés est attribuée à trois causes principales. Ces 3 causes principales sont imagées par les saboteurs assesseurs dans notre modèle de l’auto-sabotage :
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- Réalisme naïf. Cela représente la tendance des gens à supposer que leur point de vue est entièrement objectif. Ce qui signifie qu’ils ne peuvent voir les choses telles qu’elles sont réellement. C’est ce que l’Institut Ennéagramme de Lyon appelle le saboteur assesseur du Berger
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- Illusion d’introspection. Cela représente une asymétrie entre la vision de soi et des autres. Les gens survalorisent les contenus mentaux, tels que les pensées et les sentiments, au détriment des comportements et des actes. Ceci lors de l’évaluation de leurs propres préférences, motivations et actions. A l’inverse, les gens vont évaluer les actes des autres et y attribuer des intentions. C’est le saboteur assesseur du Passeur
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- Besoins liés à l’ego. Ces besoins incitent les gens à s’engager dans l’auto amélioration et à ignorer leurs préjugés afin de se sentir mieux dans leur peau. C’est le saboteur assesseur du Ressasseur
Agir sur les préjugés
La première étape est de garder à l’esprit les causes potentielles des points aveugles et d’essayer d’en tenir compte.
Pour le réaliste naïf (Berger). Vous devez reconnaître et vous rappeler que votre perception des événements n’est pas nécessairement objective. Vous pouvez intérioriser cela de différentes manières. Par exemple en vous rappelant des cas passés où vous avez mal interprété des situations.
Pour l’illusion d’introspection (Passeur). Vous devez reconnaître et vous souvenir de la tendance à vous juger en fonction de vos pensées. Et celle de juger les autres en fonction de leurs actions. Vous pouvez ensuite en tenir compte de différentes manières. Par exemple en réfléchissant à la manière dont vos actions peuvent indiquer un parti pris, indépendamment de votre intention.
Pour les besoins liés à l’ego (Ressasseur). Vous devez reconnaître et vous rappeler que vous voulez probablement croire que vous ne rencontrez pas de préjugés. Car cela améliore votre perception de vous-même. Vous pouvez ensuite en tenir compte de différentes manières. Par exemple en vous disant qu’il est naturel d’avoir des préjugés. Ou en vous disant que le fait d’ignorer vos préjugés se répercutera sur vous.
Chasser vos points aveugles
Dans l’ensemble, pour éviter les points aveugles, il y a 5 étapes ;
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- Prenez conscience du principe des points aveugles, et acceptez que cela concerne tout le monde. Même vous !
- Identifiez quelques points aveugles par exemple en effectuant des tests de personnalité ou notre test des saboteurs qui est spécialement désigné pour cet objectif
- Demandez du feed-back, pas seulement à vos proches mais aussi à des personnes que vous rencontrez. Elles peuvent être beaucoup plus neutres. Chasser ses propres points aveugles, c’est comme essayer d’examiner l’arrière de sa propre tête. C’est beaucoup moins efficace que de solliciter les commentaires des autres. Par contre ignorez les commentaires inutiles. Ceux qui sont non spécifiques et vagues.
- Acceptez le simple fait d’observer la vérité sur vous-même sans jugement ni tournure. Nous avons tous des points aveugles.
- Ne gardez pas ces constats uniquement au niveau mental. Lire un livre sur le sport, ne vous rendra plus sportif que vous ne l’êtes. Changer demande du temps et de la pratique. C’est dans cet objectif que nous avons créer le guide anti-sabotage. Avec plus de 40 exercices d’auto-coaching adaptés (après avoir effectué le test des saboteurs) à votre personnalité et vos saboteurs (ou points aveugles). Et si l’auto-coaching n’est pas assez efficace, demandez un appui extérieur.
Sources et points aveugles:
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- David Dunning, We are all confident idiots, 2014-2017
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- Stone, H. & Stone, S. L. (2014) Manual del Diálogo de Voces. Barcelona: Editorial Eleftheria.
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- Pronin, E. (2007) Perception and misperception of bias in human judgment. Trends Cogn Sci; 11(1): 37-43.
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- Pronin, E. (2002) The bias blind spot: Perceptions of bias in self versus others. Personality and Social Psychology Bulletin; 28(3): 369-381.
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- Baumeister, R. F. et. Al. (1998) Freudian Defense Mechanisms and Empirical Findings in Modern Social Psychology. Reaction Formation, Projection, Displacement, Undoing, Isolation, Sublimation and Denial. Journal of Personality; 66(6): 1081-1095.
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- Adams, H. E. et. Al. (1996) Is homophobia associated with homosexual arousal? J Abnorm Psychol; 105(3): 440-445.
En savoir plus
- L’inventaire de personnalité ; gratuit pour les 20 premiers
- L’auto-sabotage
- Guide anti sabotage
- La validation du test des saboteurs