Histoire de la psychologie et du développement personnel – partie 1

Histoire de la psychologie
Introduction
Vous trouverez ci-dessous une synthèse de l’histoire de la psychologie depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Avant tout, l’objectif est, à travers les grands noms de la psychologie et du développement personnel, de pouvoir retrouver les idées principales et les différentes approches qui existent aujourd’hui en psychologie et développement personnel. Puis de constater combien les grands penseurs d’antan nous influencent toujours (Sénèque le Jeune, Spinoza…). Enfin pour conclure sur les frontières du bien-être; une affaire de psychologues ou de tout un chacun…
Définition et Philosophie
Difficile de ne pas donner une première définition étymologique de psychologie ; du grec « âme » et « discours ». Pourtant ce terme date du XVI° siècle et est usuel seulement à partir du XVIII° s (C. Wolff).
En premier lieu, l’histoire de la psychologie remonte à l’Antiquité dans la mesure où des premières traces d’une réflexion sur les phénomènes mentaux et le comportement ont été retrouvées dans des écrits datant de l’Égypte ancienne. Ainsi de cette époque, en passant par la Grèce antique et les mondes chinois, indiens et arabo-musulmans jusque dans les années 1870, la psychologie était essentiellement considérée comme une branche de la philosophie. En définitive, son histoire s’inscrit dans l’histoire de cette dernière.
Philosophie en grec ancien signifiant littéralement « amour de la sagesse ». Sujet toujours d’actualité.
D’ailleurs il est intéressant de noter que l’influence de l’Antiquité est toujours bien présente. Ainsi la révolution cognitive (approche aujourd’hui la plus reconnue) des années 1970, dans le monde de la psychologie, se rapproche du Stoïcisme , courant philosophique de l’Antiquité à la recherche du bonheur individuel – « Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les opinions qu’ils en ont » (Voir dans le tableau Sénèque le Jeune).
Pour une devenir enfin une science
Ayant une vocation essentiellement théorique jusqu’au XIXe siècle, la psychologie acquiert le statut de discipline scientifique à part entière en adoptant les méthodes ayant cours dans d’autres champs des sciences naturelles et humaines (observation, expérimentation, mathématisation, etc.). En parallèle se développe aussi ce qui deviendra la psychopathologie dont le but est de comprendre non pas l’esprit sain mais la maladie mentale et les moyens de la soigner voire de la guérir.
Primitivement centrée sur l’homme normal, adulte et civilisé, la psychologie a étendu ses investigations au malade, à l’enfant, aux groupes sociaux et même à l’animal. Aujourd’hui la psychologie investigue la maladie mais aussi le Bien-être des personnes « normales ».
en dernier lieu, à l’époque du Web, la définition de la psychologie sur la toile vous indiquera ; « connaissance empirique et intuitive des sentiments, des idées, des comportements d’une personne ».
2) L’antiquité, la Grèce et Rome
Dans la Grèce antique, modèle de modernité à son époque, les gens faisaient appel aux mythes pour expliquer les mystères du monde. La philosophie a permis de se dégager du mythe.
Ainsi, de nos jours la philosophie peut apparaître soit comme un vestige soit au contraire comme un défenseur authentique menacée par la rationalisation outrancière des sociétés marchandes (système de consommation). Mais ne dit-on pas que de se moquer de la philosophie, c’est déjà philosopher.
En bref, quelques grands penseurs de l’Antiquité (« occidentale »)
La philosophie
VI°s av. JC
Philosophe présocratique, il a « inventé » le mot philosophie (amour de la sagesse en grec).
Le sophisme
V°s av. JC
Le plus célèbre des sophistes confirme qu’un discours habile peut démontrer ce qui lui plait.
La vérité
469 av JC
La fameuse phrase « connais-toi toi-même » lui est rattachée. Il n’enseigne rien, mais se contente d’accoucher les esprits. Il est le 1er à reconnaître sa propre ignorance. Nul n’est méchant volontairement. Les méchants ne sont que des ignorants. Il a été condamné à la cigüe pour avoir nié les dieux de la cité.
La médecine
460 av JC
Hippocrate effectue une classification des troubles mentaux comprenant la manie, la mélancolie, la paranoïa ou détérioration, l’épilepsie, en relation avec les tempéraments sanguin, colérique, flegmatique ou mélancolique. Il réunit ainsi les maladies de l’âme et du corps, les maladies sont physiques, et ainsi il participe à démystifier la maladie mentale, qui était jusque-là, plutôt liée à des manifestations démoniaques.
La justice
427 av JC
Le 1ier à avoir laissé une œuvre écrite considérable (Mythe de la caverne). Son académie enseigne les maths, la philo et l’art de gouverner les cités. Un enseignement ésotérique (réservé aux initiés) et exotérique.
Le syllogisme est un raisonnement logique à 2 propositions conduisant à 1 conclusion (tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel: ancêtre des maths). C’est la dialectique de Platon, qu’Aristote contredit: preuve des arguments ? et pourquoi cette dichotomie? Dualisme entre les idées éternelles et les apparences sensibles changeantes.
Le plaisir
342 av. JC
Il défend que le Bien soit le plaisir, et que la sensation soit à l’origine de la connaissance.
L’équilibre
322 av. JC
Il fonde le lycée et élabore une pensée inductive (expérience). Aristote et Platon reproche au sophisme de ne pas rechercher la sagesse et la vérité. Plus de 2 300 ans après sa mort, sa pensée demeure toujours étudiée et commentée par la philosophie occidentale.
Le Stoïcien
4 av. JC
Pour vivre heureux et libre, ne pas lutter en vain contre ce qui ne dépend pas de nous, mais au contraire l’accepter, et s’abstenir des vices et passions: ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les opinions qu’ils ont. Vivre en accord avec la Nature (Méditation), grâce à la raison (=sciences). Passer de l’ataraxie (absence de trouble) à l’apatheia (absence de passion) = « Supporte et abstiens toi » (Stoïque: ne pas s’effondrer devant le malheur, la peur et la douleur)
3) Le Moyen Age (V° s au XV° siècle)
« La vérité sur nous-mêmes est en nous, et le monothéisme explique les mystères du monde » reflète la nouvelle philosophie du Moyen-âge. A cet égard, la religion donne des règles communes à la société (la loi divine), un sentiment d’appartenance, afin de favoriser la vie sociale. A vrai dire, basé sur la peur, la récompense et l’ignorance, le Moyen-âge est une période relativement pauvre en philosophes.
Le Génie Expérimentateur et Précurseur
1452
« L’expérience ne se trompe jamais ; ce sont vos jugements qui se trompent en se promettant des effets qui ne sont pas causés par vos expérimentations »
4) Les lumières et ses précurseurs (XVI°s au XVII° siècle)
C’est pourquoi, les Lumières vont contester la religion révélée (Voltaire, Diderot, Rousseau, Spinoza, Hume, Kant…). Ainsi, c’est dans la perception du monde que nous découvrons des vérités sur le monde et non en nous-mêmes.
Méthode et Subjectivité
1596
Fondateur de la philosophie moderne. Il énonce l’essence de la subjectivité. Discours de la méthode: je pense, donc je suis (la méthode nous préserve de l’erreur).
Les Preuves
1623
Traité de l’esprit géométrique et de l’art de persuader: logicien et intuitif! Déduction rigoureuse, mais avec des preuves (invente la 1iere machine à calculer).
Le cœur a ses raisons que la raison ne connait point. Ramené à l’époque il faut lire « cœur » par « religion ».
La révolution
1632
Banni de la communauté juive à 23 ans pour hérésie, Spinoza édifie une œuvre révolutionnaire. Comment cet homme a-t’il pu, en plein XVII°s, être le précurseur des Lumières et de nos démocraties modernes ? Le fondateur de la psychologie des profondeurs. Initiateur de la sociologie et de l’éthologie. Et surtout, l’inventeur d’une philosophie fondée sur le désir et la joie. Il a inspiré Goethe, Nietzsche, Einstein, Freud et Damasio… Spinoza a réconcilié le corps et l’esprit. Il a reconstitué le puzzle des sentiments, de la pensée et des croyances.
Un homme aurait tenté de le poignarder. Il aurait conservé le manteau troué par la lame pour se rappeler que la passion religieuse mène à la folie.
Le Scepticisme
1711
Il ouvrit la vie à l’application expérimentale aux phénomènes mentaux. On ne retint pourtant longtemps de sa pensée que le scepticisme (la pensée humaine ne peut déterminer une vérité avec certitude) destructeur. C’est à Newton, que Hume emprunte sa méthode d’analyse: qui vise à confirmer les hypothèses par l’expérimentation.
Inductive (l’observation mène à l’hypothèse)
Déductive (l’hypothèse mène à l’observation)
La Morale
1724
La connaissance doit être limitée par la raison elle-même afin de faire place à la croyance (spéculation: Dieu, la liberté, …): obligation morale (différent du bonheur). Il interdit le mensonge quelque soit ces conséquences. Le centre de la connaissance est le sujet connaissant (l’homme), et non une réalité … Nous ne pouvons pas connaître la réalité en soi, mais seulement la réalité telle qu’elle nous apparaît.
L’encyclopédie et le sens de l’Histoire
1770
Hegel enseigne la philosophie sous la forme d’un système unissant tous les savoirs suivant une logique dialectique.
5) Le XIX° siècle et le début de la psychologie scientifique
Enfin la fin du XIXe siècle marque véritablement l’apparition de la psychologie comme une discipline à part entière entre la neurologie, la physiologie mais aussi la psychiatrie. Jusque-là confinée à la description anatomique des principales structures du système nerveux, la neurologie du XIX° siècle fait d’importants progrès grâce à la mise au point de techniques nouvelles (électricité, microscopie, chimie) qui permettent d’explorer le système nerveux à l’échelle de l’infiniment petit mais aussi, pour la première fois d’un point de vue fonctionnel.
5-a) La psychanalyse et l’inconscient
Premièrement, concept majeur de la psychanalyse, l‘inconscient est le lieu de ce qui est inconnu de la conscience. Ainsi, dans la première approche (topique) élaborée par Freud, l’inconscient désigne un des trois systèmes de l’appareil psychique (inconscient, préconscient et conscient) constitué de contenus refoulés. Tandis que dans la deuxième topique, il n’est plus un système à part mais qualifie le ça, et pour une large part le moi et le surmoi.
Selon la psychanalyse, l’inconscient a une influence sur le comportement, les sentiments, le jugement d’un individu ainsi que sur les raisons rationnelles de choix ou de décisions.
Définir l’inconscient
Tout d’abord, c’est au xviie siècle que Descartes, à travers le cogito, conceptualise l’opposition entre la conscience comme fondement de la raison et ce qui y échappe. Dans le même temps, Pascal et Spinoza remettront en cause l’autonomie de la conscience à travers notamment l’importance des automatismes et des affects. Mais encore, au xixe siècle, avec Arthur Schopenhauer apparaît l’idée d’une psyché présente dans l’âme humaine et qui échappe au rationalisme.
Contrairement à la psychanalyse, la psychologie cognitive identifie la mémoire procédurale et le processus automatique comme étant des processus inconscients.
L’inconscient est également un concept en psychologie analytique (jungienne). Dans ce cadre il a sa définition propre. Ici, l’inconscient se composerait d’un inconscient personnel, d’un inconscient collectif et d’un inconscient spirituel qui nous préviendraient de dangers et trouverait la solution de certains conflits. Jung donne des exemples de rêves qui auraient une fonction d’avertissement
L’introspection
La psychanalyse consiste en l’élucidation de certains actes, pensées ou symptômes en termes psychiques à partir du postulat de l’existence du déterminisme psychique: une idée qui se présente à l’esprit ou un acte ne sont pas arbitraires, ils ont un sens, une cause que l’exploration de l’inconscient permet de mettre au jour. Certaines idées, actions sont perçues comme « involontaires », « incohérentes » ou « absurdes » et ne sont pourtant pas dues au hasard : ce sont par exemple les rêves, les lapsus, les actes manqués ou les symptômes sans cause physique ou intention consciente.
Freud explore le psychisme à travers la parole du sujet qui doit suivre la règle fondamentale et la logique d’association libre de manière à faire parvenir à la conscience des éléments liés au refoulement (Introspection). Il se démarque en mettant en avant l’importance de la libido et de la sexualité dans le développement psychique.
5-b) Le behaviorisme (ou P. Comportementale) : un peu de science ou trop de science ?
La psychologie américaine s’est développée très rapidement dès la fin du XIXe siècle. Le véritable fondateur de la psychologie américaine fut Granville Stanley Hall qui alla se former aux techniques expérimentales chez Wundt à Leipzig dès 1879. Hall va fonder en 1883 le premier laboratoire américain de psychologie puis en 1887 la première revue consacrée à la psychologie. La vitalité de la recherche américaine conduira à la fondation d’une première école de psychologie, le fonctionnalisme. Cette psychologie qui se veut pratique s’appuie sur les idées évolutionnistes. La question n’est plus de savoir de quoi est composée la conscience, mais à quoi sert la conscience : la fonction se substitue à la structure. C’est l’action qui importe avant tout : nous ne vivons pas pour penser, mais nous pensons pour vivre. La notion d’adaptation de l’individu à son milieu devient incontournable.
L’âge d’or du comportementalisme
C’est bien un fonctionnalisme radical qui émerge aux États-Unis au cours des années 1910 avec la figure de John Broadus Watson (1878-1958), fondateur de la nouvelle école béhavioriste américaine : dans un article de 1913, il rejette la psychologie introspective et déclare que la psychologie doit être strictement objective, laissant de côté les données subjectives ou les interprétations en termes de conscience.
L’apprentissage
Le béhaviorisme watsonien eut une profonde influence sur les théories de l’apprentissage.
La relation stimulus-réponse (S→R): conditionnements classique (Ivan Pavlov) et opérant / instrumentale (John Watson ; B. Skinner). Il s’agit des premiers modèles de l’apprentissage (dressage).
Les thérapies comportementales sont fondées sur l’apprentissage, notamment ceux du conditionnement, en remplaçant les attitudes inadéquates par d’autres. Ex. les thérapies par l’immersion pour soigner les phobies.
L’utilisation de l’aversion, dans les thérapies comportementales, afin de détourner un sujet d’une conduite en l’associant à un désagrément (choc électrique…). Utilisée pour l’alcool, les déviances sexuelles.
5-c) L’humanisme et la révolution cognitive
En réaction au behaviorisme, jugé déshumanisé, l’objectif déclaré de l’humanisme est le développement personnel.
De son côté, la psychologie cognitive établit l’esprit au centre de ces préoccupations. Elle s’oppose ainsi au behaviorisme qui ne s’intéressait plus qu’aux comportements. La psychologie cognitive étudie l’ensemble des fonctions cognitives : la perception, l’attention, la mémoire, le langage et les activités intellectuelles.
Les psychologues cognitivistes vont s’intéresser aux activités mentales complexes et au contenu de la « boîte noire » béhavioriste, c’est-à-dire aux étapes de traitement entre S et R.
La technologie de l’information et la cognition
Si le développement de la psychologie cognitive américaine a tout d’abord été assez lent et progressif (entre les années 1950 et 1980), l’apparition des nouvelles technologies informatiques va ensuite énormément accélérer son mouvement au détriment du courant béhavioriste. Les cognitivistes vont s’appuyer sur la théorie de l’information et le concept de traitement de l’information, considérant que nous sommes avant tout des ordinateurs perfectionnés et que nous fonctionnons selon des principes de calcul. Et cette métaphore informatique allait déplacer les problématiques vers les notions de mémoire et de représentation des connaissances.
Il est intéressant de noter que plusieurs auteurs montrent une filiation entre les idées des philosophes stoïciens et les postulats de l’approche cognitive. « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les représentations qu’ils en fabriquent. »
Donald Hebb (1904–1985) : l’un des premiers à s’opposer à la perspective béhavioriste et à amorcer l’étude du traitement de l’information.
La réalisation de soi
Maslow démontre les besoins fondamentaux de l’homme. C. Rogers présente une nouvelle conception de l’existence : l’important n’est pas de satisfaire ses besoins mais de vivre “comme il faut” (réalisation de soi).
Le cognitivisme repose sur le dialogue, apprenant au sujet à soumettre ses sentiments et ses émotions à l’examen de la raison.
Albert Ellis, avec son école de la sagesse et du réalisme, propose d’accueillir le monde tel qui l’est et s’accepter soi-même. De son côté, Aaron Beck souligne l’importance de ne pas moraliser, de ne pas donner de conseils, mais d’apprendre au sujet à réfléchir de façon critique sur son propre comportement et ses attentes.
Les approches cognitives sont adaptées au traitement de l’anxiété, de la dépression mais pas de la mélancolie, ni de la phobie, ni des obsessions, ni d’ailleurs des névroses traumatiques.
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