Histoire de la psychologie et du développement personnel – partie 2

Histoire de la psychologie
Partie 2:
5-d- 2 Ecoles principales et 1 tendance forte : les TCC
Ainsi l’histoire de la psychanalyse se poursuit encore de nos jours. Pourtant bien qu’elles ne soient pas sans rapports, la psychanalyse et la psychologie sont deux disciplines bien distinctes. La première se propose d’étudier de manière quasiment exclusive le fonctionnement et les rapports qu’entretient l’inconscient avec la vie psychique du sujet. Tandis que la seconde ne se donne pas ce type de limite et étudie aussi bien la conscience que les processus inconscients ou pré-conscients d’acquisition, de traitement et de transmission des informations, ces dernières pouvant provenir soit de l’environnement avec lequel l’organisme interagit (informations externes), soit de l’organisme lui-même (informations internes recherchées en mémoire).
Branche de la psychologie clinique, la psychologie comportementale est apparue en parallèle de la psychologie cognitive au milieu du XXème siècle. C’est pourquoi si un clivage a longtemps existé entre ces deux branches, il tend aujourd’hui à disparaître, à tel point qu’on les regroupe sous l’appellation TCC (thérapies cognitives et comportementales).
5-d-1- L’Approche Cognitive et Comportementale
Avant tout, jusque dans les années 1980, la thérapie rationnelle-émotive d’Ellis et surtout la thérapie cognitive de Beck gagnent en popularité dans la psychologie clinique et deviennent des cadres théoriques fondamentaux en recherche clinique. Puis petit à petit elles vont se fusionner avec les techniques comportementales souvent confrontées dans les essais cliniques.
Ici et maintenant
Les TCC regroupent un ensemble de traitements des troubles psychiatriques. Notamment les addictions, psychoses, dépressions et troubles anxieux. En premier lieu, les TCC ont pour particularité de s’attaquer aux difficultés du patient dans « l’ici et maintenant » par des exercices pratiques centrés sur les symptômes observables au travers du comportement et par l’accompagnement par le thérapeute qui vise à intervenir sur les processus mentaux dits aussi processus cognitifs, conscients ou non, considérés comme à l’origine des émotions et de leurs désordres.
Ainsi les TCC laisse une porte encore bien ouverte principalement sur 6 variables : stimuli, processus cognitifs, affects (ou émotions), processus physiologiques, des actions et des conséquences de celles-ci.
- L’apprentissage peut être désappris (Pavlov-Skinner).
- On reconstruit subjectivement la « réalité » influencé par un formatage culturel. Donc soyons pragmatique, nous pouvons agir.
- Le travail rationnel et conscient (Ellis-Beck) des pensées avec le sujet produit un changement significatif et stable dans le registre des émotions et des comportements.
Évolutions
Essentiellement depuis le 21° siècle, les ACC ont intégré l’approche d’acceptation et d’engagement (accepter les émotions au lieu de les contrôler: lâcher prise) (Steven C. Hayes).
Enfin, une autre conception (Martin Seligman) insiste sur l’importance de promouvoir des conduites qui favorisent le Bien-être (psychothérapies “positives”).
En revanche, pour les détracteurs de l’ACC, malheureusement les causes des souffrances psychiques ne sont pas prises en compte.
5-d-2- Les autres approches de thérapie et de développement personnel (non exhaustif)
La Gestalt
(en allemand Gestalt veut dire forme)
Premièrement c’est une approche humaniste et systémique, qui considère le sujet dans sa globalité. Ainsi elle est à la fois une approche thérapeutique, un concept et un ensemble de pratiques visant un changement personnel, psychosocial et organisationnel. La Gestalt-thérapie a été élaborée par Fritz Perls (1951) sur la base de la psychologie de la Forme et sa loi fondatrice (Christian Von Ehrenfels) : « le tout est supérieur à la somme des parties ». Par exemple, en écoutant une musique jouée sur un instrument, on perçoit non seulement les notes particulières dont elle est composée, mais également une impression spéciale, qui n’est pas un ton parmi d’autres, qu’on appelle la mélodie et qui représente la forme de la musique. Finalement la Gestalt nécessite une formation longue (5 ans) couplée à une psychothérapie personnelle d’au moins 3 ans. La Gestalt se développe aussi dans les organisations (coaching, consulting…).
Les thérapies familiales
s’adressent à la fois au sujet et aux membres de sa famille : psychotiques, toxico, délinquants.
Le psychodrame
privilégie l’expression des conflits personnels, car non anxiogène, par des jeux d’acteurs.
L’hypnose ericksonnienne
En effet, elle est issue de la pratique de Milton Erickson. Essentiellement caractérisée par une approche souple, indirecte (métaphores) et non dirigiste, cette forme d’hypnose a donné naissance à de nombreux courants de psychothérapie moderne : thérapie familiale, thérapie brève (stratégique, systémique), programmation neuro-linguistique (PNL)…
Mindfulness (pleine conscience)
Bien que cette pratique soit issue du bouddhisme, elle a trouvé deux types d’application en thérapie cognitive:
- La « réduction du stress à partir de la pleine conscience » (en anglais, MBSR) a été développée en 1975 par Jon Kabat-Zinn. Pour exemple, la méthode est proposée dans 200 hôpitaux américains.
- Puis la thérapie basée sur la pleine conscience pour la dépression (MBCTD) a été présentée comme un moyen de prévention des rechutes dépressives, rechutes dont la conséquence peut être le suicide. Une étude de l’université d’Oxford publiée en avril 2015 par The Lancet démontre qu’une thérapie basée sur la méditation de pleine conscience est une alternative aussi efficace qu’un traitement par antidépresseur dans la prévention de rechute dépressive.
L’utilisation de la pleine conscience repose sur un « changement de postulat ». Alors que les thérapies cognitives classiques avançaient qu’il fallait travailler sur les contenus des pensées négatives et les biais cognitifs, l’application de la MBCTD à la prévention des rechutes dépressives se base sur des résultats qui conduisent à penser que la vulnérabilité dépend avant tout de l’humeur plutôt que du contenu des pensées.
La pleine conscience ou mindfulness est un état psychologique qui centre l’individu sur le moment précis (ici et maintenant). La méditation, par contre, est une technique pour atteindre cet état de pleine conscience le plus souvent possible.
La psychologie intégrale
est une approche philosophique de Ken Wilber. Selon ce dernier, la psychologie est morte en tant que discipline, les approches béhavioristes, psychanalytiques, humanistes, transpersonnelles sont en déclins et ne pourraient renaître que d’une approche entièrement intégrale. La Psychologie intégrale est une expression créée par Indra Sen (1903 – 1994) qui était un disciple de Sri Aurobindo qui lui-même, dans sa recherche et adepte de la philosophie indienne, cherchait à promouvoir le concept de Yoga Intégral. Wilber utilise également les principes de la spirale dynamique de Clare Graves développé par Don Beck et Christopher Cowan qui traite des « centres de gravité mémétique » de chaque individu. La théorie intégrale est enseignée à la John F. Kennedy University. Selon certaines critiques, Wilber n’apporte rien de nouveau mais se comporterait plutôt comme un gourou du New Age qui aurait fait une synthèse de différents courants de pensée afin de vendre des livres. C’est ma conviction personnelle, sans remettre en question la « spirale dynamique », qui est une approche sociale éloquente.
L’Analyse Transactionnelle
aussi appelée AT est une théorie de la personnalité, des relations interpersonnelles et de la communication. Créée en 1958 par le psychiatre Eric Berne, elle postule les « états du Moi » et étudie les phénomènes psychiques à travers les échanges relationnels, appelées « transactions ». L’AT propose des grilles de lecture pour la compréhension des problèmes relationnels ainsi que des modalités d’intervention pour résoudre ces problèmes. Pour l’anecdote, en 1956, après 15 ans d’études de la psychanalyse, Berne s’est vu refuser l’admission à l’institut de psychanalyse de San Francisco. Il a pris la demande de plusieurs années de formation supplémentaires comme un rejet et a choisi d’abandonner la psychanalyse. Avant la fin de l’année il avait écrit deux articles fondateurs, publiés en 1957.
Le Process Communication
est un modèle développé par le psychologue Talbi Kahler lui-même issu de l’école Analyse Transactionnelle. À partir de l’observation de ses patients dès les années 1970, le Dr Kahler établit une typologie aboutissant à la présentation de six types de personnalités.
L’Ennéagramme
est une théorie de la personnalité, et contrairement à d’autres systèmes psychologiques, il ne décrit pas des comportements, mais des motivations sous-jacentes qui vont provoquer des comportements chez les individus. Chaque type de l’ennéagramme (on parle aussi d’ennéatype) est piloté par une compulsion d’évitement. C’est-à-dire qu’il cherche à tout prix, et de manière souvent inconsciente, à éviter une chose particulière. Si l’origine de l’ennéagramme ne reste pas très claire, Claudio Narenjo développa sa propre version à Berkeley en 1970. Helen Palmer entreprit d’épurer de toutes références spirituelles ou religieuses et d’en faire une branche du mouvement du développement humain. Enseigné dans des MBA d’Universités Américaines. Il existe 3 écoles en France pour devenir praticien.
La PNL
vise à améliorer la communication entre individus (verbal et non verbal), à s’améliorer personnellement et tend à devenir une psychothérapie intégrative, c’est-à-dire qui cherche à intégrer de manière pratique les apports de différentes théories. La psychothérapie neuro-linguistique (PNL) rapproche pratique thérapeutique et acquis de la PNL. La PNL est une méthodologie qui prétend « agir sur les comportements au moyen du langage », élaborée par Richard Bandler et le linguiste John Grinder dans les années 1970 aux US. Le modèle des niveaux logiques de Robert Dilts offre la possibilité d’une analyse plus globale des problèmes et une organisation coordonnée des techniques PNL.
Polémiques :
La PNL, l’AT et l’ennéagramme ne sont pas reconnus par le corps médical, et sont même flagués de possibilités de dérives sectaires. Elles sont néanmoins toutes représentées par des écoles, des associations internationales et nationales avec un code de déontologie et une éthique professionnelle. Mais l’affiliation n’étant pas obligatoire, les formations et la pratique peut être exercée hors de tout standard, conduisant à des dérives. Pourtant ces approches sont utilisées par de nombreux psychologues dans leurs pratiques analytiques ou cognitives au quotidien, ou enseignés dans des grands MBA aux US.
Par ailleurs, certains pointent les risques d’une « dérive », en particulier dans les entreprises, où la pleine conscience, l’AT… serait détournées de leur but et utilisées à des fins d’une part d’augmentation de l’efficacité et de la performance, et d’autre part de résolution de mal-être au travail, sans que les sources extérieures de ce mal-être ne soient elles-mêmes traitées. Guerre de territoire ou dérives importantes à surveiller ? Nous reviendrons plus loin dans cet article sur les frontières.
6) Aujourd’hui en France
La psychanalyse (introversion) a perdu de son prestige au profit de nombreuses autres approches, parmi lesquelles les plus respectables sont l’hypnose, le coaching, la méditation de “pleine conscience” (Mindfulness) et les TCC (thérapies comportementales et cognitives).
Sources : site web de la FF2P
Répartition en % des thérapies
- Analyse Transactionnelle 7 %
- Gestalt 7 %
- Analyses Bio-énergétiques
- Psycho-organique
- Art-Thérapie
- hypnose
- PNL
- Psychodrame
- Motivation
- sexo
- Somato
- transpersonnelle
- Pleine Conscience - Mindfulness
- Psychanalyse 12 %
- Analytique 10 %
- ACC 12 %
- Hypnose (Classique, Sophro, Erickson.)
- Familliale 10 %
- Systémique
Multiréférentielles et intégratives
Un mélange des 4 précédentes
7) Psychologie, les frontières du Bien-être
Si « tout le monde » s’accorde pour laisser aux professionnels du monde médical la gestion et les soins des malades, apparaissent 2 grandes tendances à la fin du XX° siècle : les médecines alternatives (dits non conventionnelles) et le coaching. Les 2 tendances occasionnent des guerres de clochers avec le monde médical et bien entendu des dérives auxquelles il faut rester attentif (sectes, détournement de la médecine conventionnelle…).
La médecine alternative
commence à être de mieux en mieux acceptée par le monde médical pour le traitement des maladies chroniques, même si beaucoup de chemin reste à faire. Sur les 300 alternatives, 4 d’entre elles sont reconnues par l’ordre des médecins (acupuncture, homéopathie, mésothérapie et ostéopathie : 24 000 médecins les pratique en France). La réflexologie, l’EMDR et la sophrologie présentent un intérêt grandissant. La méditation de pleine conscience rentre à l’hôpital. Beaucoup d’entre elles reposent sur la qualité intrinsèque du praticien. Mais n’en est-il pas de même avec les médecins conventionnels ? Est-ce que la relation praticien-patient n’est pas une part importante des soins ?
Le coaching
De son côté, le coaching s’inspire toujours fortement, entre autres, des modèles issus de la pratique psychothérapeutique, en les transposant bien entendu à ses finalités et démarches propres. Le coaching cognitif et comportemental (CCC) s’impose progressivement comme approche centrale de l’accompagnement de coaching. La fabrication de solutions (et non une focalisation sur l’origine des problèmes), l’ancrage dans l’ici et maintenant (et non la fixation sur le passé), la fabrication d’un plan d’action opérationnel, la détermination d’objectifs impactant directement la vie professionnelle et sociale, le travail des croyances limitantes et des modes de raisonnement contre-productifs, etc.
La santé
Les frontières s’estompent dans un flou quand il s’agit de l’homme « normal », en « pleine » santé. L’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé ainsi : « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Nous avons aujourd’hui dans notre société des aspirations à être plus équilibré, moins stressé, à aller mieux sans que cela soit seulement le traitement d’une souffrance majeure, d’une maladie. Le monde des affaires réalise que pour augmenter la performance et l’efficacité de ses entreprises, il faut replacer l’homme au centre de celle-ci ; relations interpersonnelles, management, leadership, stress, prises de décisions (D. Kahneman 2002, R. Thaler 2017)… Devons nous voir obligatoirement un psychologue si l’on veut améliorer son Bien-être ou son efficacité professionnelle ? Je ne pense pas.
Le psychologue
Le psychologue est une personne dont l’activité professionnelle s’exerce dans l’un des nombreux domaines de la psychologie (clinique, pathologique, du travail, sociale, cognitive, neuro, expérimentale, du développement…). En France, depuis la loi du 25 juillet 1985, l’usage professionnel du titre de psychologue est réservé aux titulaires d’un diplôme universitaire.
Pierre Daco (en 1966) explique qu’ « un psychologue est un cerveau et un cœur, et ne juge jamais. Il constate, aime, et comprend ». Est-ce que cette définition ne peut s’appliquer qu’aux psychologues ? Comme le dit si bien Jacques-Philippe Leyens, ne « sommes-nous tous des psychologues ? ». Est-ce que la cuisine est réservée aux seuls « grands chefs », ou tout un chacun peut-il cuisiner, déjà dans son quotidien ? Est-ce que les chiffres sont-ils réservés aux seuls comptables ?
Conclusion
En conclusion, pour citer Spinoza et son « conatus » (effort pour persévérer et grandir): il n’existe pas un Bien transcendant et universel vers lequel tous devrait tendre, et un Mal transcendant et universel que tous devraient éviter. Plutôt que de se moquer, de juger, de se plaindre ou de haïr, cherchons à décrypter, à comprendre les causes et à analyser. Spinoza dénonçait les théologiens qui laissaient le peuple sous la peur et l’ignorance pour mieux l’asservir. Il y a de la place pour tout le monde. Spinoza avait compris, 3 siècles avant Gandhi, que la véritable révolution est intérieure et que c’est en se transformant soi-même qu’on changera le monde et son Bien-être.
Sources: Wikipedia, Frédéric Lenoir – Le miracle Spinoza, Alain Lieury – 35 grandes notions de psychologie cognitive, Michael Pichat – Manuel de coaching cognitif et comportemental, Pierre Daco – les prodigieuses victoires de la psychologie, dr Adam Cash – la psychologie pour les nuls, Norbert Sillamy – Dictionnaire de psychologie, Site web de la FF2P,
Merci à toutes ces sources qui m’ont permis de synthétiser l’histoire de la psychologie en quelques pages, en espérant avoir été fidèle. Quant aux écarts possibles, j’en assume la responsabilité.
Différents courants de la psychologie et ses influenceurs:
G. Fechner
- W. wund (1er labo)
- W. James (père de la psy aux US)
- T. Ribot (père de la psy en France)
- S. Freud
- Kurt Koffka
- Fritz Perls
- I. Pavlov
- J. watson
- E. Thorndike
- B. Skinner
- D. Broadbent
- D. Hebb
- A. Newell
- J.F. Le Ny
A. Ellis
- A. Beck
- J. Cottraux
- Ch. Cungi
- A. Maslow
- C. Rogers
- S. Freud
- C. Jung
- A. Adler
- Ken Wilber
- A. Bandura
- S. Milgram
- K. Gergen
- L. Festinger
- C. kiesler
- J.L. Beauvois
- S. Freud
- E. Erickson
- I. Pavlov
- B. skinner
- A. Bandura
- J. Piaget
- C. Rogers
- A. Maslow
- …
- J. Cattell
- A. Binet
- W. Stern
- D. Wechsler
- H. Gardner
- D. goleman
- R. Cattell
- H. Eysenck
- P. Janet
- H. Piéron
Liste des auteurs qui ont influencés l’histoire de la psychologie et du développement personnel dans le siècle
(En rouge, le classement des 100 psychologues les plus éminents du siècle – 2002 Review of General Psychology – made in US)
Sélection de 65 psychologues célèbres ou influenceurs depuis le XIX° siècle
Nos autres articles :
- Liste alphabétique des psy célèbres et influenceurs
- Méthodes de psychologie
- Psychologie de la personnalité (M. C. Ashton)
- Psychothérapies des troubles de la personnalité (J. Cottraux)
- La psychologie positive –M. Seligman)
- 35 notions de psychologie cognitive (A. Lieury)
- La répétition des scénarios de vie (J. Cottraux)
- Cognition, schéma, biais, distorsions (M. Pichat)
- Intuition et prise de décisions (Système 1/2 – D. Kahneman)
- L’erreur de Descartes (A. R. Damasio)
- Sommes-nous tous des psys ? (J.Ph. Leyens)
- La théorie de l’attachement (J. Bowlby)
- L’état d’esprit fixe (C. Dweck)
- Les origines de l’homme (Leakey)
- Histoire de la psychologie – partie 1