Schémas de Young et ennéagramme

Schémas de Young et ennéagramme

28 mai 2022 ennéagramme 0

La théorie des schémas provient de la thérapie des schémas (schémathérapie) et s’intègre parfaitement avec l’ennéagramme.

fred Lacroix – mai 2022 – 30 minutes

La thérapie des schémas est une méthode psychothérapeutique (utilisée depuis le début du XXI° siècle) développée par le psychologue américain Jeffrey Young, ciblant les troubles de la personnalité, réputés difficiles à traiter. Elle est intégrative (elle intègre les apports de différentes écoles) car elle fait intervenir des aspects des approches cognitivo-comportementales, de la psychodynamique (relation d’objet), de la théorie de l’attachement et de la Gestalt.

Cette thérapie détermine des schémas, des styles d’adaptation et des modes de schémas (stratégies), qui sous-tendent nos pensées et nos comportements. Elle normalise, au lieu de pathologiser les troubles psychologiques. Chacun d’entre nous a ses schémas, ses styles et modes. Ils sont simplement plus extrêmes et plus rigides chez certaines personnes pouvant conduire pour certains d’entre eux à des troubles à traiter.

 

Coaching et accompagnement

Ainsi la théorie des schémas peut être utilisée dans un cadre de coaching et d’accompagnement pour les particuliers ou en entreprise. Ces schémas, présents chez tout le monde, impliquent néanmoins des modes automatiques inconscients qui peuvent impacter notre vie personnelle ou professionnelle.

L’ennéagramme est un modèle présentant 9 types de personnalité sous-tendus par des schémas et des croyances cognitives. C’est un modèle comme la théorie des schémas qui est dynamique, c’est-à-dire qui ne vous enferme pas dans une case et qui nécessite de l’introspection afin de mieux comprendre certains comportements limitants.

Les styles d’adaptation de la schémathérapie et ses modes de schéma permettent de mieux comprendre la dynamique de l’ennéagramme (intégration / désintégration) et complètent harmonieusement l’approche des cartes mentales (ou cognitives) de l’ennéagramme ®.

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Schémas Cognitifs

Les schémas sont des croyances profondément enracinées qui nous conduisent à réagir de manières excessives ou à surcompenser. Ces schémas se renforcent dans le temps devenant des prophéties auto-réalisatrices. Si je pense par exemple que les autres me rejettent, je ne vais pas m’ouvrir à eux. Comme je ne m’ouvre pas à eux, ils vont avoir tendance à me rejeter.

Les schémas se rattachent à la mémoire sémantique, à savoir la partie de la mémoire qui concerne les significations les concepts et les plans d’action. Ainsi les individus grandissent, depuis la naissance avec des schémas innés sensori-moteurs les plus élémentaires, comme sucer et prendre, pour aller vers des stades les plus élaborés de la connaissance, c’est-à-dire les opérations logiques puis abstraites.

Les schémas reprennent une vision personnelle que chacun a de Soi-même, des Autres et du Monde – SAM – (Adler, 1929). Kelly (1955) parle des convictions bipolaires (Blanc ou noir, bien ou mal) qui reflètent les convictions et les jugements. En d’autres termes ce sont les « vérités » de chacun sur SAM.

 

Définition des schémas

  1. Les schémas représentent des interprétations personnelles et automatiques de la réalité. Elles sont inconscientes.
  2. Le schéma est un programme cognitif abstrait qui intervient comme guide dans l’interprétation de l’information et la résolution de problèmes.
  3. Ces schémas peuvent être à la base de la personnalité.
  4. Ils peuvent représentées des distorsions cognitives et des biais spécifiques, en clair des préjugés ou des attitudes dysfonctionnelles, représentatifs dans les cas extrêmes des troubles psychologiques.
  5. Ces schémas se traduisent par une attention sélective vis-à-vis des événements. Cette attention, ou filtre, va confirmer ces mêmes schémas, comme une prédiction qui se réalise.
  6. Ces schémas, formés essentiellement dans l’enfance, peuvent devenir inadaptés dans la vie adulte. Ainsi, ils représentent une valeur de survie dans un environnement, réel ou ressenti, dans l’histoire de l’individu.
  7. Ils sont à relier à des réseaux de neurones gérant à la fois des émotions, les croyances et les comportements.
  8. Ils ont besoin d’être activé. Ceci s’effectue quand une personne est face à une menace réelle ou ressentie.
  9. L’activation des émotions et des pensées automatiques qui leur sont associées, permet d’accéder au schéma. Quelle pensée vient à l’esprit lorsque l’on ressent une forte émotion ?

 

Comportements inadaptés

Selon la théorie de Young, les comportements inadaptés se développent en réponse à un schéma. Les « schémas précoces inadaptés » représentent des modèles ou des thèmes importants et envahissants. Ainsi, par exemple, une personne qui se sent inférieure peut soit devenir égocentrique pour compenser (personnalité narcissique), soit se sentir persécutée (personnalité paranoïaque), ou encore chercher la protection d’autrui (personnalité dépendante).

Ces schémas sont latents et évités par l’individu qui ne peut reconnaître qu’ils guident sa vie. Donc aider la personne à mettre des mots sur l’expérience émotionnelle du schéma est bénéfique.

Cependant certaines personnes qui ne souffrent pas de troubles psychologiques, ou se considérant « normales », vont éviter l’introspection. Elles évitent des souvenirs pénibles et des émotions négatives, ainsi que beaucoup de comportements et de situations qui leur permettraient de progresser. On ne parlera pas de schémathérapie mais de théorie des schémas dans un cadre de coaching ou d’accompagnement.

 

Les 18 schémas

Young a identifié 18 schémas précoces inadaptés. La thérapie qui découle de cette théorie aide les patients à trouver des moyens adaptés pour satisfaire des besoins affectifs fondamentaux (la sécurité à l’attachement aux autres, l’autonomie et la compétence, la liberté d’exprimer ses besoins et émotions, la spontanéité, l’autocontrôle). Ces 18 schémas (ils étaient 15 à l’origine puis 19) sont donc répartis en 5 domaines correspondant à 5 besoins fondamentaux.

Séparation et rejets ;

difficulté dans les relations avec les autres

les autres sont peu fiables, ou pas toujours présents (type 4 et 6)

les autres sont incapables de me donner un soutien affectif (attention, empathie, protection) (Type 3, 4 et 7)

la révélation de mon imperfection va faire fuir les autres (Type 1 et 9)

 les autres font souffrir (Type 5 et 6)

je suis différent des autres (type 4)

schéma supprimé en 2001

Manque d’autonomie et de performance ;

confiance en soi sapée (surprotection, ignorance)

je suis incapable (type 9)

santé, émotions, phobie (type 6)

attachement excessif, l’un ne peut survivre sans l’autre

j’échouerai inévitablement (Type 3)

Manque de limites ;

pas ou peu de réciprocité et d’autocontrôle (manque de discipline, gestion des impulsions, différer la satisfaction immédiate) ou compensation d’un autre schéma (manque affectif)

je suis supérieur aux autres et donc j’ai des privilèges. Dominateurs, ils manquent d’empathie. (Type 7 et 8)

refus de la frustration, de la souffrance, des conflits, de la responsabilité (types 4, 7, 8 et 9)

Orientation vers les autres * ;

importance des besoins des autres au détriment de ses propres besoins.  Soumission excessive afin de se sentir aimé ou d’obtenir l’approbation

pour éviter colère, représailles ou abandon (Type 9)

combler les besoins des autres au détriment des siens (Type 2)

besoin excessif d’attention, d’estime au détriment d’une personnalité authentique. Être le meilleur, le plus populaire (Type 3)

Survigilance et inhibition ;

contrôle exagéré des réactions, des sentiments et des choix, pour éviter les erreurs

tout pourrait tourner au pire (Type 6)

éviter la perte de contrôle

pour éviter la désapprobation ou la honte, critique permanente de soi et des autres (Type 1 et 4). Perfectionnisme.

intolérance quand le niveau de perfection n’est pas atteint chez lui ou les autres (Type 1)

Schémas les plus puissants et néfastes

1 Schéma supprimé car non significatif (YSQ-3)

Schémas rajoutés en 1998 (YSQ-3)

Correspondance Ennéagramme et schémas

* Schémas conditionnels ; les schémas conditionnels sont souvent des tentatives d’adaptation développées à partir de schémas inconditionnels.

 

Voici quelques exemples ;

  • Idéaux exigeants en réponse à imperfection : « Si je parviens à être parfait(e), alors je vaudrai la peine d’être aimé(e)
  • Assujettissement en réponse à l’abandon : « Si je fais tout ce que l’autre désire sans jamais me mettre en colère, alors cette personne restera avec moi »
  • Abnégation en réponse imperfection : « Si je comble tous les besoins de l’autre et que j’ignore les miens, alors cette personne m’acceptera malgré mes défauts, et je ne me sentirai plus incapable d’être aimé(e) »

Remarques

Les personnes qui ont un schéma d’Abnégation ont presque toujours un schéma de Manque Affectif.

Tous ces Schémas Précoces Inadaptés sont présents dans la population « normale », mais ce n’est que dans la population clinique qu’ils apparaissent exagérés. Selon le modèle de Beck (1990), une croyance centrale représente la signification, ou contenu cognitif, d’un schéma.

Biologie des schémas

Les 3 cerveaux sont une vulgarisation de notre cerveau, erronée mais pratique pour la compréhension des non-spécialistes. Nous avons un cerveau reptilien, un cerveau émotionnel (qui gère émotions et la mémoire correspondante) et le néocortex qui gère le raisonnement et la logique.

L’amygdale stocke des souvenirs émotionnels, alors que l’hippocampe et le néocortex stockent les souvenirs cognitifs.

  1. Le système amygdalien est inconscient. Comme le cœur, la respiration …
  2. Il est plus rapide (système 1) et réagit donc plus vite que le cortex (Système 2) (Voir l’approche de D. Kahneman ; Système 1 & 2)
  3. Le système amygdalien est automatique. Face à un danger, émotions et réponses physiologiques se produisent automatiquement
  4. Les souvenirs émotionnels de l’amygdale semblent être stockées de façon définitive. Donc un schéma ne peut probablement pas s’effacer.
  5. L’amygdale suscite des réponses mais elle est incapable de les inhiber.

Beaucoup de schémas se développent à un stade préverbal ; ils prennent naissance avant que l’enfant n’ait acquis le langage. L’enfant est si petit que seules sont stockées des émotions et des sensations corporelles. Les cognitions seront rajoutées plus tard, lorsque l’enfant commencera à penser et parler avec des mots.

 

Emotion et schémas

Ainsi, on peut comprendre facilement pourquoi certains schémas sont inconscients. Dans un cadre de coaching, l’accompagnant aide le client à identifier ses schémas et les cognitions et comportements associés. Dans un cadre de thérapie, le thérapeute intervient aussi pour découvrir les souvenirs infantiles et les émotions associés.

L’accompagnant fait face à de nombreuses distorsions cognitives du client. Ces distorsions accentuent les informations qui confirment le schéma et minimisent ou dénient celles qui le contredisent (prédictions auto-réalisatrices vues plus haut). Elles sont responsables de la mauvaise perception des situations par l’individu et renforcent le schéma.

Les schémas comme le type de l’ennéagramme ne peuvent pas être effacés. C’est comme un renoncement à la connaissance que l’on a de soi-même et du monde. On ne peut que réduire son intensité. On peut aussi modifier les comportements associés. Le comportement ne fait pas partie du schéma, il fait partie de la réponse d’adaptation, de la stratégie mise en place face au schéma.

Les 3 styles d’adaptation (dysfonctionnels)

Tous les organismes disposent de 3 modes de réponse face à une menace : la bataille, la fuite ou la capitulation. On parlera de compensation, d’évitement et de soumission respectivement dans la théorie des schémas. A ne pas confondre avec la compulsion décrite dans l’ennéagramme.

L’activation d’un schéma s’effectue face à une menace réelle ou ressentie (et à un besoin fondamental non comblé) à laquelle l’individu répond par un style d’adaptation. Mais ce style, s’il pouvait être adapté à un certain moment, peut être inadapté dans une autre situation, lorsque l’enfant grandit.

Les styles d’adaptation ne sont pas nécessairement stables dans le temps. Considérons par exemple 3 enfants qui s’adaptent à leur schéma d’imperfection. L’un cherchera des partenaires critiques, l’autre évitera des relations trop proches, enfin le troisième adoptera une attitude de critique et de supériorité envers les autres. Donc le comportement d’adaptation n’est pas intrinsèque au schéma.

La soumission au schéma :

Lorsque l’individu fait face à son schéma, il se soumet. Il n’essaie pas de l’éviter ou de le combattre. Il ressent l’émotion directement la douleur de l’émotion liée à ce schéma. Sans réaliser ce qu’il fait, l’individu va répéter son scénario de vie dicté par son schéma, revivant les expériences infantiles.

L’évitement du schéma

L’individu dans ce cas, va tenter d’arranger sa vie de telle manière à ne jamais avoir à activer son schéma. Il essaie de vivre sans avoir conscience du schéma comme si celui-ci n’existait pas. Face aux pensées ou aux images susceptibles d’activer le schéma, il les chasse de son esprit et cherche à se distraire. Il évite de ressentir le schéma. Il évite ainsi des secteurs entiers de la vie dans lesquels il se sent vulnérable, telles que des relations intimes ou des défis professionnels.

La compensation du schéma

Lorsque l’individu compense, il combat son schéma par des pensées, des émotions, des comportements et un style relationnel qui correspond à l’opposé du schéma. S’il s’estimait sans valeur étant enfant, il essaie en tant qu’adulte d’être parfait. S’il était soumis, il devient rebelle. Ou s’il était contrôlé, il se met à contrôler les autres ou à rejeter toutes formes d’influence. S’il était maltraité, il maltraite les autres. En surface il parait avoir confiance en lui, mais au fond il ressent le poids du schéma qui menace de surgir.

Parmi les gens les plus admirés de notre société, stars, dirigeants, magnats des affaires, beaucoup sont des compensateurs. Mais attention, la compensation a tendance à isoler et peut rendre les gens malheureux. Ils vont continuer à compenser, sans se préoccuper des gens qui s’éloignent d’eux. Quelque soit le degré de perfection, d’efficacité qu’ils visent, ils sont finalement condamnés à l’échec. Ces personnes sont incapables d’assumer la responsabilité de leurs échecs et de reconnaitre leurs limites. De ce fait elles n’apprennent rien de leurs erreurs.

 

Choix des styles

Le tempérament émotionnel est l’un des principaux facteurs qui déterminent le choix des styles d’adaptation.

Lorsque qu’un individu adopte de façon régulière certaines réponses d’adaptation, alors ces réponses deviennent des styles d’adaptation. Un style d’adaptation est donc un trait de personnalité.

Néanmoins la plupart des individus utilisent une combinaison de réponses d’adaptation et de styles. Parfois ils se soumettent, d’autres fois ils évitent et d’autres fois encore ils compensent.

Voici un tableau récapitulatif des styles d’adaptation potentiels en fonction des types de l’ennéagramme et de leurs schémas plus spécifiques.

Exemple du type 9 de l’ennéagramme et des variations de styles d’adaptation.

Soumission

Par exemple le type 9 de l’ennéagramme a pour compulsion les conflits. Il va tout faire pour éviter les conflits. Il contrôle sa colère au point de ne plus la ressentir et n’est pas conscient que cette colère est latente. Son style d’adaptation naturel est la soumission à ses schémas d’autodiscipline insuffisante et d’assujettissement. Il aura tendance à laisser les autres contrôler la situation et décider. Son refus des conflits et de la colère chez lui et les autres est conscient, mais son manque d’autodiscipline et sa colère refoulée sont complètement inconscients. Si vous essayez de lui faire ressentir cette colère, il vous regardera en pensant que vous ne le comprenez pas du tout, ou que vous essayez de le manipuler.

Evitement

Si vous mettez un type 9 sous pression, ce qu’il déteste, alors il va changer son style d’adaptation. Son nouveau réflexe va être d’éviter toutes situations de conflit. Il pourra nier le fait qu’il existe un conflit, et si vous le poussez dans ses retranchements, il sera convaincu que le sujet a déjà été discuté et qu’il a déjà été réglé. « C’est du passé. Il faut regarder l’avenir, tout va bien ».

Compensation

Enfin, si cette pression continue, le type 9 va se sentir coincer. Il va alors de nouveau changer son style d’adaptation. Et il va compenser. La colère du type 9 est rare, mais quand elle se déclare, elle est intense et fugace. Il se révolte contre l’autorité. C’est un peu le principe de la cocotte-minute. Mais le plus souvent, le type 9 va mettre en place une stratégie de passivité-agressive. C’est la meilleure stratégie, pense-t-il, face à son refus du conflit et de se mettre en colère. Il va devenir excessivement auto-contrôlé. Mais toute discussion sereine permet de faire ressortir cette colère latente qui est cette fois ci assumée. Colère qui a ses yeux sera totalement justifiée, en se positionnant le plus souvent comme une victime qui se défend, et non responsable.

Voir notre tableau des exemples de réponses et de styles d’adaptation dysfonctionnelle.

Les styles d’adaptation représentent les tentatives de l’Enfant pour s’adapter à la vie dans un environnement nocif et avec des besoins affectifs insatisfait. Les personnes soumises au schéma apparaissent comme passives et dépendantes. Le style évitant va prendre de la distance, se détacher et ne rien ressentir, quand le style compensateur, si la personne se croit coupable, va accuser les autres. Si la personne se sent dominée, elle aura tendance à tyranniser les autres. Certains compensateurs sont obsessionnels. D’autres sont passifs-agressifs.

Les 7 modes de schémas

Les modes de schémas sont des états émotionnels et les réponses d’adaptation instantanées, adaptés ou dysfonctionnels, dont nous faisons tous l’expérience. Pour Young, nos modes de schémas sont souvent activés par des événements de la vie auxquels nous sommes particulièrement sensibles.

L’état prépondérant dans lequel nous sommes à un moment donné est appelé « mode de schéma ». Cet état peut être adapté ou dysfonctionnel. Au cours du temps, chacun d’entre nous passe d’un mode à un autre.

Si le schéma et le style d’adaptation nous donnent une indication sur le fonctionnement de la personne à long terme, ils ne sont pas obligatoirement activés au moment où l’on rencontre la personne. Ils ne nous indiquent pas l’état actuel de cette personne. C’est l’intérêt du mode de schéma. D’ailleurs un mode peut inclure plusieurs schémas.

Young a actuellement isolé 7 modes de schémas (10 si l’on ajoute les styles d’adaptation) regroupés en 3 catégories : les modes Enfant (Vulnérable, Coléreux, Impulsif, Heureux), les modes Parent (Punitif, Exigeant) et le mode Adulte Sain. Certains modes sont normaux pour un individu donné, alors que d’autres sont dysfonctionnels. Le mode de l’Adulte Sain est le mode que nous cherchons tous à avoir en apprenant à modérer, à soutenir ou guérir les autres modes.

 

Les Etats du moi de l’Analyse Transactionnelle

Pour ceux qui connaissent le modèle de l’Analyse Transactionnelle (AT), la ressemblance avec les Etats du Moi est flagrante. Mais c’est le principe de la théorie des schémas ; être intégratif. C’est-à-dire prendre le meilleur des théories existantes et les intégrer dans une théorie unifiée.

Néanmoins, comme le dit Young l’approche des modes de schéma est assez complexe à intégrer. Aussi vais-je utiliser l’approche de l’analyse transactionnelle pour expliquer le concept de mode de schéma.

Un concept fondamental de l’AT est celui des états du moi : ensemble de pensées et de sentiments caractérisés par des comportements correspondants et définis par 3 états différents. Selon l’AT, l’homme peut être mieux compris si nous acceptons de diviser notre personnalité en 3 parties appelées les 3 états du Moi structurels :

  • L’Enfant ; c’est la partie de nous la plus spontanée, émotive, intuitive, impulsive. Face à ses émotions, l’Enfant peut réagir de 3 manières (en se soumettant (Enfant Adapté), en se rebellant (Enfant rebelle) ou sans inhibition (Enfant Libre))
  • Le Parent ; C’est la partie morale, nos jugements et préjugés, nos opinions sur le bien et le mal
  • L’Adulte ; c’est notre coté plus rationnel, plus objectif

 

Pas d’Etat idéal

Ces états nous font comprendre notre façon d’être avec nous-mêmes et les autres.

  • L’état du moi PARENT dérive de l’incorporation de notre modèle parental (ou assimilé). Il a un aspect normatif (critique positive ou négative) et un aspect nourricier (écoute et encouragement ou surprotection et installation de dépendance).
  • Etat du moi ENFANT est lié au vécu de l’enfant que l’on a été : ses émotions, normes de vie enregistrées, représentations appelant la reconnaissance et l’amour, …autant de reliquats de notre passé qui constituent notre état enfant.
  • L’état du moi ADULTE est le plus proche de la réalité : il fonctionne comme réponse responsable et autonome à la demande des deux autres et est dans le présent.

En AT, il est impossible de dire qu’il existe un état idéal au contraire de la théorie de Young (Enfant Heureux). L’idéal est de faire intervenir chacun à leur tour les 3 états, et ceci d’une façon appropriée aux situations. Une personne qui ne s’investirait que dans un seul état du Moi relèverait alors certainement d’un mode de schéma dysfonctionnel.

 

Ma classification

Pour ma part je parle de mode de schémas (et non d’état du moi), mais je garde la classification de l’AT en y rajoutant l’Enfant Vulnérable, cible prioritaire de la théorie des schémas.

  1. L’Enfant Vulnérable
  2. L’enfant Adapté (ou soumis)
  3. Enfant Rebelle
  4. Enfant Libre
  5. Le parent Critique
  6. Le parent Nourricier
  7. L’adulte Saint

L’adulte sain étant la personne qui peut choisir d’utiliser selon la situation, sa partie Parent ou sa partie Enfant. Je rajoute l’enfant Vulnérable, dans un cadre de thérapie ou de coaching de vie.

Identification des schémas et changement

Dans cette première phase, l’objectif est d’apprendre à reconnaître les schémas, les styles d’adaptation (soumission, évitement, compensation) et à voir comment les modes de schéma interviennent pour maintenir les schémas. Il faut comprendre intellectuellement les opérations de schémas et d’autre part dans un cadre de thérapie faire l’expérience émotionnelle de ces processus.

L’identification comporte des questionnaires de schémas et de style d’adaptation. Dans un cadre de thérapie, les thérapeutes activent émotionnellement, à partir d’exercices d’imagerie, les schémas afin d’aider leurs patients à faire le lien émotionnel entre leurs problèmes actuels et les expériences infantiles.

Un schéma correctement identifié doit avoir pour l’individu une résonnance émotionnelle. Pour se rendre compte, cela demande du temps et pour un cas relativement simple il faut compter environ 5 séances de diagnostic. Attention, dans les cas extrêmes, tous les schémas peuvent aboutir à la dépression, l’anxiété, l’abus de drogues, des symptômes psychosomatiques. Dans ces cas, le soutien d’un psychothérapeute s’avère nécessaire.

La plupart des personnes utilisent un mélange de styles d’adaptation. Par exemple une personne avec un schéma d’imperfection peut compenser au travail et être très performant mais éviter les relations intimes dans sa vie personnelle. Bien entendu, il faut vérifier si la théorie des schémas convient bien à la situation. Un problème présenté peut être purement situationnel et pas du tout en lien avec un scénario de vie ou à un schéma.

 

YSQ-3

Le questionnaire des schémas de Young (YSQ2 ou 3) est un formulaire que la personne remplit pour déterminer les schémas. Tout schéma dont des items sont scorés fortement (5 ou 6) doivent attirer l’attention de l’accompagnant. Quand la personne score fortement (5 ou 6) 3 ou plus items, pour un schéma donné, ce schéma est habituellement en cause chez la personne et méritera d’être étudié.

L’YSQ-L3 (2001) est la version longue de 232 items et déterminent 18 schémas. Cette version peut être commandée au Schéma Therapy Institute. Le YSQ-L2 (1990) contient 205 items et 16 schémas. Le schéma de non désirabilité sociale présent dans le YSQ-L2 a été retiré car non significatif, et 3 autres schémas ont été rajoutés (Punition, Négativité, Approbation) dans le YSQ-3. La version courte YSQ-S1 (1994) comporte 75 items et explore 15 schémas.

 

Validation en français

Tout questionnaire psychométrique doit être validé dans la langue utilisée. Ce qui conduit à des différences mineures. Ce qui explique les différences dans la version validée française. A notre connaissance, la validation française du YSQ-L3 n’a pas été publiée, certainement pour des raisons commerciales. Pour ma part, j’utilise une version médiane, que l’on peut assimiler au YSQ-S3, de 146 items et 19 schémas (J’ai gardé le schéma de fusionnement de la validation française) intégrant la validation française d’origine et les nouveaux schémas non validés en Français et traduits de la version anglaise. L’avantage est l’utilisation de seuils validés sur une population clinique et non clinique (L’encéphale, validation empirique … Cottraux, 2009) ; un score autour de 225 « vous allez bien ! En considérant vos réponses sincères ». Un score autour de 315 ou supérieur « Vous ressentez un certain ras-le-bol ».

J’ai rajouté arbitrairement des seuils à 50% et 67 % pour chaque schéma pour des raisons simples de lisibilité, afin d’identifier facilement les schémas qui méritent d’être étudiés.

 

Procès du schéma

L’accompagnant clarifiera les divergences de façon à assurer une identification correcte des schémas, que seul le questionnaire ne peut faire.

Effectivement, certaines personnes évitante auront tendance à coter les items à la hâte, avec des valeurs basses, afin d’éviter d’affronter leurs schémas. Pour ces personnes, l’inventaire des attitudes parentales de Young (YPI, 72 items) peut s’avérer une meilleure méthode d’identification des schémas que le YSQ.

Une fois le ou les schémas identifiés, la personne commence par apprendre à faire le procès du schéma. Pour cela nous utilisons les cartes mentales (ou cognitives) de l’ennéagramme ®. La personne va personnaliser sa propre carte en faisant ressortir le ou les schémas identifiés, et éliminer les schémas, pensées et comportements qui ne lui sont pas propres.

Puis nous commençons à réfuter la « réalité » du schéma sur le plan rationnel. L’objectif étant de mettre en exergues les conséquences néfastes du schéma. Il est essentiel à ce stade de proposer des alternatives au schéma. Pour cela nous utilisons le modèle des conseillers de l’ennéagramme qui permet à la personne de se décentrer de son scénario de vie et de visualiser ses propres alternatives.

En thérapie ou coaching de vie, on rajoute des techniques émotionnelles et comportementales.

Le travail sur les modes de schémas

Comme indiqué précédemment, un mode est un ensemble de schémas ou d’opérations, adaptés ou inadaptés, qui sont actifs à un moment donné chez une personne. L’intérêt des modes, au-delà des cas spécifiques de troubles de personnalité borderline et narcissique, est son utilisation pour des personnes présentant des comportements ou cognitions dysfonctionnelles plus légers.

On peut passer d’une approche simple des schémas à une approche des modes lorsque l’accompagnement peut paraître bloqué. Cela peut se produire face à une personne très rigide, très évitante ou très compensatrice. Cette approche est importante pour les personnes qui font du type 4 de l’ennéagramme, lesquels sautent de façon répétée de la colère à la tristesse.

Néanmoins les modes peuvent changer fréquemment chez une personne donnée, ou bien rester relativement constants.

A cette étape, l’identification des modes de la personne, implique de les nommer. Il est préférable de ne pas utiliser les noms des modes comme définis plus haut. Il est important de travailler avec la personne pour trouver des noms qui correspondent à sa pensée, ses émotions ou ses comportements. Ainsi le Soumis Obéissant peut devenir « le bon fils – la bonne fille », l’Enfant Vulnérable devenir « l’enfant solitaire » … « Annette Gâtée », « Annette la Dure », « Petite Annette ».

 

L’enfant vulnérable

C’est l’Enfant Vulnérable qui contient les schémas les plus centraux. En schémathérapie, l’objectif est de mener des dialogues entre l’Enfant Vulnérable et l’Adulte Sain, l’accompagnant pouvant tenir le rôle de l’Adulte Sain au début des dialogues.

Pour ma part, j’utilise l’Analyse Transactionnelle pour l’identification des modes de schémas. L’égogramme est un questionnaire de 55 items qui permet d’identifier les modes de schémas les plus utilisés ou réprimés.

Enfin j’utilise une adaptation du QRI (Quality of relationship Inventory, 1994) en 31 items pour identifier le style d’adaptation.

En conclusion

Au contraire des approches cognitives qui commencent par traiter les cognitions superficielles telles que les pensées automatiques, la théorie des schémas aborde tout de suite les schémas. C’est une approche de la profondeur (scénarios de vie) plutôt que de la surface (problèmes actuels). C’est une théorie qui valorise l’introspection, sans rentrer dans les pulsions sexuelles et agressives comme le font les approches psycho-dynamiques (psychanalyse…). Comme l’ennéagramme, la théorie des schémas identifie une crainte centrale (la compulsion pour l’ennéagramme), dysfonctionnelle et souvent présentée comme une « vérité » par le client.

La théorie des schémas et l’ennéagramme sont 2 modèles dynamiques qui ne vous enferment pas dans une case, mais qui au contraire vous aide à gérer avec plus de flexibilité certains schémas enfermant. Les styles d’adaptation et les modes de schéma permettent de mieux comprendre la dynamique de désintégration et d’intégration de l’ennéagramme.

Sources

  1. La thérapie des schémas (Jeffrey E. Young, Jant S. Klosko et Marjorie E. Weishaar, Ed 2017 deboeck)
  2.  L’ennéagramme moderne (fred Lacroix, 2021)

 

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