Le sens de la résilience (définition)

Le sens de la résilience (définition)

12 septembre 2021 psycho 0

Le sens de la résilience (définition) – Typhaine Lacroix Sept 2021 (Psychothérapeute)

Pourquoi ou comment certaines personnes sortent renforcées, ou résistent mieux que d’autres face aux épreuves de la vie, à l’adversité, à un traumatisme ? Comment se remettre d’un attentat, comment se reconstruire ? Comme le dit si bien Michel Tousignant (2005). « Comment se protéger, continuer de lutter, avoir prise sur la vie, et conserver au milieu de tout cela un semblant de dignité, ne pas se sentir responsable ou complètement impuissant devant les malheurs qui nous tombent sur la tête ? ». Longtemps cette caractéristique fut imputée à une constitution particulière de l’individu. Ce n’est que récemment, par une approche systémique, que la notion de résilience est apparue.

Définition du concept de résilience

Le mot résilience a d’abord été utilisé dans la physique des matériaux. Elle exprime la capacité d’un matériau à absorber l’énergie d’un choc en se déformant, et sa capacité à retrouver sa forme initiale, donc à ne pas rompre. Dans le domaine des technologies de l’information, la résilience fait référence à la capacité d’un système informatique à continuer à fonctionner en cas de panne, de piratage ou de surcharge d’activité. C’est sa capacité à s’adapter à toutes les situations, qu’elles soient fréquentes ou inattendues.

En sciences humaines (psychologie, sociologie…), la résilience peut-être considérée comme un processus dynamique impliquant l’adaptation positive dans le cadre d’une adversité significative. Une différence majeure avec la résilience physique d’un matériau est que la personne ne retrouve pas son état initial. Mais au contraire évolue en s’adaptant à la nouvelle situation. Il y a une notion de développement, de dynamique dans la résilience psychologique.

 

L’apport d’Emmy Werner

Le terme de résilience fut d’abord utilisé par Emmy Werner et Michaël Rutter dans les années 80 (1989). Depuis 1955, Emmy Werner suivait le devenir de 698 enfants d’une île hawaïenne extrêmement défavorisée. Trente années plus tard elle constatait que des enfants qui, de 10 à 18 ans, avaient été très altérés physiquement, psychologiquement et socialement, avaient à l’âge de 30 ans, pu réparer une grande partie de leurs troubles. Deux tiers environ des sujets non résilients à l’adolescence le sont devenus à l’âge adulte.

C’est seulement dans les années 1990 que le concept de résilience s’est vraiment développé en France sous l’égide de praticiens comme Boris Cyrulnik, Michel Manciaux, Stanislas Tomkiewicz … Le nombre de publications en France sur la résilience était de 609 entre 2000 et 2015. La France était en 7° position mondiale en nombre de publications (3.44%), néanmoins encore loin derrière les Etats-Unis (37.4%)(Jourdan-Ionescu, 2018).

De nombreux concepts sont associés à la résilience comme le stress, le coping, les facteurs de risques et de protection, la vulnérabilité, l’estime de soi, le locus de contrôle, l’attachement (secure/insecure), les mécanismes de défenses …

Les différentes approches de la résilience

La résilience peut-être abordée dans le cadre d’approches qui s’appuient parfois sur une définition très large de son acceptation, alors que d’autres dessinent des contours plus nets, voire restrictifs.

Dans la littérature (Anaut, 2005) , la résilience peut-être référée à :

  • Un développement normal dans des conditions difficiles
  • Un processus par lequel un individu interagit avec son environnement pour produire une évolution donnée.
  • Une capacité de réussir une insertion dans la société en dépit de l’adversité qui comporte le risque grave d’une issue négative.
  • Une adaptation exceptionnelle malgré l’exposition à des stresseurs significatifs.

Comme l’indique les différentes définition de la résilience, la résilience peut être considérée comme un processus banal d’adaptation à la vie (développement normal dans des conditions difficiles). Ou à l’inverse comme une adaptation exceptionnelle face à un événement exceptionnel ou répétitif.

L’individu, les proches et la population

D’autre part la résilience peut-être vue aussi sous l’angle de l’individu, de la famille, d’une communauté ou de la société. Dans le cas d’un acte terroriste, ce ne sont pas seulement les individus qui sont visés, mais la population et ses institutions. Le trauma est vécu par les victimes directement mais aussi indirectement par la famille et les proches. Au niveau de la population, on assiste à des démarches de soutien communautaire, concrétisées sous forme de dons de sang, d’aide spontanée pour extraire les victimes ou pour accueillir les sinistrés.

Enfin fonction des différents disciplines de la psychologie et de ses obédiences, des approches peuvent diverger. Il peut y avoir un grand écart entre les approches de la psychosociologie qui peut étudier un pays et les approches psychodynamiques qui peuvent se focaliser sur l’individu, ses processus intrapsychiques et son internalisation de l’environnement.

Les études sont nombreuses et on peut citer 2 directions :

  • Tout d’abord la neurobiologie. Comme le constatait Bustany (2012), « on recense à ce jour une douzaine de systèmes de réponses cérébrales au stress. Fondés sur des neurotransmetteurs, des neuropeptides ou des hormones, ces systèmes s’organisent pour contrôler notre vulnérabilité au stress et notre résilience ».
  • Puis les tentatives de modélisation de la résilience. En 2014, Prince-Embury a présenté un modèle basé sur trois caractéristiques de la résilience personnelle (resiliency) et sur leurs interrelations : le sentiment de maîtrise (sense of mastery); le sentiment du rapport aux autres (sense of relatedness); et la réactivité émotionnelle (emotional reactivity).

Ainsi il est parfois difficile de délimiter la résilience et de s’entendre sur ce que la résilience veut dire. Il n’y a pas de raisons particulières de penser que les ressources utilisées face à un trauma sont spécifiques et différentes de celles utilisées pour faire face à une adversité journalière (Leys, 2018).

 

Nous proposons néanmoins deux définitions
  • La définition de Claude de Tichey (2001) : « Capacité de l’individu de se construire et de vivre de manière satisfaisante malgré les difficultés et les situations traumatiques auxquelles il peut être confronté au cours de son existence ».
  • La définition de Manciaux, Vanistendael, Lecomte et Cyrulnik (2001) : « Capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes sévères »

Cette dernière définition introduit la notion dynamique et évolutive de la résilience.

Un processus multi-causal

 

Trait de personnalité ?

Est-ce que la résilience est un trait de personnalité ou un processus qu’un individu développe plus ou moins au long de sa vie ? La question est importante, car si c’est un trait de personnalité alors cette caractéristique serait acquise une fois pour toutes et stable dans le temps (Ashton, 2014 & Cottraux, 1995). La partie innée de la personnalité pourrait impliquer une surestimation de la part d’hérédité dans le processus de la résilience.  On naitrait résilient ou pas. A l’inverse, le concept de processus dynamique et évolutif (aussi bien positif que négatif) ouvrirait le champ de l’accompagnement, d’intervention thérapeutique et la possibilité de soutenir un individu, comme pour cet individu la notion que rien n’est écrit.

Bowlby a le premier, insisté (dès les années 50) sur le rôle de l’attachement dans la genèse de la résilience, qu’il a définie comme « ressort moral, qualité d’une personne qui ne se décourage pas, qui ne se laisse pas abattre ». Le style d’attachement « secure » permettant à l’enfant de développer la résilience. Mais depuis, la plasticité des styles d’attachement a été soulevée (Anaut – 2005).

 

Invulnérabilité ?

Les différences interindividuelles face aux stress et aux traumatismes sont parfois été expliquées par la variation de la vulnérabilité interne des personnes. Cela a été le cas des premières interprétations d’Emmy Werner pour comprendre les enfants résilients. Mais cette approche bute contre le concept d’invulnérabilité plus liée à une insensibilité peu humaine (ou pathologique) bien éloignée de la réalité des personnes résilientes.

Ainsi cette approche de vulnérabilité intrinsèque à l’individu ne tient pas compte des paramètres de l’environnement qui peuvent soit amplifier le choc, soit l’atténuer. Pour illustrer la résilience, la métaphore des trois poupées (inspirée d’Anthony -1982) proposée par Michel Manciaux (1999). Si on laisse tomber une poupée, elle se brisera plus ou moins facilement en fonction de divers paramètres : la force du jet (négligence ou agression), la nature du sol (béton, moquette..) et le matériau dont elle est fabriquée (verre, porcelaine, chiffon).

Riolli, Savicki, et Cepani (2002) ont trouvé que la résilience était positivement corrélée à l’ouverture à l’expérience, à la conscienciosité et l’extraversion et négativement corrélée au neuroscepticisme (les facteurs du Big5). Oshio, Taku, Hirano, & Saeed (2018)  suggèrent que la résilience est en partie un trait de personnalité. Mais il serait erroné de conclure, du fait que certains traits de personnalité favorisent la résilience, que cela implique que la résilience est un trait de personnalité.

 

Processus multicausal !

Ce n’est pas une seule cause qui provoque un effet de malheur ou une résistance au malheur, mais une convergence de causes internes et externes. En effet, la résilience est un processus multifactoriel impliquant des facteurs protecteurs versus des facteurs de risques qui, dans un contexte donné, produisent une interaction singulière. C’est une interaction entre l’individu et son environnement, comprenant des variables internes au sujet (structure psychique, personnalité, mécanismes de défense…) et des variables externes (caractéristiques de l’environnement socioaffectif).

L’interaction entre les facteurs de risques et les facteurs de protection pourra conduire vers la résilience ou vers la vulnérabilité.

Un mécanisme d’immunisation décrit la capacité de certains individus à mieux supporter les épisodes traumatiques accumulés, suggérant une amélioration des capacités de résilience et confirmant ainsi que la résilience est un processus dynamique (Bonanno, 2004).

La résilience devient le résultat d’un processus qui se déroule dans le temps, lors des rencontres avec l’adversité.

Fonctionnement

Trauma et mécanismes de défense

La résilience reste néanmoins souvent intimement liée à la notion de trauma. En psychanalyse on distingue trauma et traumatisme. Le trauma indique l’exposition à des événements aversifs, alors que le traumatisme réfère à l’effet psychique résultant de la rencontre avec le trauma.

Ainsi le trauma peut être un événement unique, massif comme un attentat, mais peut-être une accumulation d’événements aversifs, ou de carences graves répétées (négligences familiales…).

Le traumatisme inclut un retentissement affectif singulier, propre à chaque personne. Ainsi l’intensité émotionnelle dépend de la perception du sujet et des ses capacités défensives, et se retrouve subjectif.

Mécanismes de défense d’urgence

Face à ce trauma, un individu met en place des mécanismes défensifs « d’urgence » pour se protéger. Cela peut être le déni, la projection, l’imaginaire, la répression des affects, des comportements passifs/agressifs …. C’est la première phase du fonctionnement psychique.

Ce qui caractérise les mécanismes de défense est avant tout leur rôle homéostatique. Leurs buts sont de protéger le sujet, l’empêchant d’être immobilisé par l’anxiété et la dépression. Cependant, ils peuvent être plus ou moins adaptés, notamment en fonction du contexte de leur utilisation et de la rigidité de leur expression (Anaut, 2005).

Pour rappel, nous proposons la définition d’Alain Braconnier pour définir les mécanismes de défense (1998) : « La notion de mécanisme de défense englobe tous les moyens utilisés par le moi pour maîtriser, contrôler, canaliser les dangers internes et externes ».

Boris Cyrulnik (2001) propose les notions d’échafaudage précoce (musculation du moi) et de réactions adaptatives au fracas (coûteuses mais défensives).

Intégration du choc et réparation

La deuxième phase implique l’abandon ou le remplacement de certaines défenses d’urgence (déni, projection…). Des mécanismes de défense plus matures, plus adaptés à long terme sont privilégiés. Par exemple la créativité, l’humour, l’intellectualisation, l’altruisme, la sublimation… Claude de Tichey (2001) parle de mécanismes d’élaboration sur lesquels l’individu pourra s’appuyer pour espérer traiter les conflictualités et les tensions.

D’autre part, un processus de mentalisation se met en place. Il s’agit de donner du sens au traumatisme. Pour Claude de Tichey les mécanismes de défense contribuent à fonder la résilience à court terme face au trauma alors que la mentalisation est seule à même de la structurer plus durablement à long terme.

Pour Debray (1991), la mentalisation désigne « la capacité qu’à l’individu de tolérer, voire de traiter ou même négocier l’angoisse intrapsychique et les conflits interpersonnels ou intrapsychiques ». Enfin, pour Bergeret (1991) la mentalisation correspond à « l’utilisation mentale qu’on va faire de l’imaginaire ».

L’expression d’une nouvelle identité narrative (que nous présenterons plus en détail dans un prochain article) pourra permettre une composante identitaire positive, une cohérence du moi. Le travail de représentation verbale ne modifiera pas la trauma, mais transformera sa représentation.

 

Facteurs de protection ou de risque

Les facteurs de protection sont variés. Les plus souvent cités sont, en ce qui concerne le sujet résilient, l’estime de soi, la sociabilité, le don d’éveiller la sympathie, un certain sens de l’humour, un projet de vie… En ce qui concerne l’entourage, une famille unie ou au moins un parent ou un conjoint aimant, en qui il a confiance et qui lui font confiance; et, plus largement, le soutien social. Mais la résilience ne signifie ni absence de risque, ni protection totale (M. Manciaux, 2001).

Si les relations familiales peuvent avoir un rôle protecteur, à contrario, les pathologies des liens familiaux peuvent constituer des contextes traumatogènes pour l’individu (maltraitances psychologiques, physiques et abus),  ou encore l’exposition de l’individu à des situations non gérables pour lui. C’est le cas des enfants dits parentalisés ou adultifiés, p. ex. certains enfants ayant des parents malades mentaux ou des parents fortement défaillants du point de vue social… Ainsi, la famille peut protéger ou devenir traumatogène.

L’analyse des mécanismes de défense d’un sujet peut permettre de repérer des processus défensifs rigides et/ou coûteux en énergie (p. ex. persistance de défenses d’urgence). L’objectif serait alors de mettre en place des accompagnements pour transformer les formes souffrantes de résilience en processus résilients véritablement salutogènes.

 

Résilience naturelle et adaptée

Face à l’adversité chronique et aux événements potentiellement traumatisants, certaines personnes s’en sortent sans présenter des troubles psychopathologiques permettant de faire un diagnostic clinique. Ionescu a désigné le processus sous-jacent à ce constat « résilience naturelle » parce qu’elle se construit sans l’aide, sans l’intervention des spécialistes de la santé mentale. A l’inverse certaines personnes nécessitent un soutien. Ionescu (2004) propose le syntagme de « résilience assistée ».

Accompagnement du psychotrauma et pratiques thérapeutiques

Une émotion trop forte bouleverse, altère le fonctionnement cérébral.

La plupart des chercheurs et des praticiens s’accordent pour considérer que la résilience est un potentiel présent chez tout un chacun. Dans cette perspective, Michel Lemay (1999) la décrit comme : « un formidable réservoir de santé dont disposerait chaque individu ». La résilience peut se développer différemment suivant les individus, leurs caractéristiques singulières, en fonction des étapes du développement psychologique, du cycle de vie et des circonstances socio-environnementales.

L’intervention psychologique immédiate

Il faut distinguer l’accompagnement précoce de l’accompagnement à long terme. Ce dernier s’adresse à des patients qui souffrent d’un syndrome psycho-traumatique constitué, durable voire chronicisé, et installé à l’issue de la période post-immédiate (judicieusement dénommée à cause de cela période d’incubation, de méditation, de contemplation ou de rumination) (Crocq, 2004).

Le soutien précoce fait qu’il faut d’abord sécuriser un blessé préverbalement. Mais il ne faut pas les forcer. En effet, certaines personnes traumatisées éprouvent le besoin de parler tout de suite, mais n’éprouvent pas forcément le besoin de parler de leur trauma. Elles éprouvent toutefois le besoin de parler, dans le sens où la parole a une fonction bien plus affective qu’informative (Cyrulnik, 2018).

Ce qui est essentiel, c’est que les personnes aient le choix de parler comme de se taire, de serrer les dents et de ne pas parler de ça. Si nous forçons une personne à parler, le risque est que cela participe à rajouter une source verbale au traumatisme et, par conséquent, à l’aggraver (Bonnano, 2004). Parler ce n’est donc pas réciter le traumatisme. Il s’agit d’élaborer, soit d’ajouter une autre source verbale à la mémoire suite à la source verbale du trauma.

L’intervention psychologique à plus long terme

Les tableaux cliniques en cause sont ceux de la névrose traumatique (ou plus généralement du syndrome psycho-traumatique chronique), comportant ses trois volets des manifestations de reviviscence, des symptômes non spécifiques (dits aussi « associés ») anxieux, asthéniques, somatoformes ou comportementaux, et de l’altération de la personnalité après impact du trauma. Les techniques thérapeutiques utilisées comprennent d’une part la prescription de médicaments psychotropes visant à réduire les symptômes gênants d’insomnie, d’anxiété et d’inhibition dépressive, et d’autre part la conduite d’une thérapie du trauma, visant à faire découvrir au sujet le sens profond de son expérience traumatique et à inscrire cette expérience ainsi dotée de signification dans la continuité de son histoire de vie. Mais, quelles qu’elles soient (cognitivo-comportementalistes, hypnotiques, de soutien psychothérapique ou d’inspiration psychanalytiques), ces techniques se rattachent à la méthode cathartique préconisée par Freud dès 1893, dans ses deux volets : non seulement faire revivre l’événement in statu nascendi et assorti de toute la charge des affects restés coincés, mais aussi de faire associer à son sujet, c’est-à-dire de le réinscrire dans le grand complexe des signifiants personnels du patient (Crocq, 2010).

Les entretiens thérapeutiques sont individuels et programmés sur une longue durée de temps (certains apportent la guérison en quelques mois, d’autres n’apportent qu’une amélioration partielle, malgré leur poursuite pendant plusieurs années). A noter qu’il existe aussi des groupes de paroles pour patients traumatisés (à partir du même événement ou à partir d’événements différents), apportant des améliorations le plus souvent partielles mais appréciables.

Le modèle de la résilience

Ainsi le modèle de la résilience complète l’approche classique de la vulnérabilité, des facteurs de risque et de la psychopathologie. En effet, la résilience élargit les perspectives des pratiques cliniques en complétant la prise en compte des «caractéristiques pathogènes» par celle des «caractéristiques salutogènes»…

Aujourd’hui, il existe de nombreuses mesures de la résilience. Cette variété souligne la difficulté de mesurer la résilience de manière pertinente et opérationnelle (Leys, 2018).

Les programmes d’accompagnement de la résilience peuvent tenter de stimuler ou développer des modes de protection en s’appuyant sur des caractéristiques individuelles déjà existantes ou à développer chez un sujet. Comme par exemple : l’efficience intellectuelle ; l’autonomie et l’efficacité dans ses rapports à l’environnement ; le sentiment de sa propre valeur ; les capacités d’adaptation relationnelles et d’empathie ; l’anticipation et la planification ; le sens de l’humour.

 

Mobiliser les ressources

Le développement de la résilience passe, pour les professionnels, par un autre regard sur la réalité, en vue d’un meilleur usage des stratégies d’intervention. Ce regard cherche, au delà des symptômes et des comportements, à détecter et à mobiliser les ressources des personnes, de leur entourage, de la communauté. Il conduit à abandonner tout déterminisme fataliste, toute idée de reproduction transgénérationnelle automatique et tout perfectionnisme, afin que la personne et la famille cherchent, dégagent et se construisent elles-mêmes un chemin de vie (M. Manciaux, 2001).

Si l’on situe la résilience dans un contexte d’adversité quotidienne, pas obligatoirement traumatique, l’utilisation de l’ennéagramme peut s’avérer un bon outil pour développer les capacités d’adaptation relationnelle et à mobiliser les ressources des personnes.

Conclusion

La définition de la résilience fait référence à la reprise d’un nouveau développement après un fracas traumatique.

La résilience n’est pas acquise une fois pour toutes, mais en constant développement. Ainsi, un sujet réputé résilient peut rencontrer des ruptures ou failles de résilience lors d’une accumulation de stress ou de traumatismes. Par ailleurs, le processus de résilience souvent évoqué chez les enfants ou à partir de l’enfance semble pouvoir apparaître à différentes étapes de la vie. Ainsi, on observe l’émergence du processus résilient à tout âge (y compris dans la vieillesse). Situer la mentalisation par rapport au continuum temporel nous amène à comprendre pourquoi la résilience n’est jamais absolue mais fluctue inévitablement au cours du temps (Tichey de, 2001).

 

L’identité narrative

Ce qui est important pour le développement de la résilience c’est, non seulement le regard que les personnes portent sur elles-mêmes face à l’adversité, leur perception de la situation, leur projection dans l’avenir etc., mais également le regard que les autres portent sur les sujets blessés.

L’individu, se retournant sur son passé, pourra, en s’exprimant par la parole, l’écriture, le dessin, le théâtre, l’altruisme ou tout autre mode d’expression culturelle, effectuer un travail de remaniement cognitif qui lui permettra de lever son déni et son clivage et de redevenir entier, cohérent. Son identité narrative enfin apaisée lui permettra de se poser en disant simplement

« Je suis celui qui a connu le fracas, qui a plus ou moins bien cicatrisé, c’est avec ça que vous aurez à établir vos nouvelles relations » (B. Cyrulnik, 2001).

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