Ennéagramme et besoins fondamentaux

Ennéagramme et besoins fondamentaux

1 septembre 2020 ennéagramme 0

Ennéagramme et besoins fondamentaux de l’auto-détermination par fred Lacroix – Sept 2020

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En 2020, l’approche par les traits de personnalité (psychométriques comme le big5 ….) ne propose pas d’explication sur la genèse des comportements humains.

Le modèle de l’Ennéagramme aspire à une description et à une compréhension très détaillées du psychisme d’un individu. Sa théorie de la personnalité se distingue nettement par sa typologie caractérielle aux combinaisons multiples et aux connexions psychodynamiques permanentes. Ainsi, elle ne se résume pas à un « catalogue » dans lequel il suffirait de sélectionner le type prédominant qui prédirait les pensées, les émotions ou les comportements d’un individu. Au contraire, la répartition des ennéatypes varie entre chaque individu en fonction de son héritage familial, de son histoire de vie personnelle, de son âge, de sa maturité mais également de ses états psychoaffectifs instantanés.

Certains ennéatypes semblent plus prédisposés que d’autres à un vécu d’instabilité émotionnelle ou à ressentir des émotions désagréables telles que la peur ou la tristesse.

Dans cette étude, nous avons recherché l’existence éventuelle de liens entre les ennéatypes et les besoins fondamentaux de la théorie de l’auto-détermination. L’autodétermination concourant au bien-être, au bonheur eudémonique d’une personne.

Au final, merci aux 63 participants sans qui cette étude n’aurait pas pu être réalisée: Arthur, Philo …

Fig 1: Liens entre ennéatype et le score de nos 3 besoins fondamentaux de l’autodétermination. En vert les scores élevés, en orange les scores faibles. Le 8 ayant la moyenne la plus élevée, le 4 la plus basse. (étude sur 63 participants)

L'ennéagramme

« Ennéagramme » est issu du grec ancien έννέα (neuf) et de γράμμα (lettre, symbole). Il désigne un modèle de la personnalité basé sur un dessin à neuf branches.

Jusqu’au siècle dernier, les origines de l’Ennéagramme restent mystérieuses et ses écrits épars. Ce qui malheureusement donne souvent une image ésotérique et négative à ce modèle. En France, l’Ennéagramme figure dans le rapport de 2010 de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Cependant, d’autres méthodes efficaces utilisées couramment en psychologie médicale sont également citées dans ce rapport. Nous pensons notamment à l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing).

Claudio Naranjo, médecin psychiatre chilien, décida de transcrire ce système dans un langage adapté au monde occidental. Par ailleurs il  porta son intérêt sur les liens entre l’Ennéagramme et les catégories diagnostiques du DSM. Ce manuel (DSM: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) est un ouvrage publié par l’Association Américaine de Psychiatrie et qui fait référence dans le monde. 

En outre, Naranjo collabora avec les grands psychologues de la personnalité de l’époque dont Allport à Harvard et Cattell à l’Université de l’Illinois vers 1962-1963. Il travailla également avec Fritz Perls, fondateur de la Gestalt-thérapie. Finalement le modèle sera popularisé dans les années 1970 entre autres par Helen Palmer. Ainsi l’ennéagramme est aujourd’hui une unité d’enseignement (UE) dans le MBA de Standford (1994), un des diplômes commerciaux les plus cotés outre-atlantique. Puis il est présent dans d’autres universités américaines (Chicago …) et canadiennes, ainsi qu’à HEC. 

L’ennéagramme est utilisé aujourd’hui comme outil d’accompagnement par des coachs, ou comme outil d’aide au diagnostic par des psychothérapeutes, ou tout simplement comme outil de développement personnel ou de management. L’avantage de cet outil est qu’il est accessible à tous.

 

Le modèle de l’ennéagramme

En premier lieu ce modèle propose neufs caractères que nous nommerons « ennéatypes » en tant qu’abréviation de « type de caractère selon l’Ennéagramme ». Néanmoins bien que répondant à la définition d’une typologie des caractères, ce modèle est beaucoup plus complexe puisqu’il intègre plusieurs dynamiques.

Le caractère se forme parfois par identification à certains traits de caractère des personnes influentes de l’enfance et l’adolescence (souvent les parents) ou au contraire par contre-identification à ces mêmes personnes. Jusqu’ici, on peut penser que l’on ne s’éloigne pas vraiment des modèles théoriques classiques de la personnalité. Cependant, l’Ennéagramme va intégrer une approche motivationnelle des comportements humains allant bien au-delà d’un simple assemblage acquis de traits de caractère.

En ce qui nous concerne, le modèle de l’Ennéagramme distingue deux modalités de fonctionnement de l’être humain. L’un est caractérisé par un plein éveil à sa conscience. L’autre par un « pilote automatique » qui apparaît suite à la rencontre entre des prédispositions héréditaires et un conditionnement. Ces deux modalités sont représentées aux 2 extrêmes d’un continuum et sont appelées dans le modèle de l’ennéagramme respectivement l’essence et la personnalité. Bien entendu, chaque individu ne se situe pas dans un des deux extrêmes mais dans ce continuum. Sa position sur ce continuum dépend de sa constitution, de son histoire personnelle et de ses circonstances actuelles de vie.

Passion et fixation de l'ennéagramme

Fixations et passions

Le noyau fondamental de chaque personnalité est décrit par Naranjo comme ayant une double nature : une fixation associée à une passion. Chaque passion va être sous-tendue par un préjugé cognitif appelé fixation, justifiant et perpétuant à la fois le comportement. L’intensité ou la répétition de la frustration d’un besoin peut entraîner un intense conditionnement cognitif, affectif et comportemental.

On assiste alors à une rigidification de la personnalité en direction d’une ou plusieurs des neuf modalités (ennéatypes), constituant alors autant de syndromes cliniques. La personnalité est donc le reflet de l’expression de l’ensemble des ennéatypes d’un sujet. Bien que chacun de nous exprime les neuf caractères de l’Ennéagramme dans des proportions uniques, le sujet soumis à un ou plusieurs ennéatypes utilisera préférentiellement ces modalités de réponse au détriment d’une certaine flexibilité. L’enseignement traditionnel de l’Ennéagramme considère que chaque individu est soumis à un ennéatype principal. Cet ennéatype principal serait à la racine de toutes ses modalités de caractère.

Bonheur et bien-être

Deux conceptions et définitions du bonheur ou bien-être coexistent traditionnellement dans la recherche en psychologie. Premièrement la conception hédonique puis la conception eudémonique.

La conception hédonique est centrée sur les composantes affectives (émotions positives et négatives) et la satisfaction par rapport à sa vie. Le concept de bien-être subjectif représente cette tradition.

La conception eudémonique est basée sur la prémisse que les gens se sentent heureux s’ils connaissent une croissance personnelle. D’autre part qu’ils ont le sentiment d’avoir des buts et que leur vie qui a du sens. D’ailleurs des exemples très influents de théories qui se situent dans cette approche sont celles des psychologues américains humanistes Abraham Maslow (pyramide des besoins) et Carl Rogers (théorie de la réalisation de soi). Un exemple actuel est la théorie de l’autodétermination.

 

La psychologie positive

Le psychologue Martin Seligman et ses collègues ont élargi ce domaine de recherche en ajoutant une troisième orientation. Celle de la poursuite de l’engagement. Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi a introduit la notion de « l’état de flow ».

Le courant de la psychologie positive définit le bonheur authentique comme comportant 3 composantes :

C’est la composante hédoniste qui consiste à maximiser les expériences positives. Par ailleurs elle minimise les expériences douloureuses. Ainsi elle obtient les plaisirs souhaités .

Elle est basée sur des activités qui contribuent à quelque chose qui dépasse la personne et au bien commun. En d’autres termes cela concerne la famille, la communauté, la justice, etc. 

En dernier lieu, la vie engagée est, elle, basée sur des activités dans lesquelles la personne est complètement engagée. Ainsi elle produit un sentiment d’immersion, de concentration énergique et de satisfaction inhérente. On parle de « state of flow ».

La théorie de l'auto-détermination

Au cours du siècle dernier, la théorie selon laquelle les humains ont des besoins fondamentaux a été développée par plusieurs théoriciens différents (Maslow , McClelland, Decy et Ryan, Bandura….).

Parmi ces besoins, 3 besoins psychologiques, présumés innés et universels, sont à la base de la motivation et de l’intégration de la personnalité, selon la théorie de l’autodétermination. Cette théorie, dont l’origine remonte aux années 1970 et qui a connu un fort développement en psychologie sociale dans les années 2000, est centrée sur la croyance que des besoins psychologiques fondamentaux dont la réalisation de soi est nécessaire au bien-être, au développement et au fonctionnement sain et optimal :

  • L’autonomie : c’est le besoin de se sentir à l’origine ou à la source de ses actions.
  • La compétence : c’est le besoin de se sentir efficace et capable d’effectuer des tâches de différents niveaux de difficulté.
  • L’appartenance sociale : c’est le besoin de se sentir connecté et supporté par d’autres personnes.

Pour Deci et Ryan (1985), la motivation s’inscrit dans la théorie de l’autodétermination. En effet, une personne a besoin de se considérer comme la cause principale de ses actions. Ainsi ce besoin d’autorégulation est intimement lié au besoin de se sentir compétent, ainsi qu’au besoin d’entretenir des relations avec les autres.

 

Besoin et bien-être

C’est pourquoi si l’un de ces trois besoins n’est pas comblé dans un contexte donné, la santé psychologique en souffre et la croissance personnelle est entravée. Le sentiment d’être contrôlé de l’extérieur ou d’être inefficace compromet la motivation intrinsèque et amène à être contrôlé par des critères externes tels que le chèque de paye ou l’approbation d’un supérieur.

Ces différentes dimensions élaborées par la théorie de l’autodétermination peuvent être mesurées à l’aide d’un questionnaire (BNSGS – Deci & Ryan 2000). D’ailleurs ce test est disponible gratuitement sur notre site grand public https://aprisme.blog (« nos 3 besoins fondamentaux »).

A cet égard, il peut être intéressant d’étudier la corrélation potentielle entre un ennéatype donné et le sentiment d’autodétermination. Au fond, est-ce que notre auto-détermination est influencée par notre Ennéatype et donc nos croyances (fixations)?

Méthodes et outils

Nous avons sollicité 1229 personnes par un mailing en inbound marketing pour répondre au questionnaire d’auto-évaluation BNSGS (Basic Needs Satisfaction in General Scale) en juin 2020 via l’agence de consulting C5s. L’accès au test se faisait directement à partir du mailing. De surcroît, le questionnaire répond aux normes RGPD. Chaque participant recevait les résultats du test automatiquement à la fin du questionnaire et pouvait télécharger ses résultats. Le test pouvait être anonyme (16% l’ont décidé). Cependant si le participant souhaitait avoir accès aux résultats de l’étude globale, il lui était demandé de laisser son email et son nom.

D’autre part, la condition pour participer à l’étude était de connaître son ennéatype. En revanche, l’ennéatype n’a pas été vérifié. Cependant plus de 50 % des personnes sollicitées  sont venues faire le test Ennéagramme ou son sous-type sur le site https://aprisme.blog (« Test ennéagramme ») au cours des 3 années précédentes.

 

Le BNSGS

Le BNSGS (Deci & Ryan 2000) est un questionnaire d’autoévaluation de 21 questions avec un likert à 7 (échelle de 1 à 7: absolument faux à très vrai).

63 personnes ont acceptées de faire le test BNSGS dans le cadre de l’étude. Ainsi 79 % étaient des femmes. En ce qui concerne l’âge, il variait de 18 à 76 ans avec une moyenne de 42 ans. D’autre part, plus de 70% de ces 63 personnes ont acceptées de faire un 2ème test sur les valeurs sociales dans une étude en parallèle.

Par ailleurs, un peu moins de 50 % connaissaientt leur sous-type ennéagramme.

En dernier lieu, la répartition entre les 9 ennéatypes était relativement homogène sauf pour le type 8. Effectivement ce n’est pas une surprise de par les croyances de cet ennéatype qui habituellement est résistant à ces études ou aux tests psychométriques (expérience C5s à travers le site aprisme.blog sur 3 ans).

Tab. 1: Répartition des ennéatypes parmi les 63 participants

Résultats

63 personnes, connaissant leur ennéatype ont réalisé le test d’auto-détermination.

Ainsi, la moyenne des scores obtenus au test de l’autodétermination est de 102 sur une échelle de 21 à 147.

De surcroît, avant d’étudier les résultats en fonction des ennéatypes, nous avons vérifié s’il n’y avait pas des différences significatives en fonction de l’âge, du sexe, du sous type

Sur les 63 participants, dont les résultats sont présentés, seuls 26 connaissaient leur sous-type ennéagramme.

  • Il n’y a pas de différence significative en fonction du sous-type.
  • Les différences significatives en fonction de l’âge ne sont pas liées à l’ennéatype. Quelque soit l’ennéatype, on observe les mêmes fluctuations corrélées. Il semble que le Bien-être ressenti est lié aux décades. Heureux les trentenaires et cinquantenaires.
  • La différence entre femmes et hommes est limitée mais bien réelle (5%).

Bien-être en fonction des ennéatypes

Il existe donc bien des différences entre le bien-être ressenti (auto-détermination) et l’ennéatype.

C’est sans surprise que les ennéatype 7 et 8 ont les plus grandes moyennes (117 et 115 respectivement) et l’ennéatype 4 à la moyenne la plus basse. Il est aujourd’hui reconnu que de concentrer sur des buts atteignables participe grandement à la satisfaction personnelle. Ce qui n’est pas le fort de l’ennéatype 4, perpétuel chercheur de l’idéal.

Il est important de distinguer le bien-être réel des personnes et le ressenti des personnes, leur satisfaction. Une personne peut avoir une situation (travail, finance, relations de couple, famille et amis, santé) plus élevée qu’une autre personne en termes de facilités, mais avoir une satisfaction ressentie moindre de sa situation que par rapport au ressenti de l’autre personne.

Discussion

perfectionnisme et colère

La fixation (préjugé cognitif) associée est le perfectionnisme, désignant la recherche de conduites exemplaires en considérant toute conduite spontanée et instinctuelle comme pouvant être à l’origine de fautes. Mais le risque est d’oublier qu’à travers le criticisme et l’exigence du type 1, se cache d’une part le criticisme de soi-même et une certaine dévalorisation. Et d’autre part une perfection jamais atteinte générant frustrations quotidiennes. Le type 1 est réputé pour être un bon candidat au Burn-Out. Donc tout n’est pas en ordre. Néanmoins, globalement, l’ennéatype 1 respecte les règles, lui. et il en est moyennement heureux.

faux amour et orgueil

Attendre inconsciemment un retour d’attention et d’affection ne peut être qu’une source de mal être ou de moins-être. La dépendance affective est omniprésente puisque l’orgueil nécessite l’attention et l’affection de personnages idéalisés pour maintenir la haute estime de soi. Bien que cette dépendance soit masquée la plupart du temps, jalousie et possessivité en sont des corollaires fréquents. Ce qui fait avec le type 7 et le type 5, l’ennéatype avec la plus grande amplitude de résultats.

inauthenticité et vanité

Le culte de la réussite est d’abord une crainte de l’échec. Le type 3 ne peut donc être le 1er dans l’échelle de Bien-être. D’autre part, le type 3 témoigne d’une propension à l’ambition et la compétitivité, qui parfois se fait au détriment des autres. Le fait d’exhiber son « masque » va paradoxalement permettre de mieux se cacher derrière son inauthenticité, et donc néanmoins d’avoir toujours un sentiment de bien-être. Ce qui peut expliquer que globalement le type 3 est la plupart du temps au-dessus de la moyenne d’auto-détermination. 

insatisfaction et envie

L’insatisfaction représente la fixation de cet ennéatype et désigne la propension à ne jamais se contenter d’une situation. Elle sous-entend une comparaison permanente avec les autres avec la tendance à se sentir carencé par rapport à ces derniers. La basse estime de soi découle du sentiment de carence. Il s’exprime via des sentiments d’infériorité, de honte, de disgrâce, de différence qui sont volontiers associés à de la culpabilité. Toute marque éventuelle d’attention et d’affection que le sujet recevra sera immédiatement disqualifiée par l’insatisfaction. Ce qui fait l’ennéatype 4 le candidat idéal pour une satisfaction ressentie la plus basse des 9 ennéatypes.

détachement et avarice

La fixation a été nommée détachement en référence à la croyance adoptée par le sujet selon laquelle il vaut mieux se désinvestir et se protéger du monde extérieur. Le sujet soumis à l’ennéatype 5 va s’efforcer de développer une indépendance vis-à-vis des personnes et des objets, avec attachement compensatoire à soi-même. Le surinvestissement intellectuel vient compenser le détachement émotionnel. Bien qu’il s’exprime volontiers par une grande curiosité (attrait théorique pour le monde extérieur), il prédispose aux ruminations mentales. Ce qui fait avec le type 7 et le type 5, l’ennéatype avec la plus grande amplitude de résultats.

accusation et peur

L’ennéatype 6 ne tolère pas l’incertitude d’un monde perçu comme dangereux. Il est situé sur un sommet du triangle central, expliquant l’omniprésence de la peur dans la vie du sujet. Au total, la peur conduit à trois modalités comportementales qui s’expriment dans des degrés divers. On peut alors observer une inhibition comportementale, une attitude provocatrice contre-phobique ou bien un fanatisme pour la loi et les règles. En adoptant la première modalité, le sujet ne favorise pas une prise de confiance en lui ni en le monde extérieur. En adoptant la seconde, il majore les risques de se sentir coupable et démuni face à une situation. Avec la dernière, le sujet se retrouve constamment dans l’impossibilité d’atteindre une maîtrise totale. Tous ces comportements conduisent à une augmentation de la peur et de l’insatisfaction, et donc d’un mal être potentiel.

indulgence et gourmandise

La fixation est l’indulgence. Elle désigne une permissivité envers soi-même avec la conviction d’un droit à une jouissance sans limite. Le sujet soumis à l’ennéatype 7 a tendance à penser que tout lui est dû. La rêverie sert à sauver le sujet d’un monde réel obligatoirement frustrant via la satisfaction imaginaire des désirs. Le sujet reste toutefois pragmatique et est capable d’élaborer des stratégies complexes visant à la satisfaction future de ses désirs. Elle se manifeste aussi par un optimisme à toute épreuve qui se retrouve bien dans les scores. Car excepté un ennéatype 7 avec un score à 68, le score minimum des autres résultats est à 116. Une haute estime de soi provient à la fois du refus actif des émotions négatives mais également des avantages procurés par un mode de vie épicurien.

châtiment et luxure

La passion de luxure désigne une jouissance basée sur une conquête pugnace associée au plaisir de dominer ou d’exploiter l’autre. La proximité avec l’indolence se manifeste ici par une recherche de sensations fortes permettant de réprimer les pensées ou les sentiments pouvant amener le sujet à se sentir diminué. L’impétuosité est très saillante. L’individu impose son assurance, est impulsif et cherche à satisfaire ses désirs sans compromis. Exprimer un mal être serait considéré par le sujet comme un signe de faiblesse.

oubli et indolence

L’indolence correspond à une inertie et à une paresse de l’intériorité qui trouvent ici leur zénith par la répression des besoins propres. Le conformisme découle de l’oubli. Le sujet nie ses propres besoins au profit des attentes des personnes qui se trouvent autour de lui. Il est généreux et se sacrifie volontiers pour les autres, parfois à son propre détriment. Cette générosité l’en fait aussi un optimiste, dans un monde sans conflit. Parfois néanmoins la prise de conscience de s’être oublié génère une frustration intérieure non ouvertement exprimée.

Comme on pouvait l’imaginer, un ennéatype donné ne protège pas du mal-être. Excepté le type 8, tous les ennéatypes présentent des individus avec un sentiment d’autodétermination élevé ou bas.

Néanmoins certains ennéatypes (Types 1, 3, 7, 8 et 9) sont en moyenne avec un score de bien-être  eudémonique au-dessus de la moyenne. Quand certains ennéatypes (Types 2, 4, 5 et 6) sont en dessous de la moyenne.

Cela confirmerait que certains ennéatypes semblent plus prédisposés que d’autres au bien-être. Un travail sur les croyances limitantes (fixations de chaque ennéatype) et sur un éveil de la conscience (Pleine conscience) de sa personnalité peut être un axe de développement.

Bien entendu, cette étude nécessite d’être confirmée sur un plus grand nombre de participants. 

D’autre part, le type 8 n’était pas assez représenté dans cette étude. Enfin, les ennéatypes des participants n’ont pas été validés.

Mais elle a le mérite d’être une première pierre dans une approche d’analyse plus scientifique du modèle de l’ennéagramme. 

Conclusion

Des études montrent que les gens qui sont peu matérialistes rapportent plus de satisfaction dans leur vie que ceux qui sont matérialistes (Laura King publiée dans l’American Psychologist).

Si cette approche peut valoir particulièrement pour l’ennéatype 5 ou le 3, néanmoins le bonheur ressenti ou inversement le mal-être n’est pas l’apanage d’un ennéatype. Comme le présente l’ennéagramme chaque individu est unique, et est un mélange des 9 ennéatypes. Moins il sera en pilotage automatique (sa personnalité) et plus il prendra avantage de sa fixation et de sa passion pour trouver un meilleur équilibre dans sa vie ou son travail. Et donc un bien-être ressenti plus important.

Néanmoins, les fixations et les passions particulières d’un ennéatype, mal acceptées peuvent jouer sur le bien-être ressenti d’un ennéatype donné comme tendent à le montrer les résultats de notre étude. Des études complémentaires sont nécessaires, mais nos premiers résultats démontrent une corrélation entre un ennéatype et les 3 besoins de l’auto-détermination.

Le coté borderline (en savoir plus) du type 4 de l’ennéagramme (avec le score le plus bas) comme la méthode Coué de l’ennéatype 8 (le score le plus élevé) influencent notre ressenti du bien-être.

Il peut-être intéressant lors de coaching de tenir compte de l’ennéatype du coaché pour le sensibiliser à l’impact positif ou négatif de sa fixation sur son bien-être ressenti.

Mais attention ! 

Des études montrent que trop souhaiter être heureux peut avoir l’effet contraire et nuire au bien-être. Les émotions positives ne sont pas toujours les plus adaptées en fonction du contexte. Le psychologue Joseph Forgas University de l’Université de New South Wales (Australie) a étudié le bon côté de la tristesse. Tout comme le mouvement de la psychologie positive oublie parfois les limites du bonheur, il montre que les émotions négatives ont aussi leur avantage. En prétendant que le bonheur et la positivité sont universellement souhaitables et possibles, nous créons probablement une attente populaire irréaliste qui laisse beaucoup de gens moins heureux et satisfaits qu’ils pourraient l’être autrement.

 

Bibliographie:

L’Ennéagramme et son approche caractérielle –  Bertrand FAURE – 2017 (Thèse de la Faculté de médecine de Limoges)

Claudio Naranjo: Ennéagramme, caractère et névroses

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