Les Therps, ces thérapeutes qui créent des problèmes
La thérapie de la mémoire retrouvée est tiré du livre d’Elisabeth Loftus, “le syndrome des faux souvenirs, ces psys qui manipulent la mémoire”.

La psychologie de la victime a commencé à fleurir dans notre société. Freud se retournerait dans sa tombe s’il savait comment des thérapeutes ont simplifié, déformé et bradé sa théorie complexe de l’esprit pour satisfaire à leurs idéologies, à leurs convictions.
La vulnérabilité de certains clients, la naïveté de certains thérapeutes, la crédulité de la société a fait resurgir de la mémoire des « souvenirs refoulés » de traumatismes de l’enfance. En réalité, elles ont produit des millions de faux souvenirs, qui parfois entraînent des familles entières dans un enfer de ressentiments où les fantasmes sont confondus avec la réalité. C’est ce que nous raconte, Elisabeth Loftus, docteur en psychologie, experte américaine sur la mémoire dans son livre « le syndrome des faux souvenirs ; ces psys qui manipulent la mémoire » (1994, traduit en Français en ….2012).
La thérapie de la mémoire retrouvée (TMR) ou refoulée
Dans les années 1980, aux US, de nombreuses affaires abominables ont surgi, mêlant incestes et/ou satanisme, de personnes qui ont accepté des souvenirs qu’elles considéraient initialement faux. Ces « victimes » accusèrent leurs parents, leurs proches de tous les maux. Et certains furent jugés et condamnés sur la seule base de ces souvenirs « refoulés et retrouvés ». Un faux souvenir peut être le souvenir d’un événement qui ne s’est jamais produit ou le souvenir altéré d’un événement réel.
D’ailleurs le Sénat français, en 2013, alertait les Français sur ces thérapies et leurs dérives désastreuses. Ces dernières introduisent des traumatismes inexistants dans l’esprit de leurs patients par des procédés de manipulation mentale. En réalité il s’agit de fantasmes, qui résultent de techniques d’autosuggestion déployées par des thérapeutes charlatans. Sans que l’on sache d’ailleurs s’il s’agit de fantasmes des enfants accusateurs ou des fantasmes du thérapeute. En revanche, il est à remarquer qu’en France, ce sont surtout les “pseudothérapeutes” qui sont ciblés. Ainsi au contraire des US qui ciblent aussi des thérapeutes qui ont pignon sur rue, en France, on ne veut pas trop aborder le sujet des psychothérapeutes qui ont un diplôme. En effet certains utilisent la méthode fondée sur la recherche des souvenirs de la petite enfance, appelée thérapie de la mémoire retouvrée (TMR) ou thérapie régressive.
Ne pas généraliser ni ignorer les véritables violences
Attention, il ne faut pas généraliser. Dans cet article (et dans le livre) on ne parle que des thérapeutes qui créent le syndrome des faux souvenirs. Et il ne faut pas non plus ignorer toutes les vraies victimes d’inceste ou de violences psychologiques qui peuvent avoir besoin du soutien de psychothérapeutes et de la reconnaissance de leur histoire, de leur vécu et ressenti. Mais peut-être comme Lynn (chapitre 3), il est possible tout simplement de tomber sur un psychothérapeute incompétent, qui pèche par excès de zèle et qui offre des réponses rapides et faciles aux questions fondamentales et complexes de la vie. A vouloir soulager nos souffrances, la psychothérapie ne réduit-elle pas trop souvent nos problèmes à des symptômes d’abus, nous offrant une identité commode de victime.
Profil des victimes et thérapeutes
D’après le rapport du Sénat sur les dérives thérapeutiques, l’âge moyen des victimes (du faux souvenir et du thérapeute) varie entre 30 et 40 ans. 82% sont des femmes et 89% des accusés sont des pères. Les victimes ont fait majoritairement des études supérieures et certaines des études brillantes. Conseillées par le thérapeute, les victimes se coupent de leur famille, dénoncent les méfaits de leurs parents. Elles ignorent être manipulées et sont dans un état d’emprise morale créé par le thérapeute. Il est difficile pour une personne qui a consulté dans une démarche volontaire un thérapeute de reconnaître son erreur.
Les victimes sont aussi les parents qui sont accusés à tort par leurs enfants sans pouvoir leur expliquer et leur prouver qu’ils sont manipulés. Ces parents ne savent pas que ces thérapeutes les ont diabolisés. Si huit fois sur 10 le père est accusé, la mère est souvent considérée comme complice (elle savait et n’a rien dit). Le conseil national de l’Ordre des médecins reconnaissait en 1996 avoir dans ses rangs environ 3000 médecins sectaires. Pourtant d’après le rapport du Sénat, 32% des thérapeutes déviants sont soit des psychiatres, des psychologues ou des psychanalystes. Les 68% autres % se sont autoproclamés thérapeutes et ont souvent suivi des formations très onéreuses, mais pas reconnues par l’Etat.
La secte, l’arbre qui cache la forêt
Toutes les méthodes thérapeutiques ne sont pas dangereuses. Ce sont leurs dévoiements par des personnes non expérimentées qui le sont. A cet égard, il faudrait mieux encadrer certaines pratiques. Mais l’administration française fait un blocage avec tous les organismes de formation utilisant des techniques psychologisantes (RNCP …). Ce qui se traduit par des centaines de méthodes et des centres de formations tous mis au même niveau. On retrouve la crème et la lie mélangée. C’est mon opinion personnelle, non étayée à ce jour, mais le lobbying des associations françaises de psychologie et de psychanalyse, font que nous avons plusieurs décennies de retard sur les US, bloquant tout ce qui n’est pas sous leur contrôle. « Pourquoi ne pas instaurer un délit d’exercice illégal ? », comme le cite Mme F. Chalmeau, secrétaire générale de L’Afsi (2013). En effet elle agite le spectre de la secte, mais en se gardant bien de citer les 32% de psychothérapeutes déviants. La secte devient l’arbre qui cache la forêt.
Néanmoins, le rapport de Sénat confirme nos “15 ans de retard” (c’était en 2013) sur le syndrome des faux souvenirs. D’ailleurs nos psychothérapeutes européens ont surtout appris leur métier par la théorie sur les bancs de l’université. Avec 1 stage de 3 mois et un mémoire à réaliser, ils se retrouvent sur le marché du travail sans méthodologie. Les plus chanceux intégreront des équipes expérimentées et apprendront la pratique du terrain. Le paradoxe est que ces mêmes psychothérapeutes viennent se former dans certains de ces centres privés non reconnus (analyse transactionnelle, Gestalt, ennéagramme, PNL ….). Et pour les autres, tant pis, faisons comme Don Quichotte et Mme Chalmeau. C’est tant pis pour leurs patients et les futures victimes.
La relation thérapeutique
En fait les hallucinations sont une part de la nature humaine. Après tout, les rêves ne sont-ils pas des hallucinations d’un esprit qui dort ? En ce qui concerne les psychothérapeutes, même s’ils sont prêts à accepter la possibilité que des souvenirs soient inventés, ils se trouvent devant une grande difficulté. Ces praticiens consciencieux et compatissants s’investissent pour créer une atmosphère de sécurité et de confiance dans laquelle les patients peuvent exprimer leurs émotions et dire la vérité sur leur passé. En grande partie, l’habileté et la perspicacité d’un thérapeute peuvent être mesurées par sa capacité à faire émerger des matériaux douloureux, profondément enfouis.
Il est facile de comprendre pourquoi ils hésitent à douter des souvenirs refoulés d’abus sexuels, ou à chercher à les vérifier. Ils craignent de détruire la confiance, et par la même la relation thérapeutique. Pour le patient il a besoin de croire que ses souvenirs, par définition fiables, le rattache à son passé et donne un sens à sa vie. L’idée que notre esprit puisse nous jouer des tours, et puisse nous induire à croire à une réalité déformée, voire en fables, cette idée nous dérange profondément. Si nous ne pouvons pas nous fier à notre propre esprit, en qui donc pourrions-nous avoir confiance ? Pourtant notre mémoire nous raconte des histoires et nous écoutons, pris sous le charme. Il est ainsi difficile de savoir où finit la vérité factuelle et où commence la vérité narrative.
Mémoire et souvenirs contaminés
Nous aimerions penser que quelque chose, quelque part, que l’on appelle le « moi », est toujours aux commandes. Néanmoins 2 sources de contaminations en particulier conduisent à la création de pseudo-souvenirs. Nous pouvons être influencés par des livres, des journaux, internet, des sermons, des conférences, des films et la télévision. L’autre source importante de contamination est l’ensemble des suggestions ou des attentes exprimées par une personne en position d’autorité avec laquelle le patient désire entretenir une relation particulière. Qu’est-ce qui peut bien pousser les gens à se poser en victimes, et à dépeindre ceux qu’ils aiment comme des monstres de cruauté ? Un patient peut avoir été simplement brimé ou négligé quand il était enfant, et il se sent médiocre. Rien de sensationnel, rien d’extraordinaire ne lui est jamais arrivé et pourtant il se sent victime. Ce type de situation psychologique, fréquente, et bien d’autres facteurs, peuvent pousser un patient influençable à se retirer dans ses fantasmes. Ces pseudo-souvenirs élaborés peuvent l’aider à se sentir spécial et digne de l’attention du psychothérapeute.
Souvenirs et fantasmes
En d’autres termes, la réaction du thérapeute peut agir comme un catalyseur pour cristalliser le matériau imaginaire en un souvenir concret. Rien ne permet à un thérapeute, des années plus tard, de différentier avec certitude ce qui est réel et ce qui est imaginaire. La plupart des thérapeutes formés aux techniques psycho-dynamiques (psychanalyse …) comprennent et respectent ce fait. L’exploration et la compréhension du sens des fantasmes, des peurs et des désirs inconscients est leur centre d’attention, plutôt que la recherche de base factuelle. Ce n’est que récemment, depuis que certains thérapeutes, appartenant à des écoles théoriques nouvelles ou agissant de leur propre initiative, ont commencé à ignorer complètement l’influence psychodynamique des fantasmes inconscients sur les souvenirs de leurs patients, que l’épidémie actuelle de souvenirs d’abus est apparue. Les US ont presque éradiqué cette épidémie dans les années 2000. Mais elle perdure toujours en France. Allez sur ce site pour avoir plus de précisions sur la situation en France.
Une mémoire si facile à berner
Les études de Neisser, un collègue du Dr Loftus, ont remis en question l’idée répandue selon laquelle les émotions fortes créent des souvenirs précis et durables. Suite à l’explosion de la navette spatiale Challenger en 1986, il a interviewé à deux reprises 44 étudiants. Une fois, le matin suivant l’explosion, puis 2 ans et demi plus tard. Avant tout pour comparer l’exactitude de leurs souvenirs suite à un événement émotionnel. Bien que chacun des étudiants expliquèrent se souvenir très clairement de ce fameux jour, aucun de leurs souvenirs n’était complètement exact et plus du tiers avait des souvenirs « follement inexacts ». A partir du moment où une personne adopte un souvenir reconstitué, elle a tendance à y croire aussi fortement que s’il s’agissait de souvenirs authentiques. Elle peut même aller jusqu’à remplacer d’anciens vrais souvenirs par de nouveaux faux souvenirs.
Elisabeth Loftus a démontré qu’il était possible, et même facile, de créer des faux souvenirs d’événements d’enfance. Elle a suggéré à 5 personnes, de 8 à 42 ans, le souvenir de s’être perdues dans un centre commercial. Toutefois alors que cela ne s’était jamais produit. Ainsi ces personnes devaient donner des détails sur ce souvenir pendant plusieurs jours. A la fin, ils étaient tous disposés à s’étendre sur des détails. En fait même des détails qui n’avaient pas été donnés au cours de la suggestion initiale. Tout cela indiquait que le souvenir était bien réel pour eux. Par exemple, Jenny se rappelait avoir eu peur. Puis Brittany embellit l’histoire de citrouilles, de foin et de biscuits. Alors que Chris se rappelait des conversations mot par mot. Enfin Bill imaginait des sonneries d’ascenseurs.
The courage to heal … or to hate!
Lorsqu’un client commence une thérapie et décrit un passé de dépression, d’anxiété, de pulsions suicidaires, de problèmes sexuels, de troubles alimentaires ou d’addictions diverses, beaucoup de thérapeutes supposent qu’un abus sexuel est la cause sous-jacente du problème. Les auteurs de « The courage to heal » suggèrent une approche directe. « Vos symptômes semblent indiquer que vous avez été abusé dans votre enfance. Pouvez-vous m’en parler ? ». Si un client ne peut pas se rappeler d’abus spécifiques, il est conseillé au thérapeute de considérer la possibilité de souvenirs refoulés. L’autosuggestion commence avec des phrases comme « Si vous avez le moindre doute, si vous en avez un souvenir même très vague, alors cela s’est probablement passé ». « Il est très probable que vous bloquiez des souvenirs, dans un effort pour nier qu’il s’est passé quelque chose ».
D’autres thérapeutes demandent « quel est votre souvenir le plus ancien ? ». « Êtes-vous sure de vos souvenirs ? ». En somme une mauvaise mémoire est un symptôme d’abus.
D’ailleurs la liste des symptômes est tellement vague qu’elle pourrait englober beaucoup de personnes :
-
- Vous est-il difficile de savoir ce que vous voulez ?
-
- Avez-vous peur de faire de nouvelles expériences ?
-
- Si quelqu’un vous fait une suggestion, pensez-vous que vous devez la prendre en considération ?
-
- Suivez-vous les suggestions d’autrui comme s’il s’agissait d’ordres ?
Cela fait peur.
Des symptômes si vagues
Cette liste minimale de symptômes, publiée par John Bradshaw dans un article du Lear de juillet 1992, fait partie d’une liste plus longue, intitulée « index de doutes », paru dans son livre « Retrouver l’enfant en soi ». Par exemple si vous avez une mauvaise image de votre corps. Si vous portez des vêtements amples ou si vous ressentez le besoin d’être parfaite. Si vous parlez à voie basse et n’aimez pas faire de bruit pendant l’amour, alors « vous êtes peut-être une survivante ».
De son côté Renée Fredrickson propose dans son livre les signaux révélateurs :
-
- J’ai souvent des cauchemars
-
- J’ai des difficultés à m’endormir ou à rester endormie
-
- Les caves me terrifient
-
- Je sursaute souvent …
« Souvent, lorsqu’un sursaut vous tire d’un sommeil profond, cela a quelque chose à voir avec un souvenir de quelque chose de secouant ou d’effrayant. C’est une manière dont le corps se sert pour se souvenir ».
« Vous devez comprendre qu’il y a une partie de vous qui ne veut pas croire que cela s’est passé ».
Les exemples de dérives sont nombreux dans le livre d’Elisabeth Loftus et poignants. Les thérapies de la mémoire retrouvée (TMR) s’appuient sur 3 principes fondamentaux non vérifiés scientifiquement :
-
- Les souvenirs d’inceste, d’abus sexuel et d’autres traumatismes peuvent affecter la personnalité adulte sans que la personne en soit consciente
-
- Ces souvenirs inconscients ne sont jamais effacés de la mémoire (juste refoulés pour protéger la victime). Ils sont conservés intacts et peuvent revenir à la conscience, même après de longues périodes
-
- La restauration du souvenir au niveau conscient est essentielle à la réussite de la thérapie (thérapies dites régressives, déprogrammation, régression à des vies antérieures …)
Une reconnaissance du danger en France en 2007
La thérapie de la mémoire retrouvée s’annonce rarement en tant que telle. Beaucoup de psychologues croient fermement aux mythes de l’inconscient et du refoulement. Certains vous expliqueront que toute personne, incluant le patient, doutant de la thérapie ou du souvenir refoulé sont dans le déni. Ils organiseront alors l’isolement du patient qui se retrouve ainsi seul face à son psy en lieu et place de la famille. La thérapie des souvenirs induits se caractérise par la rupture de la victime avec son milieu d’origine. Cette rupture lui est présenté comme salutaire.
Miviludes a créé un rapport 2007 fondateur en France du combat médiatique contre les thérapies de la mémoire retrouvée. Vous pouvez aussi voir le reportage de France 2, du 7 avril 2010, qui traite des faux souvenirs. Ou le reportage de France 2 les infiltrés (15 mns) du 17 déc. 2008 assez impressionnant avec une pseudo thérapeute.
Signes avant-coureurs
Quelques signes avant-coureurs d’une demande de régression abusive. Ces signes n’ont de valeurs hypothétiques que s’ils s’enchaînent chronologiquement :
Parents | Patient |
Votre enfant quitte le domicile familial | Le thérapeute demande de quitter le domicile familial |
Votre enfant vous indique qu’il suit une thérapie et qu’il se sent bien | Vous vous sentez mieux au début de la thérapie |
Votre enfant vous fait un reproche sur votre agissement dans le passé vis-à-vis de lui, mais il refuse de rentrer dans une discussion, ou il le fait d’une manière très floue, émotionnelle voire agressive | Le thérapeute vous conseille de vous plaindre à vos parents (ou aux proches) mais sans rentrer dans les détails. C’est aux parents de faire le travail de reconnaissance. Vous n’êtes que la victime. |
Votre enfant vous demande de le reconnaître et de vous excuser | C’est aux parents de s’excuser pour ce qu’ils ont fait |
Votre enfant vous conseille de suivre une psychothérapie sans vous donner la moindre explication | Les parents doivent suivre un psychothérapeute (mais pas avec lui) pour les aider dans leur problème. C’est leur responsabilité pour le mal qu’ils ont fait |
Votre enfant ne souhaite plus vous rencontrer ou au minimum possible. Il a besoin de prendre du recul | Si les parents sont toujours dans le déni, alors il ne faut plus les rencontrer |
Votre enfant ne semble pas pour autant épanoui | Tant que la thérapie n’est pas finie, vous ne pourrez aller mieux. Le traumatisme demande du temps à être guéri. |
Quelques stats made in US :
Etat des patient(e)s | % Avant la thérapie |
% Après la thérapie |
Sont encore en thérapie 3 ans après les premiers faux souvenirs “retrouvés” au cours de la thérapie. Sont encore en thérapie après 5 ans |
100% plus de 50% |
|
Ont des pensées suicidaires | 10 | 67 |
Hospitalisés | 7 | 37 |
Engagés dans une automutilation | 3 | 27 |
Ont un emploi | 83 | 10 (après 3ans) |
Sont mariés | 93 | 64 (après 5 ans) divorcés ou séparés |
Ont la garde de leurs enfants | 70 | 46 |
Ont rompu avec leur famille | – | 100 |
Sources :
-
- Brain Stains Scientific American Mind, Oct 2007 by Scott O. Lilienfeld and Kelly Lambert
-
- Thomas D. Oellerich, Sexuality & Culture, 4(2), 67-81 (2000)
Conclusion
Tout comme les universitaires américains, notamment Elizabeth Loftus, qui ont travaillé sur la mémoire le disent, les enfants abusés se souviennent. Ils n’oublient pas, même s’ils rangent ces faits dans un coin de leur tête et n’en parlent pas. Ils n’ont pas besoin d’une thérapie pour se souvenir.
Le terme de « Therps » est une contraction américaine en réaction par les parents victimes de ces thérapeutes charlatans. Il est en lien avec la contraction « perps » pour « perpetrator » à l’origine des abus sexuels sur des enfants.
La famille parfaite existe-t-elle ? La famille dysfonctionnelle peut-elle être mesurée ? Notre histoire passée est-elle forcément notre seul conditionnement (voir notre article sur la résilience) ? Des thérapeutes peuvent-ils discriminer de manière fiable les faits de la fiction chez leurs patients ?
La mémoire narrative donne du sens
Ce livre et cet article ne sont pas des ennemis de la thérapie et ne récusent pas non plus qu’il y a des horreurs d’abus sexuels sur les enfants. Mais la mémoire doit être reconnue et appréciée en tant que mécanisme créatif dans lequel le fait et la fiction sont inextricablement liés. Le psychothérapeute Michael Yapko a dit : « La mémoire est un processus de reconstruction dans lequel de nouveaux détails peuvent être ajoutés aux vieilles images ou aux vieilles idées, altérant la qualité du souvenir ».
Les thérapeutes jouent sur la malléabilité de la mémoire pour aider le patient à recréer ou à reconstruire son histoire traumatique. Mais que se passe-t-il si le thérapeute et son client sont tous les deux à la recherche d’une réponse précise et factuelle dans un passé mouvant et métaphorique ? Le rôle du thérapeute est d’être un témoin attentif et ouvert, pas un détective.
L’idée même que la thérapie soit le véhicule qui nous permette de « rentrer en contact avec le passé » mérite peut-être d’être remise en question.
Que se passe-t-il aujourd’hui, au présent, pour que nous nous sentions maltraités, blessés ? Etant donné que nous sommes tous « blessés » au cours de notre vie, la question importante devient : que faisons-nous de ces blessures ?