Cognition, schémas, biais, distorsions et dissonances.

Cognition, schémas, biais, distorsions et dissonances.

8 mars 2019 psychologie 0

Cognition, Thérapies et Coaching

La cognition et les TCC / CCC

Le paradigme des thérapies cognitives et comportementales (TCC) a largement révolutionné la pratique psychothérapeutique, longtemps cantonnée au seul référentiel psychanalytique. Ainsi les TCC sont devenues, en l’espace de 2 décennies, un champ majeur de l’accompagnement psychothérapeutique.

Par ailleurs le coaching s’inspire fortement, et entre autres, des modèles issus de la pratique psychothérapeutique, en les transposant bien entendu à ses finalités et démarches propres.

En fait le coaching cognitif et comportemental (CCC) s’impose progressivement comme approche centrale de l’accompagnement de coaching (Michael Pichat – 2014).

A cet égard savez-vous définir ou faire la différence entre cognition, schémas, biais et distorsion cognitives, dissonances ?

La cognition - définition

Premièrement la cognition est l’ensemble des processus mentaux qui se rapportent à la connaissance, la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage, l’intelligence, la prise de décision, la perception ou l’attention.

Mais aussi, la cognition intègre l’émotion et l’affect traditionnellement réservé (à tort) aux thèses psychanalytiques.

Selon Antonio Damasio dans son livre l’erreur de Descartes, les émotions font partie des fonctions cognitives car le raisonnement et la prise de décision ne peuvent pas se faire sans les émotions.

En résumé, le terme cognition est souvent utilisé pour désigner les processus de traitement de l’information dans sa globalité.

TCC

Une TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale) est:

  • une thérapie brève,
  • validée scientifiquement
  • qui porte sur les interactions entre pensées, émotions et comportements.
  • Ces thérapies se concentrent sur les problèmes actuels de la personne dans l’ici et maintenant.

Notamment, aujourd’hui ce sont les thérapies les plus utilisées (Voir le classement).

Les schémas cognitifs

En psychologie cognitive, les schémas sont des représentations mentales abstraites, des stratégies d’adaptation que nous mettons en place de manière répétitive face à certaines situations.

En particulier, le concept de schéma cognitif, introduit par Beck, désigne les croyances (connaissances) de base qui constituent la compréhension qu’a une personne d’elle-même, du monde et des autres. Ainsi ces croyances s’élaborent à partir des expériences vécues au cours de la vie. En particulier celles de l’enfance sont marquantes.

Selon Young, les schémas précoces inadaptés représentent des modèles ou des thèmes importants et envahissants pour l’individu. Young a déterminé 18 schémas de cognition.

La Schéma Thérapie

Dans ces conditions la schéma thérapie est une approche intégrative. En effet elle est un mélange de TCC (structurée et systématisée), d’approche dynamique par sa relation à l’objet (Psychanalytique), de la théorie de l’attachement (Bowlby) et de Gestalt. Pourtant elle est simple à comprendre aussi bien pour les patients/clients que pour les thérapeutes (Lire la thérapie des schémas de Jeffrey Young, préface de Jean Cottraux).

La cognition et les schémas; cela nous concerne tous

Somme toute, ces théories sont élaborés à partir de cas « extrèmes », de patients de l’axe I ou II du DSM. Notamment ces patients, suivis par des thérapeutes, utilisent ces schémas de manière plus extrêmes et plus rigides.

Néanmoins chacun d’entre nous a ses schémas, ses styles d’adaptation et ses modes de schémas.

Il est alors intéressant dans un cadre de développement personnel, ou de coaching, de mieux comprendre ces notions de schémas, de biais cognitifs, de distorsions cognitives et de dissonances cognitives.

De nombreux ouvrages existent pour ceux qui veulent approfondir. Je saurai recommander « la répétition des scénarios de vie » de jean Cottraux, ou « Sommes-nous tous des psychologues ? » de Jean-Philippe Layens (1983). Voir la liste de plusieurs ouvrages et leur synthèse.

Il est aussi intéressant d’associer l’approche de l’ennéagramme (9 typologies) et les 18 schémas cognitifs ou de cognition (Young). En savoir plus.

Cognition

Les schémas cognitifs et la cognition

Les schémas précoces inadaptés se traduisent dans des comportements auto-défaitistes, qui apparaissent très tôt dans le développement et se répètent tout au long de la vie. Ainsi les contenus des schémas sont latents et évités par le sujet qui ne peut reconnaître qu’ils guident sa vie. Ils représentent donc un des éléments constitutifs de la personnalité et sont à la source des scénarios de vie, selon lesquels un individu va répéter sans cesse les mêmes erreurs en croyant que sa vie va changer (Cottraux, 2001).

18 schémas

Young identifie 18 schémas inadaptés, dits schémas précoces d’inadaptation, qui peuvent être sous-jacents à des troubles de la personnalité. Une personne peut toutefois posséder certains de ces schémas de cognition à différents degrés (plus ou moins rigides et activés facilement) sans rencontrer tous les critères diagnostiques d’un trouble de la personnalité. Ces schémas se développent tôt dans l’enfance, selon l’expérience vécue, et continuent à s’élaborer tout au long de la vie en servant de base pour l’interprétation de la réalité. Ils sont pris pour acquis et considérés comme irréfutables par la personne, de telle sorte que certaines problématiques qui ont leur origine dans l’enfance peuvent se maintenir longtemps dans la vie adulte.

À un moment particulier, selon le contexte et les événements, un schéma (ou un ensemble de schémas) peut être activé ou “dormant”. Une fois activé, il constitue la base à partir de laquelle la personne interprète et réagit à la réalité.

Chaque trouble de la personnalité repose sur un ensemble spécifique de croyances et de comportements.

Par exemple, la personne dépendante croit qu’elle est incompétente et incapable de se débrouiller seule. Elle a alors tendance à sur développer des stratégies pour compter sur les autres et éviter les décisions et les défis importants. Ainsi elle ne développe pas suffisamment l’autonomie et la capacité de prendre des décisions.

La personne évitante croit qu’elle n’est pas digne d’amour ou de considération et qu’elle est vulnérable. Elle a tendance à éviter l’intimité, les critiques et les émotions désagréables. Elle manque d’ouverture, d’affirmation et de tolérance émotionnelle.

La personne obsessionnelle-compulsive croit que son monde peut se désorganiser et met donc beaucoup d’emphase sur les règles, la responsabilité et le contrôle. Elle manque de spontanéité, d’insouciance et de flexibilité.

La personne borderline partage plusieurs croyances rigides et négatives avec d’autres troubles de personnalité (je suis inadéquat, …fautif, …vulnérable, …impuissant, je vais être abandonné), ce qui conduit à des comportements extrêmes.

Liste des 18 schémas de Young

A - Schémas précoces de séparation et de rejet

La certitude que ses besoins de sécurité, de stabilité, d’affection, d’empathie, de compréhension, d’approbation et de respect ne seront pas satisfaits. Cette certitude a une origine familiale typique : il s’agit de familles où règnent un climat de séparation, avec explosion, changement, rejet, punitions. Les parents sont stricts, froids ou bien maltraitent l’enfant.

Abandon/instabilité

C’est le manque de stabilité ou de fiabilité, perçu, de ceux qui offrent soutien et sens de l’appartenance à un groupe. Il s’accompagne du sentiment que les personnes “importantes” ne continueront pas à donner appui, force ou protection parce qu’elles sont émotionnellement instables et changeantes (explosions de colère), peu fiables, ou ne sont pas toujours présentes; parce qu’elles mourront bientôt ou parce qu’elles abandonneront la personne pour quelqu’un de “mieux ” qu’elle.

Méfiance/abus

La personne s’attend à ce que les autres la fassent souffrir, la maltraitent, l’humilient, mentent, trichent et profitent d’elle. En général la souffrance infligée est perçue comme intentionnelle ou résultant de négligence extrême et injustifiable. Ceci peut aussi inclure le sentiment d’être constamment défavorisé par rapport aux autres ou de toujours ” tirer la courte paille “.

Manque affectif

La personne a la certitude que les autres ne donneront pas le soutient affectif dont elle a besoin. On peut distinguer trois catégories principales :

  • Le manque d’apports affectifs : absence d’attention, d’affection, de chaleur, ou d’une présence amicale.
  • Un manque d’empathie : absence de quelqu’un de compréhensif qui vous écoute et de quelqu’un à qui parler de soi-même.
  • Le manque de protection : absence de quelqu’un de fort qui guide et conseille.
Imperfection/honte

La personne se juge imparfaite, ” mauvaise”, inférieuer ou incapable; le révéler entraînerait la perte de l’affection des autres. Ceci peut inclure : l’hypersensibilité aux critiques, à l’abandon et au blâme. Il peut exister une gêne, avec des comparaisons avec les autres et un manque de confiance en soi. La personne peut ressentir la honte des imperfections perçues, celles-ci peuvent être internes (par exemple : égoïsme, colère, désirs sexuels inacceptables) ou externes (par exemple : défaut physique, gêne sociale).

Isolement/aliénation

C’est le sentiment d’être isolé, coupé du reste du monde, différent des autres et/ou de ne faire partie d’aucun groupe ou communauté.

Certaines publications ou questionnaire présente un 19° schéma. Le schéma d’indésirabilité sociale: La Croyance que des caractéristiques de votre personne seront rejetés par les autres (Défaut physique…)

B - Schémas précoces de manque d'autonomie et performance

Les exigences vis-à-vis de soi-même et du monde externe ne correspondent pas à la capacité (perçue) de survivre, d’agir indépendamment et d’arriver à une réussite suffisante. Ceci peut être lié à une origine familiale typique : famille ” étouffante ” où l’enfant est surprotégé, la confiance en soi est sapée et les relations en dehors de la famille ne sont pas encouragées : il en résulte un déficit d’apprentissage des compétences sociales.

Dépendance/incompétence

C’est croire à sa propre incapacité de faire face seul aux responsabilités journalières (par exemple, prendre soin de soi-même, résoudre les problèmes de tous les jours, faire preuve de bon sens, aborder de nouvelles tâches, prendre des décisions). Dit souvent, ” je suis incapable de… “

Peur des événements inévitables/incontrôlables

C’est la peur exagérée d’une catastrophe que l’on ne pourra pas éviter. Ces craintes se portent sur une ou plusieurs possibilités:

  • Santé : crise cardiaque, sida
  • Émotions : par exemple perdre la raison
  • Catastrophe naturelle ou phobie : ascenseurs, crime, avions, tremblement de terre.
Surprotection/personnalité atrophiée

C’est l’attachement émotionnel excessif à une ou plusieurs personnes, souvent les parents, au détriment d’une adaptation sociale normale. Très souvent, croyance qu’au moins l’un des individus ne peut pas survivre à l’autre, ou être heureux sans lui. Peut avoir le sentiment d’être étouffé par les autres, ou doute de lui-même, de sa propre identité. Sentiment d’être vide, sans but; ou, dans des cas extrêmes, questionne sa propre existence.

Échec

C’est la croyance que l’on a échoué, que l’on échouera, que l’on est incapable de réussir aussi bien que les autres (études, carrière, sports, etc.). Souvent, la personne se juge stupide, inepte, sans talent, ignorante, inférieure aux autres, etc.

C - Schémas précoces de manque de limites

Il peut s’agir de manque de limites internes, de manque de responsabilité envers les autres, ou de l’incapacité à soutenir des buts à long terme. Ceci peut mener à des problèmes concernant les droits des autres, ou concernant ses propres objectifs. L’origine familiale typique est à rechercher du côté de parents faibles, trop indulgents, qui ne peuvent faire appliquer la discipline. L’enfant n’est pas encouragé à prendre des responsabilités, à tolérer un certain manque de confort, ou n’est pas suffisamment surveillé et guidé.

Droits personnels/dominance

Ceci correspond au besoin de faire, ou d’obtenir, exactement ce que l’on veut sans considérer ce qu’il en coûte aux autres; ou à une tendance excessive à affirmer sa force, son point de vue et à contrôler les autres à son propre avantage sans considérer leur désir d’autonomie. Le sujet est caractérisé par des exigences excessives et un manque général d’empathie.

Manque de contrôle de soi/discipline personnelle

Le problème central est l’incapacité ou le refus de contrôle de soi. La personne ne peut supporter d’être frustrée dans ses désirs et est incapable de modérer l’expression de ses émotions et impulsions. Sous une forme atténuée: elle essaie à tout prix d’éviter ce qui est pénible tels que les conflits, les confrontations, les responsabilités et l’effort, au détriment d’un sens de la satisfaction personnelle ou de son intégrité.

D - Schémas précoces de dépendance aux autres

Ils correspondent globalement à une importance excessive attachée aux besoins, désirs, réactions des autres, aux dépens de ses propres besoins afin d’obtenir leur affection ou leur approbation, par peur d’être abandonné ou pour éviter les représailles. Fréquemment, il existe une colère refoulée dont la personne n’est pas consciente. L’origine familiale de ce schéma doit être recherchée du côté d’une affection qui relève du conditionnel : pour se sentir aimé de ses parents, pour obtenir leur approbation, l’enfant réprime ses tendances naturelles. Les besoins des parents (affectifs, sociaux, leur style de vie) passent avant les besoins et réactions de l’enfant.

Assujettissement

Le comportement, l’expression des émotions, les décisions, sont totalement soumis aux autres parce ce qu’on se sent forcé d’agir ainsi, en général pour éviter colère, représailles ou abandon. Selon la personne, ses propres désirs, opinions et sentiments ne comptent pas pour les autres. En général, elle montre une docilité excessive mais réagit vivement si elle se sent prise au piège. Il existe presque toujours, une colère refoulée contre ceux à qui il se soumet, provoquant des troubles de personnalité (par exemple : comportement passif/agressif, explosion de colère, symptômes psychosomatiques, troubles affectifs, drogues).

Abnégation

C’est un souci exagéré de toujours considérer les autres avant soi-même; cette considération est volontaire. Les raisons sont en général : peur de faire de la peine aux autres; pour éviter de se sentir coupable d’égoïsme; ou pour maintenir un contact perçu comme nécessaire aux autres. Mène souvent à une hypersensibilité aux souffrances des autres. La personne peut éprouver le sentiment que ses propres besoins ne sont jamais satisfaits, d’où un ressentiment envers les autres.

Besoin d’approbation

Le problème central est un besoin excessif de l’attention, de l’estime et de l’approbation des autres; ou faire ce que les autres demandent, que cela corresponde ou non à ce que l’on veut de soi-même. L’estime de soi est formée à partir des réactions des autres et non à partir d’opinions et de valeurs personnelles. Parfois, une importance exagérée est accordée au style de vie, aux apparences, à l’argent, à la concurrence ou à la réussite – être le meilleur, le plus populaire – afin d’obtenir estime ou approbation. Fréquemment, les choix importants de la vie sont faits sans rapport avec le sujet; ou sont des choix qui n’apporteront pas de satisfaction; hypersensibilité au rejet; ou envie de ceux qui ont mieux réussi.

E - Schémas précoces d'hypervigilence et inhibition

Le problème principal est le contrôle exagéré des réactions, des sentiments et des choix pour éviter les erreurs ou pour maintenir des règles personnelles rigides dans sa conduite et dans sa performance, souvent aux dépens d’autres aspects de la vie: plaisirs, loisirs, amis; ou au détriment de sa santé. Origine familiale typique : sans joie; travail, devoir, perfectionnisme, obéissance, éviter les erreurs, sont des considérations beaucoup plus importantes que bonheur, joie, détente. Souvent, pessimisme et anxiété sont apparents : tout pourrait se désagréger si l’on ne se montre pas toujours vigilant.

Peur d’événements évitables/négativité

C’est au premier plan la crainte exagérée que, dans des contextes divers (travail, situation pécuniaire, relations interpersonnelles), tout va tourner au pire. Ou bien on retrouve une prise en considération fréquente et persistante de tous les aspects négatifs de la vie : souffrance, mort, conflit, culpabilité, ressentiment, problèmes non-résolus, erreurs possibles, etc., qui s’accompagne d’une minimisation ou d’un déni des aspects positifs et optimistes. Souvent, il existe une peur exagérée de commettre des erreurs et la crainte de leurs conséquences : ruine, humiliation, situation intolérable. Ces personnes sont fréquemment anxieuses, pessimistes, mécontentes et indécises.

Sur-contrôle

Le contrôle excessif des réactions spontanées (actions, sentiments, paroles) est là généralement pour éviter les erreurs, la désapprobation d’autrui, les catastrophes, le chaos ou par peur de ne pouvoir maîtriser ses impulsions. On peut distinguer :

  • La répression de la colère et de l’agressivité.
  • Le besoin compulsif d’ordre et de précision.
  • La répression d’impulsions positives (joie, affection, excitation sexuelle, jeux).
  • L’adhérence excessive à la routine et au rituel.
  • La difficulté à reconnaître ses propres faiblesses, ou à exprimer facilement ses propres sentiments ou besoins. Souvent ces attitudes sont appliquées aux proches.
Idéaux exigeants

La conviction que l’on doit s’efforcer d’atteindre et de maintenir un niveau de perfection dans son comportement ou sa performance représente un idéal destiné à éviter les critiques. Ces exigences amènent à une tension constante; s’arrêter dans ses efforts ou se détendre devient impossible. Une critique constante de soi-même et des autres est effectuée. Par conséquent la personne souffre des déficits de plaisirs, détente, santé, estime de soi, satisfaction personnelle et relations interpersonnelles. On peut distinguer :

  • Le perfectionnisme, importance excessive attachée aux détails et sous-estimation de sa propre performance.
  • Des règles rigides; l’importance du devoir. Ces règles s’appliquent à de nombreux aspects de la vie : morale, culture, religion.
  • Préoccupation constante de temps et d’efficacité : toujours faire plus et mieux.
Punition

La tendance à se montrer intolérant, très critique, impatient et à ” punir ” les autres, et soi-même, s’ils n’atteignent pas le niveau de perfection que l’on exige. Ceci entraîne : la difficulté à pardonner les erreurs ou les imperfections – en soi ou chez les autres – l’incapacité de considérer les circonstances atténuantes; et un manque d’empathie, de flexibilité, ou l’incapacité d’admettre un autre point de vue.

La rigidité des schémas

La personne ajuste ses schémas de cognition (ses croyances) à mesure qu’elle expérimente de nouvelles situations, ce qui lui permet de développer des comportements variés, adaptés aux différentes situations. Les schémas inadaptés ont cependant tendance à se maintenir. Young décrit trois types de processus ou de stratégies qui contribuent à ce maintien. Selon qu’une personne met davantage en œuvre l’un ou l’autre de ces types de processus, elle vit différemment un schéma: elle capitule, fuit ou contre-attaque. La plupart des gens ont recours à un mélange de ces stratégies de cognition.

La conscientisation des schémas

La personne pour qui un ou des schémas représentent un problème n’en a souvent pas conscience. Soit parce que les croyances associées à ces schémas lui semblent tellement naturelles et évidentes qu’elles ne sont pas remarquées, soit parce qu’elle évite ou contre-attaque. Toutefois, ces schémas déterminent l’interprétation des situations que la personne vit, c’est-à-dire ce qu’elle se dit au sujet de ces situations. Ces interprétations, appelées pensées automatiques, sont des pensées observables plus facilement accessibles à la conscience que les schémas.

Par exemples: qu’est-ce que les gens vont dire?; il faut que tout soit fait à temps; comment osent-ils me traiter ainsi?; il se désintéresse de moi; je ne suis pas capable de rester seule, etc.. Les pensées automatiques manquent souvent d’objectivité et présentent des biais cognitifs. Elles sont logiques par rapport aux croyances sous-jacentes mais elles sont souvent inexactes dans la situation vécue. Elles présentent, ce qui a été appelé des distorsions cognitives.

Ces interprétations de la réalité déterminent les émotions et les comportements.

Cognition et biais cognitifs

Les biais cognitifs (aussi appelés biais psychologiques) sont des formes de pensée qui dévient de la pensée logique ou rationnelle et qui ont tendance à être systématiquement utilisées dans diverses situations.

Ils constituent des façons rapides et intuitives de porter des jugements ou de prendre des décisions qui sont moins laborieuses qu’un raisonnement analytique qui tiendrait compte de toutes les informations pertinentes.

Ces jugements rapides sont souvent utiles mais sont aussi à la base de jugements erronés typiques.

Le concept a été introduit au début des années 1970 par les psychologues Daniel Kahneman (prix Nobel en économie en 2002) et Amos Tversky pour expliquer certaines tendances vers des décisions irrationnelles dans le domaine économique. Depuis, une multitude de biais intervenant dans plusieurs domaines de cognition ont été identifiés par la recherche en psychologie cognitive et sociale.

 

Origine

Certains biais s’expliquent par les ressources en cognition limitées. Lorsque ces dernières (temps, informations, intérêt, capacités cognitives) sont insuffisantes pour réaliser l’analyse nécessaire à un jugement rationnel, des raccourcis cognitifs (appelés heuristiques) permettent de porter un jugement rapide. Ces jugements rapides sont souvent utiles mais sont aussi à la base de jugements erronés typiques.

D’autres biais reflètent l’intervention de facteurs motivationnels, émotionnels ou moraux ; par exemple, le désir de maintenir une image de soi positive ou d’éviter une dissonance cognitive (avoir deux croyances incompatibles) déplaisante.

 

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Liste des 25 biais cognitifs les plus fréquents

Le biais de confirmation

C’est la tendance, très commune, à ne rechercher et ne prendre en considération que les informations qui confirment les croyances et à ignorer ou discréditer celles qui les contredisent.

Le biais de croyance

Il se produit quand le jugement sur la logique d’un argument est biaisé par la croyance en la vérité ou la fausseté de la conclusion. Ainsi, des erreurs de logique seront ignorées si la conclusion correspond aux croyances.

Maintenir certaines croyances peut représenter une motivation très forte : lorsque des croyances sont menacées, le recours à des arguments non vérifiables augmente.

Le biais d’auto-complaisance

C’est la tendance à s’attribuer le mérite de ses réussites et à attribuer ses échecs à des facteurs extérieurs défavorables.

L’erreur fondamentale d’attribution

C’est la tendance à surestimer les facteurs personnels (tels que la personnalité) pour expliquer le comportement d’autres personnes et à sous-estimer les facteurs conjoncturels.

L’effet de halo

Il se produit quand la perception d’une personne ou d’un groupe est influencée par l’opinion que l’on a préalablement pour l’une de ses caractéristiques. Par exemple, une personne de belle apparence physique sera perçue comme intelligente et digne de confiance. L’effet de notoriété est aussi un effet de halo.

Le biais rétrospectif

C’est la tendance à surestimer, une fois un événement survenu, comment on le jugeait prévisible ou probable.

L’excès de confiance

C’est la tendance à surestimer ses capacités. Ce biais a été mis en évidence par des expériences en psychologie qui ont montré que, dans divers domaines, beaucoup plus que la moitié des participants estiment avoir de meilleures capacités que la moyenne. Ainsi, plus que la moitié des gens estiment avoir une intelligence supérieure à la moyenne.

Le biais de négativité

C’est la tendance à donner plus de poids aux expériences négatives qu’aux expériences positives et à s’en souvenir davantage.

L’effet Barnum

Il consiste à accepter une vague description de la personnalité comme s’appliquant spécifiquement à soi-même. Les horoscopes jouent sur ce phénomène.

L’aversion de la dépossession

Elle désigne une tendance à attribuer une plus grande valeur à un objet que l’on possède qu’à un même objet que l’on ne possède pas. Ainsi, le propriétaire d’une maison pourrait estimer la valeur de celle-ci comme étant plus élevée que ce qu’il serait disposé à payer pour une maison équivalente.

L’illusion de corrélation

Elle  consiste à percevoir une relation entre deux événements non reliés ou encore à exagérer une relation qui est faible en réalité. Par exemple, l’association d’une caractéristique particulière chez une personne au fait qu’elle appartienne à un groupe particulier alors que la caractéristique n’a rien à voir avec le fait qu’elle appartienne à ce groupe.

Le biais de cadrage

Le biais de cadrage est la tendance à être influencé par la manière dont un problème est présenté. Par ex. la décision d’aller de l’avant ou pas avec une chirurgie peut être affectée par le fait que cette chirurgie soit décrite en termes de taux de succès ou en terme de taux d’échec, même si les deux chiffres fournissent la même information.

Le biais d’ancrage

C’est la tendance à utiliser indûment une information comme référence. Il s’agit généralement du premier élément d’information acquis sur le sujet. Ce biais peut intervenir, par exemple, dans les négociations, les soldes des magasins ou les menus de restaurants.

Le biais de représentativité

C’ est un raccourci mental qui consiste à porter un jugement à partir de quelques éléments qui ne sont pas nécessairement représentatifs.

Le biais de la disponibilité en mémoire

Il consiste à porter un jugement sur une probabilité selon la facilité avec laquelle des exemples viennent à l’esprit. Ce biais peut, par exemple, amener à prendre pour fréquent un événement récent.

Le biais de statu quo

C’est la tendance à préférer laisser les choses telles qu’elles sont, un changement apparaissant comme apportant plus de risques et d’inconvénients que d’avantages possibles. Dans divers domaines, ce biais explique des choix qui ne sont pas les plus rationnels. (Un biais se rapprochant du biais de statu quo est celui de la tendance à la justification du système qui se distingue par une plus forte composante motivationnelle.)

Le biais d’omission

Il consiste à considérer que causer éventuellement un tort par une action est pire que causer un tort par l’inaction. Ainsi, le biais d’omission pourrait contribuer à expliquer que, dans l’incertitude, certains choisiront de refuser la vaccination pour leurs enfants.

Le biais de faux consensus

C’est la tendance à croire que les autres sont d’accord avec nous plus qu’ils ne le sont réellement. Ce biais peut être particulièrement présent dans des groupes fermés dans lesquels les membres rencontrent rarement des gens qui divergent d’opinions et qui ont des préférences et des valeurs différentes. Ainsi, des groupes politiques ou religieux peuvent avoir l’impression d’avoir un plus grand soutien qu’ils ne l’ont en réalité.

La croyance en un monde juste

c’est la tendance à croire que le monde est juste et que les gens méritent ce qui leur arrive. Des études ont montré que cette croyance répond souvent à un important besoin de sécurité. Différents processus cognitifs entrent en œuvre pour préserver la croyance que la société est juste et équitable malgré les faits qui montrent le contraire.

L’illusion de savoir

Elle consiste à se fier à des croyances erronées pour appréhender une réalité et à ne pas chercher à recueillir d’autres informations. La situation est jugée à tort comme étant similaire à d’autres situations connues et la personne réagit de la façon habituelle. Ainsi, une personne pourra sous-exploiter les possibilités d’un nouvel appareil.

L’effet Dunning-­Kruger

C’est le résultat de biais cognitifs qui amènent les personnes les moins compétentes à surestimer leurs compétences et les plus compétentes à les sous-estimer. Ce biais a été démontré dans plusieurs domaines.

Le biais de conformisme

C’est la tendance à penser et agir comme les autres le font.

L’effet boomerang

C’est le phénomène selon lequel les tentatives de persuasion ont l’effet inverse de celui attendu. Les croyances initiales sont renforcées face à des preuves pourtant contradictoires. Différentes hypothèses sont avancées pour expliquer ce phénomène.

L’illusion de contrôle

C’est la tendance à croire que nous avons plus de contrôle sur une situation que nous n’en avons réellement. Un exemple extrême est celui du recours aux objets porte-chance.

L’effet de simple exposition

C’est une augmentation de la probabilité d’un sentiment positif envers quelqu’un ou quelque chose par la simple exposition répétée à cette personne ou cet objet. Ce biais cognitif peut intervenir notamment dans la réponse à la publicité.

Le biais cognitif est un concept différent de celui de distorsion cognitive qui a été développé dans le champ de la psychologie clinique.

10 distorsions cognitives

Le terme distorsion cognitive a été introduit en 1967 par le psychiatre américain Aaron Beck,  pionnier de la TCC.

Selon son modèle, les distorsions cognitives sont des façons de traiter l’information qui résultent en erreurs de pensée prévisibles ayant souvent pour conséquence d’entretenir des pensées et des émotions négatives.

Elles contribuent ainsi aux troubles émotionnels tels que la dépression et l’anxiété ainsi qu’aux troubles de la personnalité. Mais aussi à nos comportements quotidiens.

Souvent les distorsions sont confondues avec les biais. …… Pour simplifier les distorsions s’apparentent plus à des préjugés quand les biais peuvent se comparer à des attitudes.

Ou Noir ou Blanc

C’est penser de façon dichotomique (polarisée) sans nuance : tout ou rien, noir ou blanc, jamais ou toujours, bon ou mauvais…. Il n’y a pas de place pour le gris. Par ex., se voir comme un raté suite à une mauvaise performance. Cette distorsion est souvent présente dans le perfectionnisme.

Ou conclusion hâtive

C’est tirer des conclusions hâtives (habituellement négatives) à partir de peu d’évidence. Par ex., la lecture de la pensée d’autrui consiste à inférer les pensées possibles ou probables d’une personne ; l’erreur de prévision consiste à prendre pour des faits des attentes sur la tournure des événements.

C’est tirer une conclusion générale sur la base d’un seul (ou de quelques) incident(s). Par ex., si un événement négatif (tel qu’un échec) se produit, s’attendre à ce qu’il se reproduise constamment.

Filtre négatif

C’est la tendance à s’attarder sur des détails négatifs dans une situation, ce qui amène à percevoir négativement l’ensemble de cette situation.

et Minimisation

C’est amplifier l’importance de ses erreurs et ses lacunes. Considérer un événement désagréable mais banal comme étant intolérable ou une catastrophe. Ou, au contraire, minimiser ses points forts et ses réussites ou considérer un événement heureux comme banal.

C’est penser à tort être responsable d’événements fâcheux hors de son contrôle ; penser à tort que ce que les autres font est lié à soi.

Par la suite (1980), le psychologue David Burns a identifié quatre autres distorsions :

C’est prendre pour acquis que des états émotifs correspondent à la réalité. Par ex., considérer la peur comme une attestation du danger ; se dire « je suis stupide » plutôt que « je me sens stupide ».

Les croyances sur ce qui devrait être fait.

C’est avoir des attentes sur ce que l’on devrait, ou que les autres devraient, faire sans examen du réalisme de ces attentes étant données les capacités et les ressources disponibles dans la situation. Ce qui génère de la culpabilité et des sentiments de frustration, de colère et de ressentiment.

ou coller une étiquette.

C’est utiliser une étiquette, c’est-à-dire un qualificatif qui implique un jugement négatif, de façon qui représente une généralisation à outrance, plutôt que de décrire le comportement spécifique. Par ex., « Je suis un perdant » plutôt que de qualifier l’erreur.

c’est tenir à tort les autres pour responsables de ses émotions ou au contraire se blâmer pour celles des autres.

D’autres distorsions ont par la suite été identifiées telles que la tendance à se comparer négativement aux autres…

Dissonances et cognition

La dissonance cognitive est un concept introduit par le psychologue social Leon Festinger. Ainsi c’est un état de tension ressenti par une personne en présence de cognitions (connaissances, opinions ou croyances) incompatibles entre elles

La dissonance cognitive amène la personne à mettre en œuvre des stratégies visant à restaurer un équilibre cognitif (changer une ou plusieurs croyances, discréditer certaines informations, rechercher de nouvelles informations…).

En d’autres termes, les dissonances sont des tensions dues aux cognitions et aux valeurs incompatibles entres elles et incompatibles avec les faits. Ainsi elles nécessitent pour la personne l’obligation de changer l’information traitée (biais, distorsions…) ou de modifier ses valeurs. Des valeurs (ensemble de croyances) que le thérapeute ou le coach va tenter de changer.

Cette théorie repose sur le principe de consistance selon lequel l’humain serait  motivé à conserver une cohérence entre ses attitudes et ses comportements. La théorie de la dissonance cognitive (1957) permet de faire l’hypothèse suivante : si un individu est amené à agir librement de manière antinomique à son attitude initiale, il modifiera cette attitude conformément au comportement émis.

Sources:

  • La thérapie des schémas – J. Young
  • Les valeurs personnelles de Schwartz – Samuele Meier
  • Psychomedia
  • Wikipedia

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