Limites des tests de personnalité
Les limites des tests de personnalité
« Ne confondez pas ma personnalité et mon attitude. Ma personnalité est qui je suis, et mon attitude dépend de qui vous êtes et de comment vous vous comportez ici et maintenant»
Quelques définitions
Cette citation connue souligne ce qu’on appelle couramment en psychologie, l’erreur fondamentale d’attribution. Le comportement d’un individu dépend de 2 éléments principaux ; sa personnalité et les contraintes de la situation dans laquelle se situe l’action.
La personnalité est une intégration stable dans le temps et individualisée d’un ensemble de comportements, d’émotions et de cognitions.
Le tempérament correspond plus à la partie génétique, innée de la personne.
Les troubles de la personnalité sont en continuité avec la personnalité normale dont ils exagèrent et rigidifient les traits.
L’attitude va se définir plus comme un état mental prédisposant à agir d’une certaine manière. Il s’agit d’une construction hypothétique.
L’identité est un concept différent de celui de la personnalité. La personnalité sert à cerner les caractéristiques de la personne de l’extérieur, tandis que l’identité concerne la manière dont la personne se définit elle-même. On parle de concept de soi (Maslow, Rogers, Bandura…)
Le comportement, c’est ce que les autres observent chez un individu. Mais seules les fortes personnalités font ce qu’elles disent et disent ce qu’elles font en toutes occasions, au risque d’affronter les tensions qu’elles ne manquent pas de rencontrer.
L. Festinger émet l’hypothèse que l’individu, tiraillé par ses contradictions entre attitudes et comportement notamment, se trouve souvent en état de « dissonance cognitive ».
Le caractère est la part apprise (consciente) de la personnalité. Il correspond à la prise de conscience, le concept de soi et l’apprentissage abstrait. Le concept de soi correspondrait à l’autodétermination, la coopération et l’autotranscendance.

Plusieurs écoles de pensées
Pour la psychologie behavioriste, la personnalité est issue d’un apprentissage par expérience.
La psychanalyse utilise elle plus volontiers la notion de personnalité normale ou pathologique. Un type de personnalité est alors associé à certains mécanismes de défenses (refoulement, déplacement, projection…).
Les nouvelles approches de psychologie cognitive (TCC, …) se centrent sur la notion de schéma cognitif comme base de la personnalité. Cette dernière approche se rapproche plus de notre école.
Raymond Cattell (1950…) considère la personnalité comme un système en relation avec l’environnement. Ces traits sont souvent déterminés par les gènes, mais ils sont modifiables par l’apprentissage. Cattell souligne qu’une théorie de la personnalité doit tenir compte de la motivation et des comportements. Cattell est surtout connu pour son échelle d’évaluation de la personnalité, le 16PF, à la base du Big 5.
Les tests de personnalité
La notion de personnalité ne désigne pas l’humain concret, mais représente une construction, une représentation. Cela peut se faire soit à travers l’étude des comportements par autrui, soit le plus souvent à travers des questionnaires d’auto-évaluation.
Cette méthode est critiquable car les réponses à un questionnaire peuvent être influencées par la désirabilité sociales des réponses et la tendance à l’acquiescement (choisir plutôt « vrai » plutôt que « faux »).
3 modèles ont été proposés pour décrire et classer les personnalités
Les modèles dimensionnels fondés sur la notion de continuum entre personne normale et pathologique et étudiés par l’analyse factorielle des regroupements de traits de personnalité. C’est la conception statistique de la personnalité. On parle de psychométrie, des tests du Big 5 (ou NEO ou OCEAN), de l’HEXACO (évolution du Big 5). C’est l’approche scientifique par excellence, qui permet de déterminer de nouvelles lois sur la nature humaine. Bien que le Big 5 puisse différentier les groupes normaux des groupes de patients névrosés, il ne différentie pas entre les divers troubles de la personnalité. Ces tests sont surtout utilisés par les chercheurs et par l’industrie (orientation, recrutement…).
Les modèles catégoriels vont permettre justement de valider des types de personnalité, et grâce à un seuil défini, effectuer des études épidémiologiques, biologiques et thérapeutiques. C’est l’approche du DSM 5 (classement mondial des troubles mentaux), du fameux MBTI (le test le plus effectué au monde) ou de l’ennéagramme avec des typologies basées sur des catégories. Jung développa une classification en huit types basée sur la notion extraverti / introverti. C’est base là que reprend le MBTI.
Enfin le modèle structurale s’intéresse lui avant tout au fonctionnement de la personnalité normale ou pathologique. C’est l’approche par exemple utilisée en psychanalyse.
La limite des modèles
Chaque modèle ou approche a ses forces et ses faiblesses. Nous citons ici 3 modèles (Dimensionnel, catégoriel et structurel).
Comme indiqué précédemment, le modèle dimensionnel est une approche statistique, et donc peu discriminative d’un point de vue individu, en dehors de la probabilité. Il est donc très utilisé par les scientifiques et très peu par les cliniciens.
A l’inverse, le modèle catégoriel est individualisé. Il va “mettre” l’individu dans une “case” (DSM, MBTI, Ennéagramme, process com…). Ce modèle est très critiqué par nos scientifiques de nos jours. Effectivement pour eux les gens diffèrent sur une dimension continue. Mais les scientifiques ont souvent une approche de la population, ce qui n’avance pas un psychologue clinique qui doit faire un diagnostic sur un individu précis. L’approche du continuum a aussi ses faiblesses. Par exemple si l’on considère l’axe extraverti/introverti, ou dominant/passif, la plupart des gens convergent vers le centre du continuum et non vers les extrêmes. En d’autres termes une personne très peu extravertie, proche du seuil, sera beaucoup proche d’une personne faiblement introvertie que d’une personne très extravertie.
D’autre part le modèle dimensionnel souligne certaines caractéristiques, en ignorent d’autres et ne font pas cas des influences environnementales et de l’interaction entre situations et réactions.
De son côté, l’approche structurelle est avant tout une théorie de la motivation inconsciente, et selon elle, les bases de la personnalité sont à rechercher à la fois dans les pulsions sexuelles et les avatars historiques de leur refoulement. Elle correspond surtout aux approches dynamiques comme la psychanalyse. A ma connaissance, il existe peu d’auto-tests en approche structurelle. Citons les mécanismes de défense du moi, ou le test du locus de contrôle (faire le test).
Un faux débat ?
Au final, les tests sont des outils. Ce qui va les distinguer ce sont leurs utilisations.
Effectivement si pour la recherche la méthode dimensionnelle est nécessaire, ses applications dans la vie courante se rapprochent plus de la méthode catégorielle. Le continuum, qui est un argument majeur des défenseurs des tests psychométriques dimensionnels, va être être divisé en segments plus ou moins fins. Si l’on différencie un axe en 7 niveaux (trait plus ou moins développé), on pourra décrire 118 000 sortes de différentes personnes dans une approche à 6 facteurs comme l’Hexaco (16 857 pour le Big 5). Mais au final, cela revient bien à une approche catégorielle. Donc dimensionnel ou catégoriel est un faux débat. Dans une approche d’analyse d’un individu, cela revient au même.
L’industrie du recrutement ou de l’orientation ne s’embarrasse pas de cette diversité et va avoir besoin d’une réponse binaire. « La qualité extravertie d’une personne va correspondre à un poste de commercial ou de management !!??».
Les qualités d’un test
Nous avons vu aussi précédemment que les personnes ont tendance à répondre “oui” aux questionnaires. Pour avoir un bon test il sera alors important d’avoir autant de questions dans un sens que dans l’autre.
Il sera aussi important d’avoir des tests qui permettent une graduation des réponses et qui ne se limitent pas à une réponse binaire « oui » ou « non ».
L’exactitude d’un auto-questionnaire dépend aussi de la bonne connaissance de la personne de ses comportements, de ses pensées et ressentis. Et bien sur il faut que la personne soit d’accord de partager ces comportements, pensées et ressentis.
Que ce soit en clinique ou en développement personnel, bien souvent, la personne n’a pas conscience de ses faiblesses. G. kelly (1955) parle de constructions bipolaires (bon/mauvais, juste/faux…) avec un pôle émergent facile à percevoir, et un pôle implicite que la personne est le plus souvent incapable de nommer ou de symboliser.
Le contexte du questionnaire (un recrutement par ex.) va aussi conditionner les réponses du répondant.
Un test théoriquement ne doit pas porter de jugement. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises personnes, ou réponses. Les tests de personnalité et les tests psychométriques font ressortir des catégories ou des traits qui peuvent être adaptés ou non à une situation.
L’utilisation de tel ou tel test va dépendre de votre objectif
Si vous êtes un chercheur et que vous voulez déceler des lois générales à propos de la personnalité, alors une approche nomothétique est conseillée si ce n’est obligatoire. L’approche nomothétique est caractéristique du modèle dimensionnel (Big 5…). Le chercheur étudie certains traits de la personnalité d’un grand nombre de personnes. Il utilise des outils standardisés qui permettent la comparaison des études entre chercheurs dans le monde entier. Ces outils doivent être statistiquement validés et l’analyse factorielle est la méthode de choix.
Mais si vous voulez mieux connaître une personne, l’approche catégorielle est plus pratique. Pour un clinicien, un test peut l’aider, dans certains cas, à identifier le trouble de la personnalité en cause. Pour du développement personnel, la typologie de certains comportements permet d’aller à l’essentiel et de faire ressortir des caractéristiques que l’on a pas toujours envie d’entendre ou de voir. Mais c’est bien la définition du développement personnel.
Attention à l’effet Barnum (biais de validation subjective). Toute personne a tendance à se reconnaître dans une description vague de sa personnalité. D’où la difficulté pour certaine personne de s’identifier dans telle ou telle typologie. Ou à l’inverse de se retrouver dans toutes les typologies proposées. Ou pour des personnes mal intentionnées d’exprimer ce que vous avez envie d’entendre.
Attention aux amalgames. Il ne faut pas confondre l’outil (les tests et les théories attenantes) et l’utilisation qui peut en être faite. Milivudes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte conte les dérives sectaires) recense les dérives sectaires pour protéger la population. Inversement des approches comme l’analyse transactionnelle, pourtant utilisée en psychothérapie, se retrouve taguée avec une image négative par Milivudes.
Quel test choisir ?
Quel est votre objectif ?
- Si vous souhaitez un feed back positif et être valorisé, le MBTI est le test de choix. Ce n’est pas un hasard si c’est le test le plus effectué au monde.
- Si vous souhaitez un feed back neutre, donc qui fait aussi ressortir des points négatifs, l’ennéagramme (base de 9 types de personnalité) ou le process com (6 types) sont tout à fait adaptés.
- Si vous souhaitez mettre en exergue une facette de personnalité particulière (estime de soi, affirmation de soi, mes besoins fondamentaux…) ou un état (Stress, burnout…) des tests psychométriques validés sont performants. Mais il n’y aura pas de commentaires sur votre personnalité en général.
- Si vous souhaitez vraiment mieux vous connaître, alors cela nécessite du temps. Un passage obligé sera le feed-back d’autrui afin de comparer votre vision de vous-même (votre identité) à celles qu’ont vos proches de vous-même (360°). C’est le seul moyen d’identifier les points d’amélioration qui sont par définition inconscients à votre esprit.
- En dernière étape, si vous vivez un mal être, il peut être utile de voir un spécialiste (psychothérapeute, coach…) qui va vous permettre de travailler sur vos croyances inadaptées ou trop rigides.
Il ne faut jamais oublié que notre regard sur nous-même, est tantôt trop indulgent, tantôt implacable, et donc il est rarement juste !
Notre opinion
Personnellement, l’ennéagramme est le meilleur outil dans un objectif de développement personnel ou professionnel. C’est un outil simple d’utilisation et pragmatique. Son côté dynamique ne vous enferme pas dans une catégorie car il est situationnel. En d’autres termes, nous avons des traits qui vont s’exprimer dans telle ou telle situation, sur la base de schémas cognitifs bien identifiés.
L’analyse transactionnelle est un outil de compréhension de la communication interpersonnelle aussi très performant. Sur des bases de la psychanalyse (Moi, surmoi et le ça), elle permet de mieux conceptualiser nos interractions avec les autres. Son dérivé le Process Com est excellent.
Les approches psychométriques restent scientifiques et il est très difficile de les utiliser dans le quotidien sans être dans un cadre catégoriel.
Notre enquête de satisfaction sur nos tests font ressortir qu’un des points d’amélioration est de plus personnaliser nos rapports. Les attentes de nos visiteurs sont que nous les aidions à mieux se connaître. Ils souhaiteraient une sorte de révélation sur ce qu’ils sont. Mais la vérité est que le développement personnel comme son nom l’indique reste une démarche personnelle. Si nos tests peuvent relativement efficacement ressortir certains de vos traits, nous dépendons de vos réponses, de votre connaissance intime, de votre ouverture pour mieux vous connaître, mais surtout du contexte. Un trait de personnalité ne peut être exploité que dans un contexte. Ce contexte vous appartient. Les limites des tests de personnalité sont avant tout la réponse à une question; êtes-vous prêt ? Jusqu’ou ?
Les limites des tests de personnalité sont en conclusion leurs utilisations.
Les auto-évaluations et les évaluations par observateur peuvent prédire le comportement avec un niveau de validité modéré. Le questionnaire doit donc rester un outil complémentaire, source de discussions et d’investigations.
Mais Attention. Dans un test, ce n’est pas la machine qui décide à votre place ce que vous êtes. Un questionnaire vous considère comme libre, et responsable de vos choix. L’être humain n’est pas une science exacte et un questionnaire propose de vous faire réfléchir sur les différentes facettes de vous-même et de discerner la principale.
Aussi il est peu probable qu’un questionnaire débouche sur une certitude. Il doit donc plutôt être considéré comme un support permettant d’éclairer la structure de votre personnalité.
Mais l’auto-test reste un très bon outil d’investigation personnelle. Cela nécessite 2 conditions :
- Pour comprendre les dimensions psychologiques, il faut accepter que nous sommes tous différents, tout en restant quelque part pareils.
- Ne sauront “sauvées” que les personnes qui ont déjà, pour une bonne part, décidé d’elles-mêmes de changer.
Attention
Dans tous les cas, les tests proposés par des personnes non professionnelles doivent être considérés comme des outils de développement pédagogiques. Dans un cadre juridique ou médical, seuls les personnes habilitées (et ce n’est pas le cas de C5s ou @Prisme) doivent être approchées.