Pervers narcissique: un mot peut faire aussi mal qu’un coup
Pervers narcissique : Un mot peut faire tout aussi mal qu’un coup.
Ce terme est tristement à la mode. On l’entend partout, trop souvent. Mais que recouvre-t-il réellement ?
De multiples articles de presse vont dépeindre le pervers narcissique (PN) comme un sociopathe agissant comme un prédateur allant jusqu’à détruire l’identité de sa proie par la manipulation mentale.
Pourtant, tout le monde a déjà manipulé quelqu’un dans son propre intérêt. Presque tout le monde, à des degrés différents, a des traits égocentriques, a besoin d’être admiré ou est intolérant aux critiques. Ce ne sont pas des signes pathologiques. La perversité, en revanche, implique une stratégie d’utilisation de l’autre, puis une stratégie de destruction de l’autre, sans aucun sentiment de culpabilité. Et c’est l’absence de culpabilité et de regret qui distingue un PN (pervers narcissique) des autres.
La plupart des PN sont inconscients de leur problème et sont persuadés d’agir pour le bien des autres. Seul une minorité est sadique et prend plaisir à faire souffrir les autres. Les manipulations de ces personnes se distinguent du chantage affectif, des petits mensonges ou d’une culpabilisation d’autrui qui font que tout le monde est plus ou moins manipulateur.

Définition
Le comportement pervers narcissique se définit essentiellement comme une façon organisée de se défendre de toute douleur et contradiction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui.
Attention la perversion narcissique n’a jamais été un trouble clinique reconnu, contrairement par exemple au trouble de la personnalité narcissique ou au trouble bipolaire.
D’après Racamier (1986), il s’agit pour le PN d’assurer sa propre immunité et de se valoriser en rabaissant l’autre, tout en lui imputant les torts. Pour eux un mensonge réussi compte comme une vérité. Ou en d’autres termes, la vérité importe peu pour ces sujets méfiants qui ne doivent rien à personne.
Son mode de fonctionnement
L’arme du pervers narcissique est la parole, donc il ne passe pas à l’acte physiquement. Il utilise ainsi le mensonge, l’insinuation, le paradoxe, les allusions, le double-sens des mots. Le pervers se coupe de lui-même, dénie la réalité pour se protéger de toutes souffrances. Il nie ses comportements antisociaux et les conséquences de ses actes pour autrui. La faute est niée, banalisée, rationalisée ou rejetée sur autrui. Le conflit est nié. On est dans le déni.
Très déstabilisant, il est capable de paroles irrationnelles, de dire tout et son contraire dans la minute qui suit. Le PN est même capable de retourner vos arguments contre vous. Du coup, la « victime » doute d’elle même, de ses valeurs, de ses capacités, de ses repères.
En mettant le blâme sur les autres, le PN utilise ce que l’on appelle en psychologie le mécanisme de projection. Le PN fait aux autres ce qu’il accuse les autres de lui faire. Ainsi, ce que le PN porte en lui, il le projette et l’attribue à l’autre. Il accuse l’autre de la situation de conflit dans laquelle il (le PN) se trouve ou du mal qu’il a subi. Quand quelqu’un accuse et juge quelqu’un d’autre de mauvais, c’est censé être quelqu’un de bien. De cette façon, on est exonéré de toute responsabilité pour ce qui s’est passé.
Témoignage :
« Elle me dit agressif, excessif, non communicant -alors que dès que je veux lui parler, elle se renferme. Dès que je fais une remarque qui gêne son jugement ou la contrarie, je suis pour elle excessif. Ce comportement est difficilement imaginable si on ne l’a pas vécu. »
Paradoxe entre être et paraître : le PN veut être aimé, mais il ne s’aime pas. Il admire les qualités humaines des autres, mais il ne sait pas créer les siennes. Il vit au quotidien des frustrations énormes qui activent une haine liée à ses blessures narcissiques. Mais pour lesquelles il est dans une impossibilité de remise en question. Car il a choisit de se mentir quant à sa nature. C’est une attitude préservatrice d’une vérité trop violente à intégrer pour lui.
Dr Jekyll et Mr Hyde
L’habileté du pervers narcissique peut le rendre difficile à appréhender. Il est généralement très aimable à l’extérieur, en société, surtout lorsqu’il cherche à séduire. Mais il s’avère terriblement destructeur dans la relation à deux. Il ne se remet jamais en question et se fait passer pour la victime.
C’est une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde. Le PN se camoufle dans la société et la famille comme un être normal. Il est charmeur et séducteur. Mais on ne le confond pas. La dévalorisation de l’autre se fait à huis-clos. Il n’y a pas de témoin. Et quand il y a des témoins, il redevient le gentil Dr Jekyll.
Un pervers narcissique ne connait pas la culpabilité : “c’est toujours l’autre qui est coupable, donc il n’est pas malade. S’il n’est pas malade il ne va pas demander à être soigné”.
Pourquoi se poserait-il des questions ? De son point de vue, il ne va pas mal.
Comportements fréquents du pervers narcissique
Il existe deux types de pervers narcissiques :
- Celui qui est dépassé par ses propres mécanismes et cause des souffrances à son entourage de manière involontaire,
- et le pervers sadique qui prend au contraire un vrai plaisir à faire du mal.”
Le pervers narcissique est un manipulateur qui se valorise en rabaissant les autres. Il n’a besoin de personne et a une image dévalorisante de lui-même qu’il reporte sur les autres.
Le PN:
- manipule la vérité, et n’est pas gêné par les paradoxes ou les contradictions. Il entretient une communication floue. Il change fréquemment d’opinion et de position.
- est incapable d’avouer ses torts ou d’assumer la responsabilité de ses actes. Cela lui permet d’agir selon son propre intérêt sans tenir compte de l’autre.
- ne sait pas s’excuser ou se faire pardonner. Car il ne culpabilise pas.
- tourne tout en dérision
- culpabilise sa victime en inversant les rôles. Il accuse toujours les autres.
- et se fait passer pour la victime
- est motivé par la frustration au quotidien mais ne l’exprime jamais directement.
- est sans réelle empathie. Son empathie est plutôt utilitaire, car il ne reconnait les besoins de l’autre que dans la mesure où ils servent son propre intérêt.
- et est incapable de reconnaître les besoins ou les sentiments d’autrui.
- n’est pas conscient du mal qu’il provoque (pour le premier type). Cependant, l’influence qu’il exerce sur autrui est calculée.
- Son but est de se nourrir de l’énergie et de la force vitale d’autrui.
Ne pas confondre avec le passif agressif
Ces points (1à 11) sont communs à un autre type de comportements très manipulateur : le passif agressif (PA). Ce qui va les différentier :
- Le PN a besoin d’écraser les autres pour se valoriser
- Il est sans arrêt en recherche de reconnaissance
D’après le psychanalyste JC Bouchoux, il y a autant d’hommes que de femmes. Si on entend plus souvent de témoignages de victimes féminines, c’est que les femmes parlent plus facilement.

image Pixabay

Le double drame de la victime
Les petits actes pervers sont si quotidiens qu’ils semblent normaux. Ils commencent par un simple manque de respect, un petit mensonge ou une manipulation subtile. Ensuite, si le groupe social dans lequel ils apparaissent (famille, collègues…) ne réagit pas, ces actes deviennent progressivement de véritables comportements pervers qui ont de graves conséquences sur la santé psychologique des victimes. N’ayant pas l’assurance qu’elles seront comprises, les victimes se taisent et souffrent en silence.
Le grand drame de la victime est que, lorsqu’elle se rend compte qu’elle est soumise à un pervers narcissique et qu’elle commence à se rebeller, le narcissique change la situation en se faisant passer pour la victime et attribue à la victime le rôle d’agresseur. Cela provoque non seulement une profonde déception pour la victime de découvrir qu’elle a été utilisée, mais aussi une grande solitude parce que son entourage (famille, ami.es, …), s’ils ne sont pas au courant de la situation, ne la soutiennent pas.
La violence d’un pervers est clandestine.
Celui qui répond à la provocation apparaît comme le responsable de la crise. Pour le pervers, il est coupable, et pour les observateurs extérieurs, il semble être l’agresseur. Ce qu’ils ne voient pas, c’est que la victime est acculée dans une position où elle ne peut plus respecter ce qui est pour elle un piège. Elle trébuche sur un double obstacle et, quoi qu’elle fasse, elle ne peut pas s’en sortir. Si elle réagit, elle apparaît comme la génératrice du conflit. Si elle ne réagit pas, elle laisse la destruction mortelle continuer.
Le profil de la victime
Bien souvent, l’un de ses parents ou une précédente relation avait un caractère toxique. Souvent, elle a déjà été manipulée par le passé, mais sans s’en rendre compte.
Du coup, avec le PN, la victime tout simplement reproduit le schéma qu’elle connait. Car elle ne sait pas qu’une relation peut-être sereine et équilibrée. En plus, si elle a été éduquée par un parent PN, elle n’a pas appris à se respecter, à s’aimer ou à mettre des limites.
La victime n’a pas goûté à l’amour inconditionnel et pense qu’il faut accepter l’inacceptable pour être aimée. Alors tout naturellement, elle remet ça dans sa relation de couple.
Les cibles idéales sont donc des personnes présentant une force de caractère, une bonté d’âme et une grande empathie, qualités qui se retourneront contre elles dans la relation avec un PN.
Personnes à risque de tomber dans la perversion narcissique
- Les personnes qui ont une faible estime d’elles-mêmes ou qui sont en situation de dépendance affective.
- Même les personnalités dites fortes peuvent tomber dans leur piège, notamment quand il y a dépendance affective. Les victimes perdent alors toute rationalité quant à leur relation.
Pour en savoir plus sur le PN avec podcasts, le très bon blog de Maria Medita
Pour sortir de cette emprise
- Il est nécessaire de repérer que la relation est toxique. C’est-à-dire le processus pervers qui consiste à faire porter la responsabilité du conflit toujours à la victime. La victime doit cesser de se justifier.
- La victime doit admettre qu’elle ne peut rien changer à la situation. Et ceci sans culpabiliser. Elle ne doit pas chercher à comprendre la personne ni lui trouver de justification.
- Si elle a été séparée de ces proches, elle doit renouer avec ses proches.
- Et enfin elle peut recourir à une aide psychothérapeutique.
Une fois que l’on a pris conscience de la nocivité de la relation pour sa propre personne, il faut s’en aller. Il ne faut pas chercher à comprendre le pervers narcissique, pas plus qu’il ne faut lui trouver des excuses.
Force est de constater que de multiples tentatives de sauver son couple est une perte de temps.

Identifier un pervers narcissique
La TCC estime qu’il faut au moins 14 des 30 comportements caractéristiques pour qu’on puisse parler d’un(e) pervers(e) narcissique.
Gratuit et anonyme
Conclusions
Si l’objectif de cet article est de pouvoir en savoir plus sur le PN pour information, ou pour aider une prise de conscience d’une victime de PN, il faut garder à l’esprit que les vrais pervers narcissique ne sont pas si nombreux.
Marcel Sanguet, psychologue clinicien et psychanalyste, examine l’épidémie ravageuse actuelle avec circonspection. Dans son ouvrage Le pervers n’est pas celui qu’on croit (éditions Eyrolles), l’auteur démontre que cette nouvelle figure de la psychopathologie du quotidien serait surtout une invention commode, une fable destinée à nous dédouaner de nos propres échecs. Notre époque aurait « inventé la catégorie morale du pervers pour la rendre responsable de nos maux », comme le début du XXe siècle popularisa l’hystérique pour dire le refoulement des désirs sexuels.
C’est de sa faute – au bureau, à l’usine, en amour – si nous avons renoncé à atteindre nos buts, nos objectifs, notre chiffre d’affaires.
Il faut donc bien garder en tête que notre époque génère beaucoup de comportements à tendance pervers narcissique. Mais comme le présente si bien la théorie implicite de la personnalité, il ne faut pas confondre personnalité et attitude en réaction à une situation.

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