Controverses de l’intelligence émotionnelle et points clefs
Points clefs et controverses de l’intelligence émotionnelle
Intro aux controverses de l'intelligence émotionnelle
« L’intelligence émotionnelle (IE) reflète la capacité à identifier, exprimer, comprendre, réguler et utiliser ses émotions et celles d’autrui. Elle influence les 4 domaines les plus importants de la vie (Bien-être, Relations, Performances au travail, Santé physique). »
« En amplifiant son intelligence émotionnelle, on est plus à même de guider ses pensées et ses actions. Ainsi on est mieux préparé pour atteindre ses objectifs. »

Depuis les années 1990, le concept de l’intelligence émotionnelle a pris de l’ampleur. Des programmes destinés à améliorer l’intelligence émotionnelle des dirigeants ont été conçus et mis en œuvre. Tandis que des formations visant à perfectionner l’intelligence émotionnelle sont offertes dans les universités partout aux États-Unis.
Néanmoins le concept d’intelligence émotionnelle n’est pas sans ses détracteurs. Aussi c’est pourquoi nous présentons des points clefs et des critiques et controverses entourant l’IE.
Points clefs de l’intelligence émotionnelle
3 principaux modèles
Il existe trois principaux modèles de l’intelligence émotionnelle. Dans le premier modèle, de Peter Salovey et John Mayer, l’IE est considérée comme une forme d’intelligence pure. Notamment l’intelligence émotionnelle est considérée comme une habileté cognitive. Dans le deuxième modèle, de Reuven Bar-On, l’IE est présentée comme une intelligence mixte, composée d’une habileté cognitive et de traits de personnalité. Ce modèle fait ressortir l’influence sur le bien-être général et le potentiel en chacun. Enfin, dans le troisième modèle, celui de Daniel Goleman, l’IE est aussi présentée comme une intelligence mixte composée de l’habileté cognitive et de traits de personnalité. Toutefois, contrairement à celui de Reuven Bar-On, le modèle de Goleman est centré sur le succès en milieu de travail.
Corrélation
Les recherches permettent de conclure à l’existence de relations significatives entre les trois modèles de l’IE. D’ailleurs beaucoup de traits inclus dans le modèle des cinq grands facteurs de la personnalité ressemblent à ceux décrits par Bar-On et Goleman.
Leadership
Des études sur le leadership ont révélé que le leadership transformationnel (c.-à-d., celui qui inspire, motive et favorise le perfectionnement des autres tout en sensibilisant aux objectifs organisationnels) mène à un accroissement de l’efficacité et de la satisfaction des employés. Ainsi, elles ont aussi révélé une relation significative entre le leadership transformationnel et un quotient émotionnel (QE) élevé.
Hommes et femmes
Les études sur les différences entre les sexes ne sont pas concluantes.
Satisfaction
L’intelligence émotionnelle est une variable prédictive de la satisfaction dans la vie. Elle prédit une adaptation psychologique saine, des interactions positives avec ses contemporains et sa famille et de l’ardeur parentale. Aussi, on a constaté une relation entre un faible quotient émotionnel et un comportement de violence, l’usage de drogues et l’abus d’alcool, et la perpétration d’infractions.
Au travail
L’intelligence émotionnelle en milieu de travail a fait l’objet de nombreuses recherches. Elle a été liée à un degré plus élevé de réussite parmi les personnes occupant des postes équivalents. Du reste, dans le secteur privé, l’embauche de personnes à quotient émotionnel élevé et l’offre aux employés de programmes de formation destinés à développer leur intelligence émotionnelle ont été associées à des gains financiers.
Bien-Être
Aujourd’hui et plus encore demain, dans un monde qui connait un bouleversement permanent (accélération des rythmes, travail à distance, crise sanitaire, guerres, arrivée de l’intelligence artificielle …), nos compétences émotionnelles font la différence dans notre bien-être et nos performances. On parle de créativité, de capacité d’adaptation, de coopération, d’intelligence collective … D’ailleurs ce sont devenus des critères clés de recrutement.
Améliorer son IE
L’intelligence émotionnelle augmente avec l’âge et l’expérience. En bref, il s’agit d’une faculté que l’on peut améliorer et développer. Néanmoins il est difficile pour une personne d’améliorer un aspect quelconque de son intelligence émotionnelle sans un effort soutenu, de l’engagement et une volonté de le faire.
Controverses de l’intelligence émotionnelle
Malgré les nombreuses recherches dont elle a fait l’objet au cours des 2 dernières décennies, l’IE demeure un sujet controversé. En effet on continue à débattre de la légitimité du concept, de la supériorité d’un modèle par rapport à un autre, de la mesure de l’IE. Ainsi que de la capacité à « enseigner » l’intelligence émotionnelle.
IE et Personnalité
IE, uniquement une capacité ou un mixte avec la personnalité ? D’un point de vue scientifique, la capacité doit être à la base pour que l’IE soit considérée comme une intelligence. Au contraire, d’autres arguent que les traits de caractère et la personnalité doivent figurer dans un modèle d’IE. En fait les approches mixtes sont au cœur de la majorité des modèles d’IE populaires qui existent. A cet égard, notre personnalité pourrait être définie par nos préjugés, nos styles, expériences, valeurs, croyances, motivations. Du reste, il peut y avoir d’autres différences cliniques, culturelles et biologiques qui peuvent être prises en compte afin que nous puissions mieux nous comprendre. Et ainsi gérer toute contamination que ces différences pourraient apporter à notre pensée et à notre comportement.
Auto-évaluation
L’auto-évaluation, la multi-évaluation, le consensus et la notation experte ont leurs avantages et leurs défauts. Mais à bien considérer les choses, une approche qui mesure les relations interpersonnelles ne devrait-elle pas intégrer le feed-back des autres personnes (360°, …) ?
Contextuel
Est-ce que l’intelligence émotionnelle doit être générique et capable de s’adapter à tous les contextes ? Ou doit-elle être orientée vers des rôles sociétaux particuliers (leadership, aide sociale …) ?
Savoir et Savoir-Faire
Si une personne sait comment elle devrait se comporter dans une situation chargée émotionnellement, il n’est pas dit qu’elle sache au final l’appliquer. C’est la différence entre savoir et savoir-faire.
Nb d’items
Enfin est-ce qu’un questionnaire de 30 ou 50 items suffit à évaluer l’intelligence émotionnelle et une dizaine de traits de personnalité ?
En conclusion
Il a toujours existé des controverses en psychologie, et c’est ce qui fait avancer la science. Aussi les controverses de l’intelligence émotionnelle que nous avons cités ne doivent pas nous empêcher d’avancer.
Modèles mixtes
Si l’IE doit rester mesurable, et donc une capacité, pour prétendre être un type d’intelligence dans le monde scientifique, l’application dans le quotidien des gens et des entreprises ne peut se faire que positivement associé à la performance, à la réussite et au bien-être. Privilégiant alors les modèles mixtes (Bar-On ou Goleman).
Compétences émotionnelles
Mais si l’intelligence émotionnelle est une capacité, alors les compétences émotionnelles sont l’application dans le quotidien de cette capacité. En effet, c’est la différence entre le savoir et le savoir-faire.
Mixte avec la personnalité
Raison pour laquelle, nous préférons l’utilisation du concept de compétences émotionnelles, avec l’IE mixée à des traits de personnalité. Ainsi CE = IE + Personnalité
Un équilibre
Enfin, c’est l’équilibre entre les compétences qui importent plutôt qu’une compétence prise de façon isolée.
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Sources
Etude de la documentation sur l’intelligence émotionnelle et ses conséquences en milieu correctionnel. Y. Stys, S. L. Brown, Direction de la recherche, service correctionnel du Canada, Mars 2004
Bar-On, R. (2006) ‘The Bar-On model of emotional-social intelligence (ESI) 1.’ Psicothema, 18(Suplemento) pp. 13–25.
Furnham, A. (2009) ‘The importance and training of emotional intelligence at work.’ In Assessing Emotional Intelligence. Springer, pp. 137–155.
Gardner, H. E. (2000) Intelligence Reframed: Multiple Intelligences for the 21st Century. Hachette UK.
Goleman, D. P. (1995) ‘Emotional intelligence: Why it can matter more than IQ for character, health and lifelong achievement.’
Goleman, D. P. (1998) ‘Working with Emotional Intelligence and Emotional Intelligence.’
Mayer, J. D. and Salovey, P. (1997) ‘What is emotional intelligence.’ Emotional development and emotional intelligence: Educational implications, 3 p. 31.
Salovey, P. and Mayer, J. D. (1990) ‘Emotional Intelligence.’ Imagination, Cognition and Personality, 9(3) pp. 185–211.
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