Les impacts des schémas de Young sur la relation de couple – fred Lacroix IEL Janvier 2025
Sommaire
- De nombreux couples se séparent
- Qu’est-ce qu’un schéma ?
- Les 18 schémas dysfonctionnels de Young
- Incompatibilité des schémas dans le couple
- Schémas et violence conjugale
- Fréquence des schémas dans la population
- 70% des répondants présentent au moins un schéma
- Liens avec l’attachement et l’ennéagramme
- Discussion et limites
- Conclusion
- Bibliographie
- Les résultats plus en détail de notre étude
De nombreux couples se séparent : une influence des schémas de Young
Les relations de couple sont souvent mises à rude épreuve par des incompréhensions, des attentes non satisfaites et des comportements répétitifs nuisibles. Parmi les causes sous-jacentes, les schémas dysfonctionnels identifiés par Jeffrey Young jouent un rôle considérable. Ces schémas, qui prennent racine dans l’enfance, influencent nos relations adultes en nous poussant à reproduire inconsciemment des dynamiques négatives.
Qu’est-ce qu’un schéma ?
Un schéma est un ensemble de croyances fondamentales constituant notre perception de Soi-même, des Autres et du Monde (SAM). Ces croyances se forment à travers nos expériences de vie. Parfois, elles sont erronées ou mal interprétées et peuvent freiner notre développement personnel. Par exemple, nous pouvons croire que nous sommes incapables de nous débrouiller seuls. Cette croyance peut être induite par le fait que notre mère nous a surprotégés.
Un schéma précoce dysfonctionnel, formé durant l’enfance ou l’adolescence, devient un modèle persistant qui influence nos interactions. Ce schéma est dysfonctionnel, c’est-à -dire qu’il nous amène à mettre en place dans notre vie des situations qui ne nous correspondent pas, et ainsi nous pousse à vivre des relations difficiles avec d’autres personnes. Par exemple, une personne ayant un schéma d’abandon ressentira une angoisse intense si son partenaire prend ses distances, même sans raison objective.
Les 18 schémas dysfonctionnels de Young
Jeffrey Young identifie 18 schémas inadaptés, sous-jacents à divers troubles de la personnalité. Ils favorisent des comportements autodestructeurs et des relations conflictuelles. Toutefois, tous les schémas ne sont pas nécessairement nuisibles : leur impact varie selon la manière dont une personne les gère.
Ces schémas peuvent être alors généraux ou restreints, flexibles ou rigides, actifs ou latents ; de même, positifs ou négatifs, adaptés ou inadaptés, constitués au cours de l’enfance ou dans la vie ultérieure.
Incompatibilité des schémas dans le couple
Certains schémas sont incompatibles entre partenaires, ce qui peut engendrer des tensions. L’Institut en a identifié 9. Par exemple, le schéma de « Manque affectif » demande des preuves constantes d’amour, tandis que le « Surcontrôle émotionnel » empêche l’expression des sentiments.
Exemple : Marie a besoin d’attentions fréquentes pour combler son manque affectif, tandis que Marc, peu enclin à exprimer ses émotions, se sent oppressé par ses demandes. Ce décalage risque d’entraîner frustration et conflits.
Dans les relations, si les partenaires sont confrontés à des situations qui déclenchent leurs schémas, ils peuvent être incapables de répondre aux besoins de l’autre, faire preuve d’une sensibilité excessive et de distorsions cognitives (Young, Klosko et Weishaar, 2013). En conséquence, on peut constater que même de petits désaccords se transforment en un fossé et que les schémas provoquent des comportements insensibles, voire abusifs, envers les partenaires (Rafaeli et al., 2013).
Schémas et violence conjugale
Certains schémas sont liés à des comportements violents dans les couples (shanks E., 2013). Une étude internationale a révélé que 29 % des étudiants universitaires ont déclaré avoir exercé une forme de violence physique dans leur relation (Lundeberg, 2004). L’hostilité et les problèmes de communication sont directement associés à ces comportements (Busby, Holman & Walker, 2008).
Les thérapies basées sur les schémas ou le coaching de couple aident à identifier et à transformer ces dynamiques néfastes. Par exemple, un partenaire ayant un schéma d’abandon peut surinterpréter une distance temporaire comme un rejet, provoquant des tensions inutiles.À travers des exercices de communication et des interventions cognitivo-comportementales, les couples apprennent à reconnaître et à désamorcer ces schémas, favorisant une interaction plus saine et plus constructive.
Fréquence des schémas dans la population
En 2025, les études scientifiques sur les schémas de Young et les personnes présentant des problèmes psychologiques (troubles de la personnalité, problèmes chroniques…) sont nombreuses. Cependant, des recherches ont également exploré l’application des schémas de Young au sein des relations couples ou de la violence conjugale. (Kover L., 2017 ; D. dumitrescu, 2012, Eken E., 2017 ; Shanks E., 2013). Ces recherches suggèrent que les schémas de Young peuvent également être pertinents pour comprendre les dynamiques relationnelles au sein de la population générale et des couples, bien que la majorité des études se concentrent sur des populations cliniques.
Notre Institut (IEL) a mené une étude sur plus de 210 personnes sans trouble clinique déclaré. 75% était des femmes. L’âge moyen des participants était de 35 ans, s’étalant de 17 à 68 ans. L’objectif était d’identifier les schémas présents sans aucun contexte clinique déclaré. Ces personnes répondaient à questionnaire sur les freins amoureux sans être conscientes que le questionnaire était un questionnaire des schémas de Young (YSQ-S3, 18 schémas, likert 6, 90 items).
70% des répondants présentent au moins un schéma
Les résultats de l’étude sont frappants : plus de 70% des répondants présentent au moins un schéma de Young. Plus précisément :
- 28% ont 1 ou 2 schémas,
- 20% en présentent entre 3 et 5,
- 22% ont au moins 6 schémas.
- Certains schémas activent d’autres, compliquant davantage les relations.
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Notre analyse a identifié les schémas les plus fréquents :
- Exigence (30%) : attentes élevées rendant la relation difficile.
- Abandon (26%) : peur de la rupture, menant à des comportements anxieux ou possessifs.
- Isolement et privation affective (25,8%) : sentiment de solitude et de manque d’amour.
À l’inverse, les schémas de dépendance (4%), de fusion, de vulnérabilité et d’échec sont moins activés dans cette population.
Pour plus de détails, voir notre dernier chapitre.
Liens avec le type d’attachement et l’ennéagramme
Les schémas de Young peuvent être mis en relation avec les styles d’attachement identifiés en psychologie. Par exemple, un schéma d’abandon peut être corrélé avec un attachement anxieux, tandis qu’un schéma d’isolement peut s’apparenter à un attachement évitant. Ces dynamiques influencent directement les attentes et comportements au sein du couple.
L’ennéagramme, quant à lui, permet d’affiner cette compréhension en mettant en lumière les motivations profondes des individus. Certains types de l’ennéagramme sont plus enclins à développer des schémas spécifiques. Par exemple, les types 6 et 4 pourraient être plus sujets aux schémas d’abandon et de privation affective, tandis que les types 1 et 3 pourraient être davantage touchés par le schéma d’exigence.
Selon l’article du blog Aprisme, la théorie des schémas et l’ennéagramme partagent une approche similaire en identifiant des croyances (ou schéma) centrales propres à chaque individu. L’activation des schémas peut être reliée aux dynamiques d’intégration et de désintégration des types de l’ennéagramme, influençant ainsi la manière dont un individu réagit en situation de stress ou dans ses relations.
Discussion et limites
Ces résultats montrent que les schémas influencent fortement les relations amoureuses. Un schéma d’exigence élevé peut, par exemple, entraîner des attentes impossibles à satisfaire et générer des conflits. De même, un schéma d’abandon pousse souvent la personne à rechercher une sécurité affective excessive, ce qui peut créer un équilibre instable dans le couple.
La combinaison de plusieurs schémas chez une personne peut créer des interactions toxiques.
Cependant, notre étude doit être confirmée sur une plus grande échelle et avec un échantillon plus représentatif. De plus, notre méthodologie repose sur un questionnaire auto-administré, sans validation clinique approfondie ou évaluation du bien être ressenti dans le couple.
C’est pourquoi notre prochaine étude investiguera la corrélation directe entre le bien-être ressenti du couple et les différents schémas de Young.
Conclusion
L’étude met en évidence l’omniprésence des schémas dysfonctionnels dans les relations de couple et leur impact sur la dynamique amoureuse. Comprendre ses propres schémas et ceux de son partenaire est une clé essentielle pour désamorcer les conflits et bâtir une relation plus saine et épanouie.
L’intégration des concepts d’attachement et de l’ennéagramme permet une approche encore plus fine et personnalisée. Travailler sur ces schémas, via la thérapie cognitive et comportementale ou d’autres approches, permet de briser ces cycles négatifs et d’accéder à des relations plus harmonieuses.
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Bibliographie
- Busby, D. M., Holman, T. B., & Walker, E. (2008). Pathways to relationship aggression between adult partners. Family Relations, 57, 72-83.
- Daciana DUMITRESCU & Alina S. RUSU, Babes-Bolyai University, Cluj-Napoca, Romania. RELATIONSHIP BETWEEN EARLY MALADAPTIVE SCHEMAS, COUPLE SATISFACTION AND INDIVIDUAL MATE VALUE: AN EVOLUTIONARY PSYCHOLOGICAL APPROACH. Journal of Cognitive and Behavioral Psychotherapies, Vol. 12, No. 1, March 2012, 63-76.
- EKEN, E. (2017). The Role of Early Maladaptıve Schemas on Romantıc Relatıonshıps: A Revıew Study. PEOPLE: International Journal of Social Sciences, 3(3), 108-123.
- Fred Lacroix, 2021, L’ennéagramme moderne
- Jeffrey E. Young, Jant S. Klosko et Marjorie E. Weishaar, Ed 2017 deboeck, La thérapie des schémas
- Kover L, Szollosi GJ, Frecska E, Bugan A, Berecz R and Egerhazi A (2024) The association between early maladaptive schemas and romantic relationship satisfaction. Front. Psychol. 15:1460723. doi: 10.3389/fpsyg.2024.1460723
- Lundeberg, K., Stith, S. M., Penn, C. E., & Ward, D. B. (2004). A comparison of nonviolent, psychologically violent, and physically violent male college daters. Journal of Interpersonal Violence, 19, 1191-1200. doi: 10.1177/0886260504269096
- Rafaeli, E.,Bernstein, D. P., Young, J. (2013). Şema terapi- ayırıcı özellikler. (Vol. 2)(M. Şaşıoğlu, Trans.). İstanbul: Psikonet Press. (Original work date 2011.)
- Shanks, É., Boucher, S. & Fernet, M. (2013). Les domaines de schémas, la communication et l’utilisation de comportements violents chez les jeunes couples. Revue de psychoéducation, 42(2), 377–393.Â
- Young, J. E., Klosko, J. S., & Weishaar, K. E. (2013). Şema terapi. (Vol. 2) (T.V. Soylu, Trans.). İstanbul, Litera Press.
Les résultats plus en détail de notre étude
- Comme vu précédemment 70 % des répondants présentent au moins 1 schémas de Young > 70%.
- 27 % n’ont qu’un seul ou 2 schémas activés quand 22 % ont plus de 5 schémas en même temps.
- Pour rappel un schéma est une croyance sur SAM (Soi, les Autres, le Monde) qui excessive peut perturber la vie d’une personne voir même la polluer. On parlera alors de schéma dysfonctionnel. Ces schémas ont été créés pendant l’enfance pour expliquer SAM et gérer des situations de vie. Normalement atténué à l’âge adulte, ils peuvent pour certains toujours exister et causer des dégâts dans les relations.
- A contrario, on peut vivre heureux avec 1 ou 2 schémas dysfonctionnels. Leur présence n’est pas une preuve de mal être ou de problème. Mais ils peuvent expliquer des problèmes chez des personnes venant consulter
- Certaines personnes peuvent avoir jusqu’à 16 schémas actifs. Mais certains schémas activent d’autres schémas. Seuls 1 ou 3 sont primaires.
- Comme vu précédemment certains schémas sont plus proéminents chez les femmes (Fusion, assujettissement, négativité, méfiance, échec, vulnérabilité) que chez les hommes et vice versa. Reconnaissance, grandeur, pb de limites et isolement chez les hommes.
- Par contre avec l’âge (après 40 ans) certains schémas disparaissent (dépendance, fusion, pb de limites, honte), comme d’autres schémas résistent au temps (reconnaissance, exigences, grandeur ..).
Des schémas disparaissent avec le temps et la maturité
Il est intéressant de noter qu’avec l’âge, nos schémas « dysfonctionnels disparaissent » avec le temps.
En tout cas pour la plupart. C’est 100 % vrai pour la dépendance et la fusion. Cette dernière étant très féminine. Mais c’est aussi le cas pour les problèmes de limites ou de perte de contrôle, tout comme la honte, l’échec, l’assujettissement ou la négativité.
Cela reste vrai pour la méfiance, la culpabilité ou l’abandon mais dans une moindre mesure.
Inversement le besoin de reconnaissance, l’abnégation, les exigences trop élevées, le sentiment de grandeur, de déprivation affective ou d’isolement ne changent pas avec le temps. Ces schémas poursuivent certains d’entre nous toute leur vie.
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Connaissance de soi, ennéagramme, auto-sabotage… autant d’outils pour mieux se comprendre et mieux aimer.
- Guide Sauver son couple
- Guide anti-sabotage
- Tests de la relation amoureuse
- Quel est votre Love Profil ®
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