Le langage et la pensée
Livre de Noam Chomsky (1968-1972-2006)
Il s’agit de 7 conférences sur le langage et la pensée. Les 3 premières datent de 1967, les 3 suivantes de 1972 et la dernière de 2004. Il faut resituer dans le contexte de l’époque pour dimensionner les propos de Noam Chomsky qui étaient “révolutionnaires”.
A mi-chemin entre philosophie, psychologie cognitive et linguistique.
Dans les années 1950, les sciences du comportement ont dominé les questions du langage et de la pensée. on présupposait à l’époque que les mécanismes généraux d’apprentissage suffirait à expliquer ce que les organismes dont les humains savaient et faisaient. L’apprentissage étant un des axes principaux des approches comportementales. On considérait que, dans ce domaine, les interventions de la dotation génétique n’allaient pas au-delà.
La biolinguistique émergente a pour sa part adopté une posture bien différente (nous sommes en 1967!). Elle ne considère plus le comportement et ses produits comme objet d’étude, mais les systèmes cognitifs qui interviennent dans l’action et l’interprétation.

Vous avez dit Cartésien !
Depuis les années 1950, on assiste au renouveau de plusieurs questions traditionnelles (Platon, Socrate, Descartes, Kant…), malheureusement assorti d’une méconnaissance de la tradition.
On a peut-être apprécié de façon inadéquate les parallèles méthodologiques entre le postulat cartésien d’une substance dont l’essence était la pensée, et l’acceptation post-newtonienne d’un principe d’attrcation comme propriété innée des ultimes corpuscules de matière.
Newton était tout à fait d’accord avec le fait que la pesanteur était une qualité occulte de plus. Il tenta à maintes fois de trouver une explication mécaniste à l’origine de la pesanteur, mais sans succès.
Le langage
“L’aspect créateur de l’utilisation du langage” tourne autour de 3 observations importantes.
La première est que l’utilisation normale du langage est novatrice, en ce sens qu’une grande part de ce que nous disons est entièrement nouveau. Ce n’est pas la répétition de ce que nous avons déjà entendu auparavant. Le nombre de phrases de la langue maternelle qu’on comprendra immédiatement est astronomique.
Deuxièmement, l’utilisation du langage est illimité et libre de tout contrôle de stimuli décelables, qu’ils soient externes ou internes.
Enfin, la troisième propriété est sa cohérence et son “adéquation à la situation”. Elle est appropriée à des situations nouvelles, en changement perpétuel.
L’honnêteté nous oblige à admettre que nous sommes aujourd’hui tout aussi loin que l’était Descartes, il y a 3 siècles de comprendre ce qui permet à un homme de parler de façon novatrice. Mais aussi libre du contrôle de stimuli, ainsi qu’adéquate et cohérente.
Il est à noter que le latin était considéré comme une langue artificielle et dénaturée. C’est à dire réellement nuisible à l’exercice de la pensée claire et le discours du bon sens auxquels les cartésiens attachaient tant de prix.
Création
Une autre propriété du langage, est que la langue est “réinventée” chaque fois qu’elle est apprise.
Supposons que nous attribuons à l’esprit, comme propriété innée, la théorie générale du langage que nous avons appelée “grammaire universelle“. Cette théorie fournit l’ossature structurale de toute langue (langues étrangères) et une variété de conditions que doit remplir toute élaboration plus approfondie de la grammaire.
La maîtrise d’une langue permet de comprendre un nombre indéfini d’expressions nées de son expérience propre. Cette créativité inhérente à toute utilisation normale du langage est un facteur qui distingue fondamentalement le langage humain de n’importe quel système de communication animale connu.
Une personne qui connaît une langue a acquis la maîtrise d’un système de règles qui assigne un usage fini du son et du sens à une casse infinie de phrases possibles.
Interprétation
On présente à une personne un stimulus physique qu’elle interprète d’une certaine façon. Disons qu’elle construit un certain “percept” qui représente certaines conclusions qu’elles a tirées quant à la source de la stimulation.
Pour autant que nous puissions caractériser ce percept, nous pouvons procéder à des recherches sur le processus d’interprétation. En d’autres termes, nous pouvons procéder au développement d’un modèle de perception qui prenne les stimuli comme “input” et donne les percepts comme “output”.
Un modèle perceptuel qui relie le stimulus et le percept pourrait incorporer un certain système de croyances, certaines stratégies utilisées dans l’interprétation des stimuli, et d’autres facteurs, par exemple, l’organisation de la mémoire. Dans le cas du langage, le terme technique pour les systèmes de croyances sous-jacents (Beck) est “grammaire générative“. C’est un ensemble de règles qui génère une classe infinie de “percepts potentiels”.
Conclusion
En conclusion, la grammaire philosophique, tout comme la grammaire générative, se développa en opposition à la tradition descriptive qui interprétait la tâche du grammairien comme un simple enregistrement, une organisation des données de l’usage.
Pouffff ! honnêtement, je suis fier de ce résumé. Résumé d’un livre dont je pense avoir compris peut être 10%. Mais fier de cette compréhension qui augure de la naissance des sciences cognitives à l’époque. Après avoir passé 2 ans de lecture spécialisée, de résumés et d’articles. Donc à moins d’être un spécialiste, ou d’être très intelligent, passez votre chemin. Cela n’enlève rien à la qualité de Noam Chomsky. Impressionnant !